Thread : Comment reconnaître l’Eglise primitive ?

Comparons les pratiques actuelles de l’Eglise Orthodoxe et Catholique avec celles de l’Eglise primitive. Top 10 des différences montrant que c’est l’Eglise Orthodoxe qui est dans la parfaite continuité de cette Eglise primitive⬇️
1) L’Église Tripartite 

Les églises orthodoxes (selon le modèle byzantin) sont généralement à plan en croix grecque inscrite devant le narthex. Une cloison fait transition entre l’autel (où officient les prêtres) et la nef (où se tient l’assistance): on l’appelle iconostase.
Les églises occidentales (selon les modèles roman et gothique), prennent la forme d’une croix latine. Elles étaient aussi autrefois tripartites, avec un jubé (tribune) qui séparait le public, dans la nef, du clergé qui prenait place dans le chœur. Mais il a fini par disparaitre.
La réforme liturgique introduite par le concile de Trente (XVIe) provoque une évolution de l'architecture des églises. Le chœur devant désormais être visible par les fidèles, le jubé est condamné à être déplacé ou disparaître, mouvement que l'abbé Thiers a appelé ambonoclasme.
2) Le rite liturgique en général 

Les catholiques revendiquent une tradition plutôt récente. Dans une étude de la revue « Eastern Liturgies » On a comparé le manuscrit Barberini (790), à la liturgie grecque contemporaine en 1897 : très peu de changements en 1 100 ans.
3) Communion sous les deux espèces 

Les Latins, contrairement aux orthodoxes, ne sont ni en accord avec l'ordonnance de notre Seigneur, ni avec la tradition catholique, en donnant le sacrement de la Sainte Eucharistie uniquement sous forme de pain. Le Christ a lui-même dit :
Le concile de Constance (13ème session) affirme 2 choses que les orthodoxes maintiennent jusqu’à présent : 1) Jésus Christ a institué le sacrement de l’eucharistie sous les deux espèces du pain et du vin 2) il était reçu par les fidèles sous cette forme dans l’église primitive.
Au Ve, le pape Gélase Ier rappelle que l’on ne doit pas s’abstenir du vin et qu’on doit recevoir la Sainte-Cène entièrement. Le concile de Trente le contredit totalement en anathématisant ceux qui, comme lui, expriment la nécessité pour le salut de recevoir les deux espèces.
4)Pain levé vs Hostie

L’utilisation du pain levé est la pratique traditionnelle du sacrement de l’Eucharistie établi par le Seigneur Jésus Christ. Il faudrait tout un thread pour expliquer pourquoi les Orthodoxes utilisent du pain levé. Parfait résumé ici http://foi-orthodoxe.fr/pourquoi-les-orthodoxes-utilisent-ils-du-pain-leve-lors-de-leucharistie/
Le Concile In Trullo (VIIe) qui composa les canons du 5ème et 6ème Concile et fut accepté universellement (y compris par le pape Adrien Ier et le 7ème Concile), confirme et réaffirme la tradition de l’Eglise en condamnant l’usage des azymes comme une innovation judaïsante :
Témoignages latins : « Il ne fait aucun doute qu'à l'origine l'usage du pain levé était général dans l'Église occidentale. » Cardinal Bona.  « L'opinion selon laquelle en Occident, il a toujours été d'usage de n'utiliser que du pain sans levain, n'est plus tenable. » Fr. Jungman
L’Eglise Orthodoxe, en suivant les Saintes Ecritures, la Sainte Tradition des Pères et les Conciles, a donc toujours utilisé le pain levé pour célébrer l’Eucharistie et rendre le Christ présent parmi son peuple.
5) L'administration du baptême (triple immersion) et sa simultanéité avec la chrismation et communion

Le baptême a toujours été administré par une triple immersion comme en témoigne la Tradition : Didachè, canons des Saints Apôtres.. Il faudrait un thread entier pour les Pères.
Dans l’encyclique du patriarche œcuménique Anthime en 1895 en réponse à celle du Pape Léon XIII appelant à l’unité, on peut lire que « Le pape Pélage parle de la triple immersion comme d'un commandement du Seigneur. » et on souligne les innovations latines.
Nous avons d’autres témoignages latins en faveur de la triple immersion. « La triple immersion est la pratique commune pour le baptême. Aussi, en baptisant autrement, on pécherait gravement. » - Thomas d'Aquin, Somme Théologique, Partie III, Question LXVI, Article VIII.
Le Catéchisme du Concile de Trente, Chapitre 15 section I (CE QUE C’EST QUE LE BAPTÊME POUR LE NOM ET POUR LA CHOSE) montre aussi que la pratique normative de l’Eglise primitive était le baptême par (triple) immersion. L’encyclopédie Catholique fait le même constat.
La conclusion de Philippe Schaff : 1) La Triple immersion était la pratique générale de l’Eglise primitive (que seule l’Eglise Orthodoxe maintient) 2) La Triple effusion ou aspersion était autorisée et valide mais exceptionnelle 3) L’exception est devenue la norme catholique.
Ensuite, dans l’Église orthodoxe, le baptême est immédiatement suivi par la chrismation et la communion. Elle admet donc les enfants baptisés (même bébés) à la Communion - qui ne se limite à une dimension purement intellectuelle, nécessitant une "compréhension" par les enfants.
Le report dans le temps de la chrismation des enfants est une autre innovation. L’encyclique des patriarches orthodoxes de 1848 cite le fait de "ne pas oindre les enfants baptisés" comme l'une des nouveautés latines (Art, 5., XII.).
Le père Thomas Bartholemew Scannell (1854-1917), prêtre catholique romain anglais et auteur, écrit dans l'Encyclopédie catholique que la pratique occidentale a dévié par rapport à celle de l'Église primitive en ce qui concerne ce sacrement :
Pour finir prenons un exemple français : Clovis, dont le baptême marque pour beaucoup la naissance du catholicisme en France. Or son baptême n’a rien de catholique (dans sa forme actuelle) : baptême par triple immersion suivi de la chrismation (orthodoxe). http://www.jbnoe.fr/Le-bapteme-de-Clovis-selon
6) Excommunication des enfants

L'Église primitive donnait la communion aux jeunes enfants et aux bébés. Cependant, les Latins ont commencé à modifier cette pratique vers la fin du premier millénaire, refusant la communion à ces enfants, contredisant la déclaration du Christ :
Le pape Pie X a approuvé le 8 août 1910 le décret suivant, intitulé Quam Singulari, qui a été publié par la Sacrée Congrégation des Sacrements, au sujet de la première communion : (Le pape Benoît XIV écrit quelque chose de similaire dans son encyclique Allatae Sunt : )
Montrons maintenant l’enseignement des papes sur la communion des enfants. L'extrait suivant est tiré de Saint Augustin, qui cite une lettre du pape Innocent I, assimilant l'Eucharistie au baptême comme étant essentiel au salut des petits enfants
( https://www.bibliotheque-monastique.ch/bibliotheque/bibliotheque/saints/augustin/polemiques/pelage/pelage8.htm)
Le pape Gélase Ier (492 - 496) écrit dans son épître dogmatique aux évêques de Picenum (493), à propos de l'Eucharistie : "Personne n'a osé dire qu'un petit enfant peut atteindre la vie éternelle sans ce sacrement salutaire."
Dans la lettre du pape Saint Léon le Grand au clergé et au peuple de la ville de Constantinople ( http://orthodoxievco.net/ecrits/peres/florileg/textes/lettre04.htm), il est dit « cette vérité du Corps et du Sang de Jésus Christ, que les enfants eux-mêmes confessent à la communion. »
Les points de vue des papes Innocent, Gélase et Léon contrastent avec ceux du concile de Trente. Ce concile considère dans son canon 1734 que celui qui pense que la communion est nécessaire aux enfants est anathème. Tous ces papes ne tombent-ils pas sous l’anathème ici ?
Le Catéchisme de Trente dit la même chose et donne une impression erronée lorsqu'il affirme que la communion des enfants était la pratique ancienne dans "quelques Eglises" alors qu'elle était la pratique universelle dans toute l'Église pendant au moins 8 siècles (Cf encyclopédie)
Pourtant, Thomas d'Aquin écrit dans sa Somme Théologique que "l'Eucharistie ne doit pas être donnée aux enfants" (Q XXXII, Art IV). Il écrit à ce sujet dans le tomme 3, mais aussi dans son commentaire de Jean, et conseille de ne pas suivre les pratiques de l’Eglise primitive.
7) Le jeûne

Les Orthodoxes maintiennent la prescription du jeûne le Mercredi et Vendredi (Didachè), ils observent aussi les 4 périodes de carême (Pâques, Dormition, Noël, Apôtres). Les catholiques ont connu des relâchements successifs de la discipline (cf Can.1251)
8) Les instruments de musique

Les instruments ne doivent pas être utilisés durant la liturgie. Seul le chant doit être autorisé; l'utilisation d'instruments est une innovation tardive qui n'a pas été approuvée par l'Église primitive et qui a été rejetée par d'Aquin dans sa Somme
L'historien anglican Bingham écrit : "La musique dans les églises est aussi ancienne que les Apôtres, mais la musique instrumentale ne l'est pas". (Origines Ecclesiasticæ, Livre VII, Ch. VII, Sect. 14) Un constat que des auteurs catholiques tels que Cajetan et Navarre font aussi.
Dans son article sur le chant, l'encyclopédie catholique parle de l'histoire de la musique dans l'Église et fait le constat suivant : « Un élément ressort très clairement de cette période (premiers siècles), à savoir l'exclusion des instruments de musique du culte chrétien. »
« David chantait des chants comme nous chantons aujourd'hui des hymnes. Il avait une lyre avec des cordes sans vie; l'Eglise a une lyre avec des cordes vivantes. Nos langues sont les cordes de la lyre, qui a un ton différent, mais plus approprié pour la piété. » – Chrysostome.
9) Adoration à genoux

Il est d’usage dans l’Eglise Orthodoxe, qui se plie aux canons du concile de Nicée, réaffirmés dans le Concile In Trullo, de ne pas plier le genou le dimanche, c’est-à-dire de rester debout, en l’honneur de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus Christ.
Cependant, dans l’Eglise Catholique, l’usage des bancs s’est généralisé depuis le XVe. Une autre pratique qui rompt avec ces canons s’est aussi développée : celle de l’adoration à genou lors de la messe dominicale (pleinement intégrée à la liturgie à partir du XVIe).
10) Célibat sacerdotal obligatoire en occident et barbe

Le mariage du clergé est une pratique apostolique, reconnue par l'Église primitive. On sait que Saint Pierre était marié. « Et Jésus étant entré dans la maison de Pierre, vit sa belle-mère... » - Matthieu 8:14
Les hommes mariés devraient être autorisés à devenir prêtres. Rome a modifié cette tradition orthodoxe et apostolique et a interdit aux hommes mariés d'entrer dans le clergé, imposant le célibat obligatoire pour la prêtrise dans le rite latin.
Les directives de saint Paul : Il faut que l'évêque et les diacres soient maris d'une seule femme (1 Timothée 3:2,12) et que les anciens établis soient aussi "mari d'une seule femme" (Tite 1:6) montrent une permission apostolique pour un clergé marié.
Les réformes grégoriennes et les conciles changent complètement la donne en interdisant au clergé de se marier et s’ils sont mariés ils ont interdiction d’entrer dans l’église et d’officier (ceci est en totale contradiction avec ce qui se pratique chez les catholiques orientaux.)
Les canons apostoliques montrent que l'Église primitive avait des clercs mariés et les soutenait : Concile d’Ancyre (314) c.10, Concile de Gangres (355) c.4, Canons des Saints Apôtres (IVe) c.5, 40 et 76. Concile In Trullo (691-692) c.13. Les papes tombent sous bcp d'anathèmes.
Maintenant la barbe. Naturellement, le clergé orthodoxe porte la barbe, comme Jésus et les Apôtres. Mais les Latins ne suivent pas la tradition apostolique en exigeant que la barbe soit rasée pour la plupart de leur clergé dans le rite occidental (autorisé dans le rite oriental)
L'Excommunication prononcée contre les Grecs par le Cardinal Humbert le 15 juillet 1054 déclare : « En portant la barbe et les cheveux longs, vous [orthodoxes] rejetez le lien de fraternité avec le clergé romain, car ils se rasent et se coupent les cheveux. »
Herbert Thurston dans l'encyclopédie catholique dit : « Les apôtres, dans nos monuments les plus anciens, sont pour la plupart représentés barbus. » ou encore « Les églises orientales ont toujours porté leur barbe. »
Il faudrait tout un thread pour rendre compte du témoignage patristique. Néanmoins il y a des canons de conciles sur le sujet, comme le canon 96 du concile In Trullo. Saint Nicodème l’Hagiorite dit que l’excommunication concerne aussi ceux qui se rasent la barbe pour l’esthétique
Fin. Il est fascinant de remarquer à quel point l'Église Orthodoxe est restée en tout fidèle aux pratiques de l'Église Primitive dont elle est la continuité ☦

« L’abolition des petites choses transmises par la tradition conduit au mépris complet des dogmes » - Saint Photios
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