THREAD : LE GENOCIDE ARMÉNIEN 🇦🇲
Le thread sera composé de plusieurs parties. Dans un premier temps nous verrons l’histoire du génocide, puis dans une deuxième partie nous verrons la cruauté des déportations. Enfin nous verrons l’après génocide. Bonne lecture 🙏🏼🤍
1) L’HISTOIRE DU GÉNOCIDE
A l'époque, le mot génocide n'existait pas. Il y a cent ans, en pleine première guerre mondiale, les Arméniens de l'Empire ottoman, l'actuelle Turquie, sont massacrés ou déportés par les autorités.
Ce génocide, le premier du XXème siècle, fait entre 1,2 et 1,5 million de morts, selon les estimations.
Au cours de cette période, d’autres communautés chrétiennes de la région seront également massacrer, comme les Assyro-chaldéens, les grecs, ou encore les Maronites (chrétiens du Liban).
Les massacres d'Arméniens, une minorité chrétienne dans un empire musulman, n'ont pas commencé en 1915.
"L'Arménien, comme les autres non-musulmans, est considéré comme un citoyen de second ordre, sur qui pèsent des interdictions légales et des obligations fiscales découlant de sa condition d'infidèle"
explique ainsi, en 1998, le rapport de l'Assemblée nationale française sur le génocide arménien.
Ces crimes sont perpétrés à la fois par les forces régulières, les gendarmes turcs, et par des unités créées pour l'occasion. C'est le cas, par exemple, de l'Organisation spéciale, dirigée par un médecin formé en France, Behaeddine Chakir.
"Les gens mouraient soit massacrés, soit d’épuisement, poursuit Philippe Videlier. Certains ont été vendus comme esclaves. Il y a eu des crimes sexuels, des massacres d'enfants et des adoptions forcées." Les persécutions ne cessent qu'en 1918, après un changement de régime.
On remarque que trois régimes (Abdul Hamid, les Jeunes-Turcs et Kemal Attaturk) ont, de 1894 à 1922, appliqué de différentes façons le même plan d’extermination des Arméniens avec son point culminant des années 1915-1917.
Au printemps 1894, les habitants de Sassoun et sa région (à l’ouest du lac de Van) s’insurgèrent contre les Kurdes  venus les rançonner pour la énième fois. Le sultan Abdul Hamid profita de cette occasion pour tester la réaction des puissances européennes.
ll envoya sur Sassoun une véritable armada. La 4e armée turque et la 26e division commandée par Zeki pacha, forte de 12 000 hommes, ainsi que 40 000 Kurdes armés jusqu’aux dents, qui se livrèrent à une véritable boucherie qui dura plusieurs semaines.
Les réactions des Européens, bien que parfois outragées, ne furent que verbales. C’est ce qu’attendait le sultan qui pouvait désormais mettre en application son plan d’extermination à grande échelle, à travers tout l’empire, dès l’année suivante.
La méthode était toujours et partout la même, vers midi, on sonne le clairon, c’est le signal des tueries. Préalablement préparés, des soldats, des Kurdes, des Tcherkesses, des Tchétchènes
et des bandes de tueurs spécialement recrutés massacrent la population arménienne, sans distinction d’âge et de sexe.
Dans les quartiers ou villages multinationaux, les maisons habitées par les Arméniens sont préalablement marquées à la craie par les indicateurs (troublante coïncidence, c’est la même méthode qui fut utilisée, lors des massacres des Arméniens d’Azerbaïdjan en 1988 et 1990).
Aucune région ne fut épargnée. Même la capitale, Constantinople, fut le théâtre de deux effroyables massacres. Ce fut l’erreur des Turcs, car il y avait à Constantinople des témoins oculaires occidentaux (ambassades, sociétés diverses, etc.).
Après une sérieuse menace d’intervention militaire des Occidentaux, suite à la boucherie de Constantinople d’août 1896, qui était consécutive à la prise en otage des dirigeants de la Banque ottomane par des fédaïs arméniens (du parti dachnak), le sultan arrêta enfin les massacres
Deux ans (1894-1896) de massacres sans précédent transformèrent donc l’Arménie occidentale tout entière en un vaste champ de ruines.
Le missionnaire allemand Johannes Lepsius mena une enquête minutieuse, au terme de laquelle il fit le bilan catastrophique suivant : 2 493 villages pillés et détruits, 568 églises et 77 couvents pillés et détruits, 646 villages convertis, 191 ecclésiastiques tués,
55 prêtres convertis, 328 églises transformées en mosquées, 546 000 personnes souffrant du dénuement le plus complet et de la famine... et il rajoute :
« Ces chiffres sont le résultat de mes recherches personnelles ; ils ne correspondent pas à la réalité des faits, réalité bien plus épouvantable encore ! ... »
Compte tenu de ces données, des 300 000 personnes tuées, des 50 000 orphelins et des 100 000 réfugiés en Transcaucasie, la population arménienne de l’Empire ottoman diminua de plus d’un demi-million d’âmes entre 1894 et 1896.
En 1908, les Jeunes Turcs arrivèrent au pouvoir, apportant avec eux des promesses d’égalité et de fraternité entre tous les peuples de l’empire. Beaucoup y ont cru.
Les dirigeants du parti dachnak en premier (ils avaient d’ailleurs contribué à leur arrivée au pouvoir). Il y eut même de grandes manifestations de fraternité arméno-turques dans la capitale et dans les provinces. PourtantLa métamorphose des Jeunes Turcs fut fulgurante.
Bientôt ils devinrent de farouches nationalistes panturquistes. Cela pourrait peut-être s’expliquer comme une conséquence de la perte des provinces balkaniques.
En effet, les Turcs, originaires d’Asie centrale, se retournèrent naturellement vers les pays et peuples frères situés en Asie centrale et en Azerbaïdjan (tous soumis au joug étranger, russe ou persan), d’où la tentation de créer un très vaste état turc du Bosphore à la Chine.
De surcroît, les Jeunes Turcs considéraient la race turque comme supérieure. L’Arménie et les Arméniens se trouvant au centre de ce projet, il était impératif, d’après cette logique raciste et barbare, de les éliminer.
Dès avril 1909 des massacres commencent en Cilicie, d’abord à Adana, puis dans le reste de la région. Les Jeunes Turcs se montrent les dignes héritiers du « sultan rouge ».
Il ne manquera rien à leur panoplie des cruautés. Il y aura au total 30 000 morts. Certains attribuèrent les massacres de Cilicie à l’ancien régime du sultan, revenu un court moment au pouvoir, mais les vrais responsables étaient bien les Jeunes Turcs.
En 1913, les trois dirigeants de l’Ittihat, Talaat, Enver et Djemal, établissent une dictature militaire.
A la veille de la guerre, les réformes en Arménie avaient paradoxalement bien avancé.
Malgré les réticences de l’Allemagne et de l’Autriche, les puissances européennes parvinrent à un règlement de compromis qui regroupait les sept provinces arméniennes sous la forme de deux grandes régions administratives autonomes
au nord : Sivas, Trébizonde, Erzeroum ; au sud : Van, Bitlis, Dyarbekir, Kharpout, le tout sous la surveillance d’inspecteurs généraux européens de pays neutres. Ainsi, l’Arménie, après tant d’années de souffrance, était parvenue au seuil de l’indépendance.
Malheureusement, tout autre était le sort qui lui était réservé par les dirigeants turcs, qui avaient déjà secrètement programmé la solution finale. La guerre allait procurer aux Jeunes Turcs les conditions idéales pour mettre en application leur plan diabolique.
Avant même que la guerre n’éclate en Europe, le gouvernement envoie des gendarmes dans les villes et les villages pour réquisitionner les armes. Cette réquisition est limitée aux Arméniens, ni les Turcs, ni les Kurdes, ni les Tcherkesses n’y sont astreints.
Elle est accompagnée de l’arsenal connu des plus cruelles tortures. Plus grave encore, dès août 1914, les inspecteurs généraux européens nouvellement nommés dans les régions arméniennes sont expulsés
sans que la guerre ne soit déclarée l’Empire turc procède déjà à la mobilisation générale et met sur pied la redoutable « Organisation spéciale », chargée de coordonner le programme d’extermination.
Le 29 octobre 1914, la Turquie s’allie à l’Allemagne et entre en guerre contre les Alliés. Le champ est désormais libre. Dès janvier 1915, on désarme les 250 000 soldats arméniens de l’armée ottomane pour les affecter dans des « bataillons de travail ».
à l’aube du 24 avril, qui deviendra la date commémorative du génocide, le coup d’envoi du génocide est donné par l’arrestation à Constantinople de 650 intellectuels et notables arméniens.
Dans les jours suivants, ils seront en tout 2 000, dans la capitale, à être arrêtés, déportés et assassinés.
Dans tout l’Empire ottoman, c’est le même scénario, on arrête puis on assassine partout les élites arméniennes. Le peuple arménien est décapité.
Les soldats arméniens affectés dans les « bataillons de travail » seront assassinés par petits groupes, le plus souvent après avoir creusé eux- mêmes les « tranchées » qui leurs serviront de fosses communes.
Le peuple arménien est non seulement décapité, mais il est dorénavant privé de ses défenseurs. Il ne reste plus aux dirigeants de l’Ittihat qu’à achever le génocide.
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