THREAD résumé de l’article « Hétérosexualité et féminisme » d’Emmanuèle de Lesseps + parallèle avec mon avis concernant les débats que ce genre de slogans ⬇️ insinuent.
DISCLAIMER : je fais ce thread parce que j’ai besoin de parler de ce sujet, ça me fait du bien. Mon intention n’est pas de blesser qui que ce soit mais d’exposer quelque chose qui est à mes yeux un souci puisqu’il fait du mal à beaucoup de monde (dont moi).
Si vous n’êtes pas d’accord avec ce que j’y dis, je n’ai aucun souci avec ça et je suis ouverte à la discussion dans le respect mutuel. Je n’ai aucun souci à me remettre en question et je ne pense pas détenir la vérité ni ne dire malencontreusement aucune connerie, je suis
humaine et je ne suis pas une spécialiste. Donc n’hésitez pas à venir me dire pourquoi vous n’êtes pas d’accord avec moi ou à me reprendre si je dis quelque chose de mal ! Si vous en savez plus que moi sur ces sujets, c’est avec plaisir que j’apprendrais ce que vous me direz ou
irez lire les ressources que vous me conseillez. En revanche, si vous venez m’agresser directement, que vous lancez directement une accusation à mon encontre sans l’expliquer concrètement, que vous me manquez de respect, etc., je ne vous répondrais pas.
Parce que je sais que toute discussion commencée de cette manière ne sera qu’escalade de haine, donc je n’en vois pas l’intérêt. Je ne me permettrais jamais d’avoir ce genre de comportement envers autrui, donc je pense que c’est le minimum que de demander la même chose en retour.
C’était un long disclaimer mais c’est un sujet très sensible, donc il était nécessaire afin que ma démarche ne soit pas mal interprétée et pour me protéger d’éventuels comportements nocifs.
Petite parenthèse d’abord à propos du slogan repris sur la pancarte de gauche. Je vous conseille d’aller lire ce thread pour en connaître l’origine mais, spoiler alert, il est attribué à une TERF (= transphobe). Rien que ça devrait suffire à éviter de l’utiliser une fois que l’on https://twitter.com/unikobro/status/1387774238560563206
sait ça. Je tiens de plus à préciser que le slogan repris sur la pancarte a déformé la phrase d’origine en anglais : "Feminism is a theory; but Lesbianism is a practice" qui dit donc que le lesbianisme est UNE pratique du féminisme, pas LA pratique du féminisme.
Vous en conviendrez, ça ne veut pas du tout dire la même chose. Mais bref, même si on traduisait correctement cette phrase cela ne changerait pas grand-chose parce qu’elle reste liée à une TERF donc il vaut mieux éviter de l’utiliser.
Dans ce thread, je vais aborder le sujet que posent ces deux pancartes par la question qu’elles posent : être féministe et hétéro ou bie ou pan etc., bref, être féministe et relationner avec des hommes, est-ce conciliable ?

Pour cela, je vais m’appuyer sur un article intitulé
« Hétérosexualité et féminisme » paru en 1980 dans la revue « Questions Féministes » par Emmanuèle de Lesseps.
Je vais mettre des captures d’extraits de l’article pour que ce thread soit à la fois un résumé de la pensée de cet article et de la mienne, car je vais y rajouter
mon avis et le mettre en lien avec les débats qui ont lieu sur Twitter depuis quelques mois.
Comme dit plus haut, l’article date de 1980, cette question ne date donc pas d’hier. J’en ai vu personnellement l’émergence il y a peu, mais ce n’est pas nouveau.
Rentrons donc dans le vif du sujet ! Emmanuèle de Lesseps commence par dire que la vraie question à se poser ne serait pas : « Peut-on être à la fois hétérosexuelle et féministe ? » mais : « Comment est-on à la fois hétérosexuelle et féministe ? Qu’est-ce qui se passe dans ce
vécu apparemment contradictoire et qu’est-ce que cela apprend sur la spécificité de l’oppression des femmes ? »

À noter que l’autrice définit “comme hétérosexuelle toute femme, même « bi-sexuelle », qui reconnaît chez elle le désir de rapports avec des hommes, affectifs,
sexuels, ou plus vagues - mais qui les reconnaît comme une part gratifiante de son vécu.” Je suis pas trop trop fan de la définition, je comprends cependant qu’il était plus simple de regrouper toutes les femmes relationnant avec des hommes sous un même terme. Mais
personnellement, je ne vais pas parler de femmes hétéros (sauf quand je la cite) et je vais préférer parler de femmes relationnant avec des hommes.
Elle parle ensuite des lesbiennes politiques qui posent cette première question mais de manière sous-jacente. Bon, aujourd’hui, il s’avère que certaines d’entre elles la posent clairement et explicitement, voire ne la posent même pas mais affirment que la réponse à cette question
est « non ». Mais à l’époque, il n’y avait apparemment pas de réponse tranchée dans un sens négatif car cela « éliminerait la majorité des femmes du mouvement féministe. » Mais même si le non n’était pas vraiment envisageable, le oui se heurtait à une « réticence » qu’à titre
personnel, je peux comprendre (même si ce n’est pas ma pensée), car comme l’autrice de l’article le dit, cela peut paraître contradictoire. La question me paraît donc intéressante à développer.
L’autrice dit ensuite qu’on voit, entre ces deux non-réponses, « l’instauration d'une sorte de hiérarchie politique entre lesbiennes et hétérosexuelles féministes », je vous laisse lire le screen parce que je ne peux pas mieux résumer qu’elle le développement de cette phrase.
Pour elle, le problème de tout cela réside dans le “non-dit” de ces affirmations de la part des lesbiennes politique, ce qui entraîne le fait qu’elles ne sont que très rarement argumentées. Cela entraîne également le fait qu’en tant que femme hétérosexuelle féministe, elle ne
savait pas vraiment “quoi dire” face à ce problème de hiérarchisation.
Mais si elle veut briser le silence, elle est alors obligée d’adopter une “position de défense”, comme si elle répondait à une accusation qui n’a jamais été explicitement formulée. Vous voyez le cercle
vicieux ? Comment justifier de se défendre d’une accusation qui n’est qu’implicite (problème auquel sont également confrontées les lesbiennes par ailleurs face aux personnes qui les excluent ou les minorisent implicitement) ?
Là, le parallèle avec Twitter est très intéressant je trouve. L’article parle des pensées qu’une femme relationnant avec des hommes, parlant en particulier des problèmes dans ses relations avec eux, peut attribuer à son interlocutrice si celle-ci est lesbienne : des paroles
dévalorisantes. Or, parfois aujourd’hui, il ne s’agit même plus d’imagination : certaines lesbiennes politique expriment ouvertement ces pensées culpabilisantes pour les femmes relationnant avec des hommes. Le problème de cette dévalorisation, d’une conception du
lesbianisme politique comme le “meilleur” choix, c’est qu’elle “inhibe la parole et donc l’analyse des problèmes en question” des relations hétéro.
[TW transphobie] Emmanuèle de Lesseps parle ensuite de “lesbiennes séparatistes” et présente les deux tendances fondamentales qu’on y distingue, “l'une s'appuyant sur une théorie biologique de l'oppression des femmes par les hommes, l'autre s'appuyant sur une théorie sociologique
des rapports entre les sexes ou omettant de se référer à un déterminisme biologique.” Je vous laisse voir les screens pour le développement de ces deux tendances, je précise cependant que la théorie biologique me paraît profondément transphobe (dites-moi si je me trompe mais je
ne pense pas, et c’est ce que l’autrice de l’article semble aussi sous-entendre).
Le “puritanisme” derrière cette vision des femmes relationnant avec des hommes et une façon d’analyser les rapports hétérosexuels similaire à “l’idéologie masculine de la sexualité féminine” :
L’autrice dit que notre but, en tant que féministes, doit effectivement être de “libérer le refus des femmes de l’obligation hétérosexuelle” mais qu’on ne peut “rendre synonymes désir hétérosexuel féminin et « désir de soumission », opposé à l'indépendance intrinsèque des
lesbiennes, sous prétexte que les objets de leur désir ne constituent pas un groupe oppresseur”. Libérer le refus, selon moi, ça ne veut pas dire choisir le refus. C’est laisser le choix de le choisir.
Elle parle ensuite de l’impossibilité de certaines femmes à en aimer d’autres, sans que ce ne soit dû à une quelconque culpabilisation, mais simplement à un manque de désir. Mais il y a aussi des femmes qui “libèrent” leur homosexualité “grâce à la déculpabilisation permise par
le mouvement féministe”. La question qu’elle pose est très intéressante je trouve : “peut-on parler de choix quand un désir se libère ?” Et ça c’est très personnel mais c’est ce que je pense aussi, je ne pense pas que toutes les femmes peuvent choisir de devenir lesbienne, mais
qu’il s’agit d’une libération de ce désir que ces femmes pouvaient avoir mais que toutes les femmes ne peuvent pas avoir, je pense sincèrement que certaines ne peuvent pas l’avoir.
Sur l’ambiguïté du terme de “choix” à propos des désirs : pour les femmes, il ne se situe pas seulement entre homosexualité et hétérosexualité, au sein de relations hétérosexuelles elles-mêmes il y a d’un côté le vécu d’un désir envers les hommes et de l’autre le vécu d’une
oppression par les hommes (“dans un rapport d'infériorité sociale avec tout homme - qu'il le veuille ou non, « féministe » ou non - qui bénéficie des privilèges économiques et sociaux de son groupe, tirés de l'oppression des femmes en général”). Si des femmes désirent des
hommes, ce n’est pas un "désir d’être opprimée”, c’est que l’oppression “est un concept qui ne rend compte que d’un plan de la réalité des rapports humains”. Un homme “ne peut être défini dans tout son être comme oppresseur, pas plus qu'une femme ne peut être définie entièrement
comme opprimée”. On ne peut donc pas parler de “désir d’être opprimée”.
Mais revenons à cette idée de “collaboration avec l’oppresseur” que suggèrent certaines lesbiennes politique de la part des femmes relationnant avec des hommes. Cette accusation semble plus logique pour l’autrice (au vu de ce que signifie le terme oppression) que celle du “désir
d’être opprimée”.
Elle parle ensuite du désir pour expliquer qu’un choix politique ne peut pas prôner la libération de tous les désirs, car aucun désir n’est universel et il y en aura forcément qui seront en contradiction avec d’autres. Pour elle, “d’un point de vue féministe, à
partir d'un choix politique”, elle veut “défendre le droit à l’hétérosexualité pour les femmes”. Là vous devez vous dire WTF, mais ATTENDEZ la suite de la phrase : “contre la liberté des hommes de faire de nous des objets, contre la « liberté » des femmes de
se satisfaire d'être objets.”
Je remets un peu dans le contexte mais l’article est paru en 1980, les débuts de la “libération sexuelle” ne sont pas loin. Donc, pour elle, “la libération des femmes, dans le domaine sexuel, ce n'est pas seulement la libération du désir homosexuel, c'est aussi la libération du
désir hétérosexuel.” Elle fait ainsi une distinction que je trouve cruciale entre le désir hétérosexuel, qui n’est ni un droit, ni encouragé, ni un devoir dicté par les hommes, et le fait d’avoir des rapports hétérosexuels.
Elle parle ensuite des pressions que les femmes subissent dès l’enfance, hétéronormativité, lesbophobie, objectivation. Elle veut donc lutter pour “la reconnaissance du désir des femmes”, qui n’est pas seulement lesbien. Ce dernier est nié et réprimé, mais leur désir hétérosexuel
l’est aussi. Tout simplement parce qu’on nie tout désir des femmes, qui sont imaginées passives dans les relations hétérosexuelles. Elles ne désirent pas, mais veulent être désirées, etc. On les renvoie à leur place “reconnue”, celle d’objet. Elle veut donc lutter pour un espace
dans les relations hétérosexuelles où les femmes pourraient se placer comme sujets, un espace “imaginaire”, qui “manque”, qui est “très étroit”.
Je passe le moment de l’article où elle parle de la psychanalyse et décortique le concept de phallus comme seul symbole du désir sexuel, le rattachant dans la société cis-centrée (je sais pas si c’est le bon terme que j’utilise mais je pense que vous voyez ce que je veux dire)
dans laquelle nous vivons, seulement aux hommes.
Réduire le désir envers des hommes des femmes à l’idéologie dominante, soit “la soumission aux désirs des hommes, à la seule identification à l’objet du désir”, c’est nier que les femmes ont un désir sexuel et qu’il peut entre autres aussi être un désir envers les hommes.
Je trouve cette phrase super importante : “La censure et la culpabilisation du désir hétérosexuel par certaines féministes ne peut se justifier par le fait de l'oppression masculine, car c'est cette même oppression qui censure et culpabilise le désir, aussi bien homosexuel
qu'hétérosexuel, des femmes”. Les femmes lesbiennes, comme les femmes relationnant avec des hommes, voient leurs désirs sexuels censurés et culpabilisés pas l’oppression masculine.
Selon elle, le choix politique à prôner dans le domaine sexuel c’est “l'action pour la prise de conscience des rapports d'oppression dans l'érotisme hétérosexuel dominant”, lutter contre l’objectification des femmes, etc. Mon interprétation : je trouve ça plus utile que de lancer
à toute femme se plaignant de ce qu’elle subit dans des relations hétéros de “devenir lesbienne”.
Là où certains et certaines veulent nous faire croire que les couples hétéros sont une “opportunité” de militantisme féministe (cc Quotidien mdr), Emmanuèle de Lesseps le formule beaucoup plus justement, et ça ne veut finalement plus du tout dire la même chose : la lutte contre
l’oppression des femmes doit aussi se situer au niveau des couples hétéros POUR CELLES QUE CELA “INTÉRESSE” (celles qui ont un désir envers les hommes et qui veulent jouir de ce désir, “y trouvent des gratifications”), pas seulement par la pratique du lesbianisme politique.
Pourquoi la trouve-t-elle nécessaire cette lutte qui se situe au niveau des couples hétéros ? Parce que l’hétérosexualité existe (de même que toutes les autres orientations qui font que l’on peut désirer des hommes) et qu’elle n’a aucune raison de disparaître à moins qu’il y ait
une volonté sociale de la supprimer, ce dont E. de Lesseps ne voit pas l’intérêt si l’oppression, elle, est supprimée dans ces rapports.
À la question que certaines lesbiennes politique semblent se poser : “comment peut-on désirer un homme, malgré le sexisme qu'il peut manifester à un degré ou un autre ?”, question je trouve par ailleurs compréhensible, elle répond que le désir sexuel n’a, de son expérience, pas
pour cause “la valorisation morale (donc politique) de l’objet du désir”, et cela est vrai pour les femmes relationnant avec des hommes, les hommes et aussi les lesbiennes.
La différence entre le plan des rapports individuels et la représentation sociale, normative, des rapports hétéros. Le décalage entre les deux est ce qui permet la naissance du féminisme.
On ne peut pas refuser les contradictions des vécus des femmes sous prétexte de “radicalisme féministe”, ce serait rendre incapable l’aide à l’ensemble des femmes, ce serait retourner notre prise de conscience féministe contre nos vécus qui l’ont justement permis. On ne peut pas
réduire les femmes relationnant avec des hommes à un seul côté de la contradiction, c’est-à-dire la “collaboration”.
De même, on ne peut réduire le désir des femmes envers les hommes à la “soumission à la norme hétérosexuelle”, car cela revient à dire que le lesbianisme est lui aussi un désir produit par la norme, en opposition :
THIS !!! “L'hétérosexualité est la forme spécifique dans laquelle s'inscrit l'oppression des femmes, mais non la forme spécifique de l'oppression des femmes. Car ce n'est pas l'hétérosexualité qui est un problème, c'est l'oppression.”
Sur l’intérêt des revendications des lesbiennes, qui sont bénéfiques pour toutes les femmes (dans le screen du tweet précédent) ⤴️
Sur la contradiction d’être une féministe relationnant avec des hommes, cette contradiction n’est pas incohérente. Elle rappelle que les lesbiennes politique qui ont pour certaines des désirs hétérosexuels et choisissent de les réprimer sont elles aussi dans la contradiction,
leur choix est pourtant légitime. Elle se pose la question du caractère politique de ce choix et évoque ce qu’on appelle aujourd’hui la “pureté militante”. Je trouve ses hypothèses intéressantes, mais je ne pense pas avoir quelque chose d’intéressant à dire là-dessus en + puisque
ce n’est pas mon vécu.
Elle parle ensuite du fait que si elle se pose ces questions, elle sait que c’est parce qu’elle cherche à légitimer ses propres contradictions en tant que femme hétéro face aux conflits entre femmes hétéros et lesbiennes au sein des mouvements féministes, conflits venant d’un
côté comme de l’autre.
Avant d’être publié, le texte a fait l’objet d’une discussion dans un groupe de féministes. Il y a eu des désaccords, mais aucune n’a dit qu’il “fallait” ou ne fallait pas être lesbienne ou relationner avec des hommes.
Et voici les deux paragraphes qui terminent cet article 💜
Ce que je retiens de ce thread et de cet article, c’est surtout que les contradictions de nos différents vécus, à toutes, relationnant avec des hommes ou lesbiennes, ne devraient pas être des motifs pr se pointer du doigt et décider de qui est plus ou moins féministe que l’autre.
Maintenant si je reviens sur les deux pancartes du tout début de ce thread : ce genre de phrases pourraient être drôles. Pourquoi elles ne le sont pas pour moi et pour d’autres ? Parce qu’il est difficile de dire si vous plaisantez ou pas, étant donné que certaines le pensent
sincèrement et viennent nous rabaisser dans nos luttes communes à base de “t’es pas une vraie féministe” parce qu’on relationne avec des hommes. Les phrases comme “deviens lesbienne”, je peux les comprendre dans la sphère privée, c’est-à-dire quand elle est dite à quelqu’un dont
vous êtes proche, qui vous connaît, et qui sait que vous ne dites pas ça pour la culpabiliser ou la rabaisser. Mais quand des personnes viennent tweeter ça à une inconnue qui raconte ses déboires amoureux avec les hommes, je ne peux pas croire que vous ne comprenez pas où est
le souci, même si vos intentions sont bonnes selon vous. Il y a des choses que l’on se permet de dire aux gens que l’on connaît mais pas aux inconnus, je pense que ce genre de phrases devrait en faire partie.
Voilà, c’est (a priori) la fin de ce thread, il était vraiment long donc je sais même pas si quelqu’un aura été assez intéressé pour le lire jusqu’au bout 💀
Je me rends compte que dans le thread on parle de lesbianisme politique mais y a aucune définition qui a été posée, donc pour celleux qui ne savent pas trop ce que ça signifie, je vous invite à aller lire ce thread 😁 https://twitter.com/camilledodet_/status/1388545995420704775
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