Le registre de "l'offense" est le dernier refuge des religions pour se protéger contre la critique rationnelle des croyances.

A bien des égards, il complète les divers autres stratagèmes de censure déployés par les religions au fil des siècles.

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1. Les croyances religieuses sont souvent qualifiées "d'irrationnelles" car elles ne prétendent :
- ni se fonder sur des preuves scientifiques ;
- ni résulter d'un raisonnement argumenté.

Néanmoins, elles reposent sur des énoncés qui peuvent être analysés et critiqués.
2. En raison de leur "irrationalité", les croyances religieuses souffrent d'une très grande fragilité intellectuelle.

En projetant la raison, la logique ou la science sur ces croyances, on peut rapidement les mettre en doute.

C'est ce qu'ont toujours fait certains penseurs.
3. La religion sait bien qu'elle ne peut pas se défendre contre ces critiques sur le terrain de la raison et de l'argumentation.

Elle perdrait systématiquement.

Par conséquent, la religion a toujours développé des mécanismes de défense coupant court à toute discussion.
4. Historiquement, le plus simple et le plus important de ces mécanismes a été la censure d'Etat.

La critique des religions officielles était purement interdite, sous peine de sanctions capitales.

S'y ajoutait la promesse de l'enfer éternel pour les blasphémateurs.
5. L'avènement des Lumières et de l'Etat de droit a progressivement mis fin à cette censure officielle dans beaucoup de pays.

La sacralisation de la liberté d'expression a permis une critique ascerbe des croyances religieuses.

La religion a décliné dans ces pays.
6. Le discours religieux a alors trouvé un refuge transitoire important : celui de la "sphère privée" et des "croyances personnelles".

En résumé, il a convaincu tout le monde que les croyances religieuses étaient l'affaire de chacun et n'avaient pas à être discutées.
7. Ce discours a correspondu à un certain retrait du religieux de la sphère publique.

Le pacte sous-jacent était : nous n'embêtons plus personne, donc vous n'avez plus de raison de venir questionner nos croyances.
8. Ce repli vers la sphère privée s'est accompagné d'une rhétorique de la "foi" tendant à valoriser l'irrationalité.

La croyance religieuse était supposément immunisée contre la critique rationnelle car la foi ne "relève pas du domaine de la raison".
9. Néanmoins, ce refuge rhétorique est devenu insuffisant à mesure que de nouvelles radicalités religieuses apparaissaient et que les croyances continuaient à s'immiscer dans la vie publique de ces pays.

La critique virulente des croyances est repartie de plus belle.
10. Face à cette offensive, les religieux ont dû inventer un nouveau mécanisme de défense.

A défaut de pouvoir mettre en place une censure légale, ils ont oeuvré à l'instauration d'une censure sociale.

Objectif : rendre socialement inacceptable la critique des religions.
11. Cette censure sociale joue sur "l'offense". Elle repose sur 2 piliers (infondés) :
- l'idée que la croyance religieuse est intimement personnelle et relève uniquement du privé ; et
- l'idée que cette croyance serait une identité dont on hérite et non idéologie qu'on choisit.
12. Le mécanisme est simple : toute critique virulente visant une croyance religieuse est présentée comme étant en fait dirigée contre les croyants eux-mêmes.

La remise en cause d'une idée est ainsi étouffée pour protéger la sensibilité de ceux qui y adhèrent.
13. Récemment, en occident, c'est principalement pour protéger l'islam contre toute critique que ce registre de l'offense a été mobilisé.

Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue qu'il s'inscrit dans une même obsession séculaire de toutes les religions : faire taire la critique.
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