Pour mieux comprendre, il faut remonter Ă quelques semaines.
Nous sommes Ă Istanbul dans un rude hiver de lâannĂ©e 1932, en plein mois du ramadan (janvier-fĂ©vrier).
Nous sommes Ă Istanbul dans un rude hiver de lâannĂ©e 1932, en plein mois du ramadan (janvier-fĂ©vrier).
2e jour du ramadan. Hafız YaĆar est appelĂ© au Palais Dolmabahçe pour une rĂ©union ultra importante. En effet, le prĂ©sident de la RĂ©publique vient dâarriver dâAnkara pour sâinstaller au Palais Dolmabahçe et souhaite absolument le voir.
ArrivĂ© au Palais, le Gazi lui dit : « YaĆar Bey, il me faut absolument une liste des plus grands Hafız dâIstanbul ayant une belle voix. »
Hafız YaĆar prĂ©pare rapidement la liste et le prĂ©sente au Gazi...
Hafız YaĆar prĂ©pare rapidement la liste et le prĂ©sente au Gazi...
Le lendemain soir, des voitures privĂ©es viennent au Palais Dolmabahçe en apportant des hommes en costume de cĂŒbbe : ce sont les grands Hafız d& #39;Istanbul listĂ©s par YaĆar Bey.
Ils arrivent au repas du iftar et mangent avec le Gazi en personne. Ensuite, ils discutent pendant des heures et des heures sur la traduction du Coran. Le Gazi lui-mĂȘme corrige certaines erreurs de traduction : il souhaite que la traduction soit la meilleure.
Le Gazi explique ensuite aux Hafız comment il faut lire la traduction du Coran comme si câĂ©tait un discours devant le peuple. Il montre lui-mĂȘme lâexemple en lisant la traduction de la sourate Fatiha.
à la fin, le Gazi attribue aux Hoca la mosquée dans laquelle ils vont mener la priÚre. Mustafa Kemal leur donne comme mission de lire le Coran en arabe puis la traduction en turc aprÚs le teravih.
Le lendemain, tout le monde Ă Istanbul parlait du projet du Gazi. Curieux, le peuple sâest rendu en masse aux mosquĂ©es qui Ă©taient beaucoup plus remplis quâhabituellement. Le succĂšs a Ă©tĂ© immense.
Le Gazi ne se contente pas de ce succĂšs, il ordonne aux Hafız de rĂ©pĂ©ter cela jusquâĂ la fin du mois sacrĂ©, ce que les Hafız. Ainsi, tout au long du ramadan, les mosquĂ©es d& #39;Istanbul Ă©taient remplis par un peuple curieux.
Quant au Hafız YaĆar, AtatĂŒrk lui donne la plus importante mission: la lecture de la sourate Yasin et dâautres sourates en arabe puis en turc dans la mosquĂ©e Ayasofya la nuit du Destin le 3 FĂ©vrier 1932.
Les prĂ©parations se font Ă lâavance. La mosquĂ©e est nettoyĂ©e, les lampes renouvelĂ©es. De plus, AtatĂŒrk demande de placer des haut parleurs et un poste de radio pour que cette lecture puisse ĂȘtre entendue partout dans le monde.
Le jour J, la mosquĂ©e est remplie : 30 000 fidĂšles Ă dans la mosquĂ©e. La priĂšre du teravih terminĂ©e, le Hafiz se met Ă lire des ilahi avec de belles mĂ©lodies. Les fidĂšles Ă©taient comme enchantĂ©s lorsquâils Ă©coutaient.
Ensuite vient la lecture de la sourate Yasin avec un magnifique makam puis sa traduction en turc. Tout le monde est Ă©merveillĂ© par le sens profond (quâil dĂ©couvre) derriĂšre cette belle sourate.