J'ai interviewé le climatologue @MichaelEMann, qui a inspiré Leonardo DiCaprio dans le film #DontLookUp . Il explique pourquoi on sous-estime la crise climatique, le rôle des milliardaires, la sape opérée par l'industrie fossile, le nihilisme climatique https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/01/04/le-film-don-t-look-up-est-une-metaphore-puissante-de-la-crise-climatique-en-cours_6108090_3244.html

Pour le climatologue, le film est "un commentaire sociopolitique sérieux, qui se présente comme une comédie". Il traite de la manière dont les "preuves accablantes" d’une menace scientifique sont ignorées pour des raisons politiques et idéologiques.

"Il aborde la façon dont de puissants lobbys, motivés par le profit, bloquent l’action lorsqu’elle ne convient pas à leurs intérêts et promeuvent de prétendues fausses solutions dont ils peuvent personnellement tirer profit", affirme-t-il, citant les industriels des fossiles...

... mais aussi les milliardaires de la tech, comme Bill Gates, qui "font la promotion de solutions technologiques (CCS, nucléaire nouvelle génération, géo-ingénierie), dont ils profiteront individuellement, tout en minimisant le rôle des solutions existantes (renouvelables)".

Concernant les scientifiques, ils ont la "responsabilité" d'informer le public sur le changement climatique, pour ne pas laisser les lobbys le faire. Michael Mann défend l'usage de l'humour et la satire sans quoi "les gens résistent aux messages qu’ils ne veulent pas entendre".

"Le pessimisme est notre plus grand ennemi", avertit-il, appelant à souligner à la fois l’urgence et la capacité à agir. "La conviction qu’il est trop tard pour agir nous conduit potentiellement sur la même voie de l’inaction et du désengagement que le déni pur et simple."

Si l'on sous-estime la gravité de la crise climatique, c'est lié au lobbying "très fructueux" de l'industrie des énergies fossiles pour semer le doute, contester la science et convaincre que la solution réside dans le mode de vie individuel plutôt que dans un changement politique

Michael Mann revient aussi sur les événements climatiques extrêmes de 2021, qui sont "pires qu'une nouvelle normalité". "La science a été plutôt conservatrice, et nous avons probablement sous-estimé les effets du changement climatique, notamment sur la survenue de catastrophes."

Il aborde la COP26, mettant en garde les commentateurs qui l'ont qualifiée d'échec. "Le nihilisme climatique - la négation automatique de tout progrès - fait le jeu des inactivistes car il ne fait aucune distinction entre les politiques qui essaient d'agir et les autres"