Point sur l& #39; #EcritureInclusive : que chaque personne puisse se faire son avis mais en connaissance de cause, pas se basant sur des intoxs
D& #39;abord la question de la féminisation ou l& #39;écriture inclusive n& #39;est pas un délire contemporain contre un "bon vieux français" éternel
Plutôt que de parler de féminisation on devrait parler de dé-masculinisation, contre une masculinisation de la langue (XVIIe-XIXe siècle)
Non, "autrice" n& #39;est pas une invention, c& #39;était un mot usité jusqu& #39;à que certains décident que la littérature est une affaire d& #39;hommes
Notre système actuel (le masculin qui l& #39;emporte sur le féminin, le mythe d& #39;un masculin neutre et universel) a mis du temps à s& #39;imposer
Il y a eu plusieurs étapes de masculinisation du français, étapes fondées sur des raisons non pas linguistiques mais politiques et sexistes
A l& #39;époque, ces décisions ont été très contestées, Sévigné trouvait que c& #39;était n& #39;importe quoi et se refusait d& #39;écrire ainsi
La fameuse règle "le masculin l& #39;emporte sur le féminin" (absurde et profondément sexiste) n& #39;a pas toujours existé
Elle a pendant longtemps été en concurrence avec la règle de la proximité, qui veut qu& #39;on accorde avec l& #39;élément le plus proche
Qu& #39;est-ce qui vous paraît le plus logique, "Jean et 50 000 filles sont partis" ou "Jean et 50 000 filles sont parties"?
Racine employait souvent la règle de la proximité. Est-ce à dire c& #39;était un féministe hystérique déconstructiviste de notre beau français?
Racine et l& #39; #EcritureInclusive règle de proximité: « Armez-vous d’un courage et d’une foi nouvelle » (Athalie) (et pas "nouveaux")
D& #39;autres exs : « Mais le fer, le bandeau, la flamme est toute prête » (Iphigénie) « Mon repos, mon bonheur semblait être affermi » (Phèdre)
Encore un exemple: « Surtout j’ai cru devoir aux larmes aux prières / consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières » (Athalie)
La règle de la proximité existe dans d& #39;autres langues romanes, comme le portugais ou l& #39;espagnol. Cela n& #39;a pas créé de "péril mortel".
L& #39;évolution historique peut être régressive : il y avait bien plus de mots féminisés, par exemple pour les métiers, à la Renaissance
Réponse à une autre intox:l& #39; #EcritureInclusive ne veut pas dire une multitude de . ou de tirets illisibles, qui s& #39;appliquent à tous les mots
L& #39;écriture inclusive désigne des choix divers, qu& #39;on peut adapter différemment suivant les situations, les publics, etc.
On peut juste faire attention à employer des mots ou des tournures épicènes ou qui ne marquent pas le genre:"élèves" "personnes", etc.
On peut facilement à l& #39;oral veiller à dire "à toutes et à tous" (plutôt que "à tous"), c& #39;est juste une habitude à prendre
On peut revendiquer de féminiser certains noms de métiers: professeure, autrice (ou auteure), députée, écrivaine, etc...
Pour les personnes qui trouvent ça "moche" : souvent c& #39;est une simple question d& #39;habitude. "Directrice" ne choque plus personne...
"étudiante" ne vous scandalise plus. Alors que quand certaines l& #39;ont revendiqué, le mot a fait scandale!
Enfin, on peut employer des tirets/points : par exemple "les étudiant.e.s" à l& #39;écrit, "les étudiants et les étudiantes" à l& #39;oral
Il y a beaucoup d& #39;intoxs à ce sujet (par exemple le faux texte du Corbeau et du Renard, réécrit -personne ne prétend réécrire les textes-..)
Cette proposition ne s& #39;appliquerait pas à tous les mots! On ne revient pas sur "la chaise" ou "le bureau", aux mots inanimés, abstraits...
Elle s& #39;appliquerait aux mots qui désignent des référents humains, par exemple "les étudiant.e.s" pour un groupe d& #39;étudiantes et étudiants
Si vous lisez certains articles qui appliquent cette proposition, vous verrez qu& #39;elle s& #39;applique à peu de cas et ne défigure pas le texte
Pour les personnes qui pensent que c& #39;est moche, illisible, c& #39;est votre droit mais sachez qu& #39;on a pensé ça à chaque évolution de la langue...
Par exemple, en phonétique, la prononciation "esthétique"du mot "roi" c& #39;était [rwé], c& #39;était la populace qui disait [rwa] (comme on le fait)
Sincèrement, ça vous donne envie de redire [rwé]?
Molière: "Lorsqu& #39;un homme vous vient embrasser avec joie; Il faut bien le payer de la même monnaie". Joie = [jwé]
N& #39;oublions pas que les évolutions linguistiques sont lentes. Ce qui semble impensable ne le sera sans doute pas pour les générations futures
Les masculinistes ont mis des siècles à imposer "le masculin l& #39;emporte sur le féminin", normal que l& #39; #EcritureInclusive prenne du temps!
Contre-intoxs: il ne s& #39;agit pas de réécrire les textes passés + il ne s& #39;agit pas de sanctionner, par ex à l& #39;école, les règles actuelles
Quand il y a une réforme ou une évolution, généralement il y a une (longue) période de tolérance où on accepte des variations.
Une objection intéressante: cette proposition viserait à sexualiser les personnes, à faire une différenciation nette hommes/femmes
et serait donc en contradiction avec des initiatives non genrées. C& #39;est vrai, je pense qu& #39;il serait intéressant d& #39;envisager un "vrai" neutre
Mais pas un faux neutre masculin, qui n& #39;est qu& #39;une arnaque pour dire que l& #39;homme représente l& #39;universel. La société évolue, la langue aussi.
Autre objection: il y a +important, on s& #39;en fout de ces histoires-là. Ce n& #39;est pas parce qu& #39;il y a plus important que ce n& #39;est pas important
J& #39;ai peine à croire qu& #39;on répète à des petites filles "le masculin l& #39;emporte sur le féminin"et qu& #39;elles limitent ça à une règle de grammaire
Rien ne nous empêche de réfléchir à ces propositions d& #39;écriture inclusive, tout en nous intéressant à autre chose,en menant d& #39;autres combats
Autre objection: c& #39;est un délire de bourge qui n& #39;intéresse pas les classes populaires et va juste leur compliquer la vie.
D& #39;abord, spontanément les enfants vont plutôt appliquer la règle de proximité et dire "la juge" (et accorder au féminin) que masculiniser
Normal c& #39;est plus logique :)
Les personnes qui s& #39;élèvent contre l& #39;écriture inclusive au nom des classes populaires ne veulent pas simplifier l& #39;orthographe
Pourtant l& #39;orthographe en français a été construite pour des raisons élitistes, pour qu& #39;elle ne soit pas accessible à toutes et à tous.
On a choisi les variantes les plus éloignées de l’écriture « des ignorants et des simples femmes », qui avaient très peu accès à l’éducation
Parmi les différentes variantes orthographiques, l& #39;Académie a toujours choisi la +difficile parce que +élitiste (pas la +logique)
Donc, il faudrait faire preuve de cohérence. On veut bien la complexité quand on veut être snob, pas quand il s& #39;agit des femmes...
Ce qui compte pour que les classes populaires maîtrisent la langue, c& #39;est un accès à l& #39;éducation et à la culture égal pour toutes et tous.
Ce n& #39;est pas une histoire de féminisation ou non de la langue.
Enfin, quand on voit la violence des réactions que le simple ajout d& #39;un "e" peut susciter, on se dit que, si, c& #39;est important d& #39;y réfléchir.
Une source rapide et quasi exhaustive, cet article du Monde (en 2012) par A. Chemin http://www.lemonde.fr/culture/article/2012/01/14/genre-le-desaccord_1629145_3246.html">https://www.lemonde.fr/culture/a...
L& #39;entretien de M. Candea pour @RevueBallast https://www.revue-ballast.fr/maria-candea-langage-politique/">https://www.revue-ballast.fr/maria-can... ; à peu près tout E. Viennot https://editions-ixe.fr/content/non-masculin-ne-lemporte-pas-feminin">https://editions-ixe.fr/content/n...
+ le très bon livre de M. Candea, Y. Chevalier, S. Duverger, A.-M. Houdebine sous la direction de E. Viennot https://editions-ixe.fr/content/lacademie-contre-langue-francaise">https://editions-ixe.fr/content/l...