Je pense, David, que tu fais erreur, et que tu surinterprètes l'ajout de questions souvent dites "sociétales" à un socle social, démocratique (donc institutionnel) et écologique existant.
Le changement est significatif, mais n'est pas un abandon des principes précédents. https://twitter.com/dav_cayla/status/1476951669430759425
La gauche est par nature institutionnelle, mais cherche souvent à détruire et/ou contourner les institutions existantes : Sécu, Soviets, coopératives, école publique et associations sont autant d'institutions qui réduisent le pouvoir de l'État, du capital ou de l'Église.
La gauche française, dans la 5ème République, se place contre les institutions. Mitterrand la qualifie de "coup d'État permanent" (mais la SFIO a soutenu la version initiale), le PCF a voté contre dès 1958. Les Verts prônent le passage à une 6ème République en 2012 avec Joly.
Il y a donc une convergence de la gauche pour se débarrasser au moins des points les plus emblématiques de la 5ème République : son président omnipotent, son parlement croupion, et son sénat si peu représentatif.
Au XXIème siècle, ça a bougé un peu. La FI (et le PG) sont ceux qui s'expriment le plus fort pour ce changement, en articulant la critique de l'existant, l'objectif institutionnel, et l'outil du changement (la Constituante).
Le parti socialiste (qui n'est plus de gauche) a cessé de critiquer la 5ème République, tout comme Mitterrand qui s'y est bien plu. Le PCF, sur ce sujet comme d'autres, est écartelé entre sa théorie (marxiste) et sa pratique (de recherche de postes) et ne s'engage sur rien.
EELV a hélas simplifié son message. Il ne reste guère que "l'Europe et les régions, c'est bien ; l'État français et jacobin, c'est mal". Pas de réflexion sur les départements, communes et interco, pas de prise en compte des syndicats de salariés ou patronaux.
Le résultat, c'est que la FI, avec sa stratégie d'à la fois critiquer l'existant et de tracer le chemin vers le désirable, est la seule force politique qui puisse allier la vieille gauche (qui veut de nouvelles institutions) et les plus révoltés (qui veulent virer les actuelles).
Quelque part, la meilleure preuve que la FI n'est pas anti-institutionnelle, c'est la volée de bois de vert qu'elle prend régulièrement de la part du NPA (pour qui les frontières doivent être abolies), ou des anarchistes (pour qui le pouvoir doit être aboli).
La position de la FI est le soutien à la vaccination et le refus de son obligation et surtout de son suivi quotidien via un passe (dont le rôle ne cesse de s'étendre). C'est la volonté de séparer le but sanitaire et la machine de répression.
Les mesures de santé publique, de lutte contre le tabagisme, l'alcoolisme, ou la dépendance à l'héroïne, ne fonctionnent que si elles sont séparées de l'appareil répressif. Les gens fumeraient en cachette plutôt que se faire suivre si le suivi empêchait d'avoir un boulot.
L'erreur du gouvernement sur le sujet a été de se croire massivement légitime en santé publique. Toutes ses annonces, surtout depuis la répression sanglante des gilets jaunes, créent une défiance atavique. Il ne l'a pas pris en compte, et a cristallisé un front du refus vaccinal.
Assumant cette incapacité structurelle à convaincre, le gouvernement aurait du laisser le corps médical (et pas quelques médecins bien en cour auprès des médias) porter les mesures de santé publique. À la place, il a pris la main à chaque étape, créant de nouvelles tensions.
Alors, oui, c'est la position du mouvement de la France Insoumise, de la totalité de ses parlementaires (c'est assez bref, il y en a entre 20 et 23). Mais pas forcément de tous ses militants, dont certains ont une réaction très/trop épidermique aux mesures macronistes.
En avril 2022, la pandémie ne sera pas finie. Le virus continuera à muter, et il faudra adapter les mesures de lutte. On continuera à porter à la fois la levée des brevets sur les vaccins, la vaccination, et l'adaptation des vaccins à la situation épidémique.
La levée des brevets sur les vaccins, comme le pôle public du médicament, c'est une mesure anticapitaliste d'importance mondiale pour la santé. Le virus évolue, ainsi que la connaissance sur son interaction avec les vaccins.
Ainsi, il faut rester à la fois humble (éviter le "si vous êtes vacciné, vous n'êtes plus concerné par le virus" de l'été 2021) et pédagogue : il faudra expliquer en quoi et pourquoi la stratégie vaccinale évolue. Trop affirmatif un jour, c'est alimenter le refus le lendemain.
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