Ah la bête noire, entre fantasmes et réalité, elle fait sacrément parler d’elle et déchaine les passions de tous bords… Je veux parler du sanglier bien sûr ! Nous allons aborder la biologie de cet animal d’une adaptabilité hors du commun. 1/19 #IlsSachentNousChassons

Sachez tout d’abord que Sus Scrofa est un suidé dit de l’Ancien Monde avec 36 chromosomes et non 38 comme son cousin sus scrofa domesticus. Il est présent sur tout le continent asiatique, du Japon jusque chez nous. 2/19

Le sanglier est un mammifère ongulé artiodactyle (marchent sur ses sabots et au nombre pair de doigts) suiforme, c’est-à-dire avec un estomac simple comme nous. Il mange de tout et ne rechigne devant rien. Le sanglier possède pleins d’appellations suivant son âge : 3/19

De 0 à 6 mois, nous l’appellerons marcassin, puis de 6 à 12 mois bête rousse. De 12 à 24 mois ce sera bête de compagnie. De 2 à 3 ans, ragot (mâle) et laie ragote (femelle). De 3 à 4 ans Tiers an (mâle) ou laie (femelle) puis de 4 à 5 ans quartanier ou laie. 4/19

A partir de 6 ans, vieux sanglier ou vieille laie puis à partir de 7 ans, grand vieux sanglier ou vieille laie. Le mâle est communément appelé Solitaire par son comportement et tient son nom du latin : Singularis porcus ou porc solitaire. 5/19

Les mâles possèdent des grès (canines supérieures) et des défenses (canines inférieures) appelées crochets chez les femelles. Les sangliers n’ont pas de poils mais des soies et sont dépourvus de glandes sudoripares d’où leur besoin permanant en eau pour se rafraichir. 6/19

Le sanglier vit partout où la nourriture et l’eau sont abondants et là où il peut se cacher le jour pour dormir (grandes forêts de feuillus, maquis, marais, garrigues) dans une bauge. Pour se rafraichir et se déparasiter, il va se souiller dans la boue. 7/19

Le sanglier est un animal grégaire. La compagnie (pas harde ni troupeau !) est dirigée par une laie meneuse et est stable. Elle comporte des laies suitées (avec marcassins) et des bêtes rousses. Les Solitaires sont parfois accompagnés d’un page ou mâle plus jeune. 8/19

Le rut a lieu de mi-novembre à janvier. C’est la laie meneuse qui déclenche les chaleurs des autres laies de la compagnie. Les œstrus durent 21 jours avec un pic en décembre. Les laies sont capables de se reproduire dès qu’elles pèsent 30-35kg soit à environ 8 mois. 9/19

Les Solitaires rejoignent alors les compagnies pour s’accoupler. Les combats entre mâles sont violents mais rarement mortels car ils ont une peau très épaisse au niveau des épaules appelée armure. La gestation des laies dure 3 mois, 3 semaines, 3 jours. 10/19

La laie mettra bas dans un chaudron (nid d’herbes et de branchages) entre 2 et 8 marcassins. Ils seront allaités pendant 3 à 4 mois. De 700g à la naissance, ils vont prendre 4 à 7 kg par mois ! Les marcassins sont en livrée rayée jusque vers 2 ou 3 mois puis virent au roux. 11/19

Les sangliers sont des omnivores opportunistes et se nourrissent à 90% de végétaux (dont de fruits forestiers) et pour 10% d’éléments d’origine animale. Ils n’hésitent pas à retourner les prairies (appelés boutis ou vermillis) pour se nourrir de vers et de racines. 12/19

En théorie, les années de bonne glandée, les sangliers iront moins dans les cultures pour se nourrir et à l’inverse, moins il y a à manger en forêt, plus le risque de destruction de cultures ou de prairies est grand. 13/19

Plus les sangliers ont à manger, plus vite les laies atteindront leur maturité sexuelle. Ensuite, avec le réchauffement climatique, les marcassins les plus faibles survivent. Avec un taux d’accroissement moyen de 100%, les populations sont difficiles à stabiliser. 14/19

Pour limiter les dégâts alimentaires, plusieurs solutions sont proposées en plus de la chasse qui est indispensable aujourd’hui pour tenter de maitriser les populations. Pour rappel, les lâchers de sangliers sont interdits et punissables de même que le nourrissage. 15/19

La pose de clôtures électriques autour des cultures, et l’agrainage dissuasif à certaines périodes de l’année en forêt pour éviter que les animaux n’aillent vers les cultures justement. Ces pratiques sont très encadrées et ne peuvent avoir lieu n’importe quand. 16/19

Chasseurs et agriculteurs doivent travailler ensemble pour définir au mieux les stratégies à adopter suivant le mode et le type de culture. Ce sont les chasseurs aujourd’hui les seuls « payeurs » pour les dégâts et ils n’ont aucun intérêt à développer cette espèce. 17/19

Concernant les prédateurs, le sanglier adulte ne craint pas grand monde et sait se défendre. Ni le loup, ni le lynx ni l'ours n’en viendraient à bout. Le loup est un prédateur opportuniste qui privilégie les proies les plus accessibles et non les plus abondantes. 18/19

Je vous remercie de m’avoir lue, n’hésitez pas à revenir vers moi si vous avez des questions ou des précisions à apporter. Merci à @Bear0433 pour les photos ont permis d’illustrer ce thread en complément des miennes. Sources : livre #BrevetGrandGibier encore et toujours... 19/19