J’ai enfin fini Querelle (fiction syndicale) de Kevin Lambert et bah j’ai quelques trucs à dire pour les intéressé.e.s:

La filiation avec Genet est évidemment saisissante, son théâtre, sa prose, sa poésie inonde le livre tout en même temps qu’ils rencontrent le français de la Belle-Province dans un mélange vraiment réjouissant

Il y a une vitalité magnifique dans cette littérature contre-populiste, dans un imaginaire précis de la lutte des classes, qui fait vivre les contradictions et antagonismes contemporains au plus près des espaces de vie quotidiens de la région des scieries

Dans l’intimité de personnages qui se débattent avec leur incapacité d’agir collectivement plutôt que dans un espace social, politique, culturel d’élites éloignées du commun.

L’ecueil de ce livre, c’est que l’auteur reste le captif amoureux de son personnage et n’est pas capable de nous donner des clefs pour comprendre par quelle espèce de magie le néolibéralisme s’arrêterait à la porte de sa chambre

Où il consomme frénétiquement des garçons par centaines, jusqu’à ce que sa mise à mort rituel au centre d’un terrain de baseball l’empêche de prendre peut être la tête de quelque chose de plus vaste que lui dans le conflit syndical

Au final il s’agit d’une littérature qui ouvre des portes mais sur les perspectives assez minces d’un jeu social aliénant, avec d’un côté un langage désarticulé, parodie de conflit social où les pauvres ne rêvent que de manger les riches et restaurer l’ordre ancien

Et de l’autre côté l’expression brute d’un désir qui se tient en marge et qui n’a d’autre objet que lui même

Lambert montre bien au final la difficulté à imaginer l’intersection entre une possible conscience de classe encore immature et un désir à la charge subversive explicitement assumée

Tous deux ne trouvent pas l’expression et la forme révolutionnaire nécessaire et sont dissous dans la logique totale néolibérale: le doute, le manque, la contrainte et la désintégration