Bon si on commençait cette matinée AVEC un café (enfin je dis ça pour vous, parce que moi je vais prendre un Starbucks latte macchiato caramel avec 3 sucres) ET un truc non troll sur ce que l'angle des journalistes sérieux sur l'épidémie de COVID nous dit sur la presse ?
Notez que le point interrogation est du pure forme parce que même si votre réponse est non, je vais vous donner mon opinion quand même.
Et pour être exact, ce n'est pas mon opinion en tant que telle, mais mon opinion après en avoir discuté avec des gens dont c'est le métier (d'avoir une opinion) -> j'ai nommé mes deux potes sociologues (si si, certains, rares certe, sont fréquentables...mais je m'égare).
Revenons donc à nos sociologues (très gentils après une bière ou deux) et leur centre d'intérêt : comment les journalistes sérieux ont abordé le problème de l'épidémie de COVID.
Ce qui est intéressant, c'est que rien ne les ayant préparé à un évènement de cette nature, aucun journaliste n'a pu faire appel à son expérience sur ce sujet, et tous ont dû se rabattre sur leurs "réflexes" (en quelques sorte).

Et du coup on peut distinguer trois groupes.
Le premier groupe, face à quelque chose de totalement nouveau et imprévu, s'est rabbatu sur le biais d'autorité -> on ne sait pas, on ne comprend pas, donc on va demander à ceux qui ont une autorité dans ce domaine.
Et quelle meilleure autorité, au début de la crise, que LE PROFESSEUR UNIVERSITAIRE CHERCHEUR NOBELISABLE directeur DU centre de référence.
Bref Raoult.

Et ce d'autant plus que le bonhomme parle bien, semble pédagogique et propose des solutions.
On peut critiquer a posteriori, mais la démarche n'est pas absurde. Elle l'est d'autant moins que ne pas pas aller interroger quelqu'un avec ce profil serait se défier du système universitaire français et reconnaître que l'autorité dans un domaine est distincte de la compétence.
Bref, alors qu'on est devant un mur d'incompréhension, il est difficile de rajouter de la défiance en doutant de sources bardées de tous les certificats, preuves, diplômes et garanties de sérieux.
Et bien évidemment, ces journalistes ont logiquement défendu pendant un temps Raoult contre les attaques venant de personnes universitaires ou non, au pedigree moins prestigieux. À la louche il leur a fallu environ 6 mois pour se rendre compte de l'imposture.
Là encore la critique est facile, mais quand vous êtes confronté à un domaine auquel vous ne connaissez rien, il n'est pas évident de commencer à l'aborder en doutant d'emblée dua système d'honneurs universitaire.

Un exemple de ce type de journalisme, a été @guillaum_durand
Deuxième groupe, deuxième approche, presque opposée à la première : les dubitatifs.

Phénomène inconnu, situation inconnue, discours des autorités simple (iste) mais très évolutif et parfois incohérent (utilité des masques, confinement, fermeture des classes etc...)
Les réflexe des journalistes de ce groupe a également été de faire appel à l'autorité, mais pas celle des personne concernée par le problème (médecins). Ils ont préféré faire appel à l'autorité de spécialistes en commentaires (philosophes, sociologue, historiens...)
L'idée étant que devant cet événement hors-normes, on pouvait prendre un temps de réflexion pour analyser le discours plutôt que les faits, la perception de la réalité plutôt que la réalité elle-même.
Un peu comme si lorsque quelqu'un hurle au feu, on prenait un temps pour savoir si celui qui hurle est fiable, s'il ne dit pas ça à cause de ses biais, si ce qui brûle est réellement inflammable et si le feu est bien une combustion plutôt qu'une construction sociale.
Là encore il est facile de critiquer, mais quand vous appelez le SAMU pour dire qu'une personne est morte à terre, on commence par vous demander qui vous êtes et ce que vous voyez.
Mais contrairement au premier groupe, les journalistes de ce deuxième groupe ont mis beaucoup plus de temps pour atterrir et se rendre compte que cette vision dubitative de la réalité était non seulement hors-sujet, mais parfois totalement déplacée.
Un exemple de ce type de journalisme est incarné par @guillaumeerner (et sa mythique émission où il a invité une philosophe pour discuter de l'efficacité des masques et du lavage des mains).
Le troisième groupe, s'est auto infligé de retourner à l'école. Face à quelque chose d'inconnu, hors-normes et mouvant, ils ont repris les bases, en essayant de comprendre pourquoi il semblait que les scientifiques étaient en désaccord, pourquoi Raoult était contesté etc...
Ces journalistes ont fait un job ingrat car invisible. Et on ne les a pas beaucoup entendu au début. Mais une fois qu'ils sont saisi toutes les dimensions du sujet, ils ont produit une information de très grande qualité.
Un exemple de ce type de journalisme a été incarné par Patrick Cohen.

Bon et maintenant qu'on a dit tout ça, à quoi ça sert ?
Et c'est là que ça devient rigolo ( sort of ) parce que je l'ai écrit au début, cette analyse est celle de deux potes sociologues.

Les sociologues ont pleins de défauts (en plus d'être sociologues ) mais ils ont une qualité qu'on ne peut leur enlever : ils posent des questions.
Et leur question est plutôt pas mal :

Est-ce que l'épidémie de COVID n'est pas la révélateur carricatural d'un monde où la réalité est faite d'événements dont la compréhension requiert des capacités d'analyses naïve (c'est compliqué comme phrase... au début j'ai rien compris)..
En français leur question est : Est-ce que l'expérience, est encore un avantage, ou est-elle un handicap, pour comprendre ce qui nous arrive.
Les journalistes du premier groupe se sont fait avoir parce qu'ils ont confondu autorité et reconnaissance scientifique avec compétence. Mais de la même manière qu'un vieux mécanicien auto ne comprends rien au fonctionnement d'un moteur Tesla, Raoult s'est avéré dépassé.
Les journalistes du deuxième groupe se sont fait avoir par leur arrogance : rien n'est jamais réellement nouveau, rien ne peut être réellement d'une gravité d'une telle ampleur sur une telle durée, et plutôt que de comprendre ce qui se passe...
..ils ont essayé de prouver (démarche militante) que l'expérience du passé devait nous faire relativiser les évènements actuels

Bref, un peu comme les universitaire du moyen-âge refusant l'expérimentation car toutes les réponses étaient déjà dans les livres des auteurs antiques
Le troisième groupe, a accepté de partir depuis... Zéro. De tout apprendre, lentement. Donc sans a priori et en essayant d'ignorer ses biais (pas facile en même temps).

Mais, et c'est là que les sociologues sont drôles (si), est-ce que finalement, c'est pas ça l'expérience.
Et comme ils ont du temps et du pognon (oui je sais, c'est pas le discours actuel) ils semblent bien décidés à bosser sur ce sujet avec peut-être des articles là-dessus.
A titre perso par contre, mon opinion est déjà faite (de l'avantage d'être neurologue "d'une rare arrogance" selon certains, alors que le terme "neurologue" se suffit à lui-même) ->
En médecine notre système universitaire n'est plus qu'un empilement d'échelons sur une grille d'avancement, totalement déconnecté de la compétance scientifique.

Ceci explique non seulement....
... l'existence de PUPH comme Raoult, Péronne, Montagnier etc. Mais aussi les postures éthiquement indéfendables de la conférence des doyens de medecine et de leur ancien président (et PUPH) Jean Sibilla
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