🛑Nouveau Thread - Enquête 🛑
Voilà maintenant 6 mois que je sers en Brigade de Recherches. Un service d’investigations que je rêve d’intégrer depuis mon plus jeune âge. Traiter des gros contentieux judiciaires, être à la tête d’enquêtes d’envergures, mon rêve !
Enfin pour le moment c’est pas fou. Je prends à peine mes marques. Je m’adapte à un rythme que je ne connais pas. Il n’y a pas d’accueil du public, pas de sonnerie de téléphone incessante pour perturber ma concentration, pas de va-et-vient permanent dans mon bureau.
Le calme et la sérénité pour bosser : le luxe ! Mais surtout, j’ai beaucoup de mal à me faire à cette liberté que la brigade territoriale, dont je viens, est dépourvue. Il y a bien un chef oui. Le « patron » comme on l’appelle.
Un officier qu’on tutoie, qui me tutoie, qui commande la BR. Il commande mais dans la confiance absolue. Pas à surveiller faits et gestes. Pas à regarder par dessus l’épaule. Il sait que si nous sommes ici, c’est parce que nous sommes « de grands garçons ».
On a fait nos preuves et sauf exception, on est digne de confiance. Je suis pourtant le plus jeune et il va falloir m’y faire. Arrêter de rendre compte pour tout et rien, ne pas attendre des ordres quotidiens sur ce que je dois faire ou ne pas faire.
Décider ou non de sortir la nuit. On sort « utile », si besoin et dans un intérêt précis. Dans cette unité où nous sommes plus de 15, une des plus grosses de France, chacun est un peu son propre patron. Nous travaillons en civil, avec des voitures banalisées.
Il ne nous reste de la gendarmerie que notre « éducation ». Le grade n’a que peu d’importance. Ce qui compte, c’est celui qui a la direction de l’enquête. Le D.E. C’est lui le patron du dossier, qui dirige, qui mène la barque, oriente les investigations et qui est en contact
direct avec le magistrat : Proc, Juge d’Instruction ou plus rarement, Juge des Enfants. Mais depuis mon affectation l’été dernier, mes saisines n’ont pas eu la saveur espérée. Quelques cambriolages, de l’assistance technique aux OPJ de brigade, rien de transcendant !
Néanmoins, ça m’arrange un peu. Ça me laisse le temps d’observer, d’apprendre et de comprendre le fonctionnement de l’unité. Jusqu’à cette permanence d’avril avec Maxime. Deux OPj de brigade, Tom et Marco, ont ouvert une enquête préliminaire sur un trafic de stups local.
Mais les proportions que prend le dossier les dépasse. Non pas qu’ils ne soient pas compétents. Mais en brigade, le temps et la technique manquent. Alors avec Maxime, on va jeter un œil à la procédure. Les stups c’est ma passion d’autant qu’à ce que je lis,
on pourrait vite basculer dans la criminalité organisée internationale. De biens gros mots pour dire que les malfaisants pourraient importer de la cocaïne des Pays bas. Et ça, ça me plaît BEAUCOUP ! Il y a énormément de boulot mais je suis en BR pour ça.
On prends la D.E. à 2 avec Maxime. Ça arrive pour les dossiers importants et celui-là va le devenir. Tom et Marco ne sont pas écartés. On tient à ce qu’ils poursuivent avec nous. Ils ont fait un travail titanesque et de qualité. La hiérarchie consent à la création d’une
cellule d’enquête de 4 OPJ. Je vis ma meilleure vie. Nous voilà partis dans les investigations lourdes, des techniques spéciales d’enquête que je découvre et apprends sur le tas pour certaines. Évidemment, je n’en parlerais jamais ici. On travaille sur une équipe bien rodée.
Des convoyeurs qui nous donnent du fil à retordre. Ils importent bien de la cocaïne depuis les Pays-Bas mais dans des quantités que nous ignorons. Qu’importe! C’est déjà trop. N’en deplaise à @SirYesSir29, ouverture d’information. On travaille sur CR d’une juge d’instruction.
Le chef des convoyeurs s’appelle Rédouane. Il est connu pour être calibré, lourdement. Il ne plaisante avec personne. D’une intelligence qui m’impressionne, il maîtrise tout de A à Z. A un détail près : un de ses convoyeurs, Nono, est un amoureux transi.
Et l’amour, pour trafiquer en général et convoyer en particulier, il vaut mieux le mettre de côté. Parce que Nono est accroc à Lucie et que les Pays-Bas sont très très loins. Et les quelques 17 heures de routes qu’il faut à Nono pour transporter la cam depuis la Hollande lui
paraissent interminables. Alors contrairement aux ordres de Rédouane, dans le plus grand secret, Nono ne fait aucun voyage sans un téléphone spécialement dédié à sa douce. Il est sympa Nono. Il nous aide bien. Parce qu’en plus c’est une pipelette. Il raconte tout à Lucie.
Il l’informe de ses départs, lui détaille le trajet, lui décrit les paysages. Il fait un décompte horaire de son arrivée à la maison parce que Nono, quand il arrive de son long périple, il aime bien manger des pâtes et du poulet, quelle que soit l’heure. Il est sympa Nono.
Parce qu’évidemment, ça nous facilite la tâche. En plus, Rédouane fait l’erreur de lui laisser conduire la « porteuse ». La voiture qui transporte les stupéfiants. Donc en plus de détenir la marchandise, il est seul et a toute latitude pour appeler sa belle. Il est sympa Nono.
Pour son dernier voyage, il n’a pas omis son téléphone. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que nous sommes prêts et qu’on a mis le paquet. On l’attend au prochain péage. Enfin l’antenne GIGN l’attend. Il est pris en filature depuis des heures et l’helico ne le lâchera plus.
Il est minuit passé quand Rédouane franchit le péage à bord de la voiture ouvreuse. Maxime, Tom, Marco et moi avons la respiration coupé. Notre cœur s’arrête de battre un instant. « Pourvu qu’il ne s’aperçoive de rien ». Et il n’y voit que du feu.
Rédouane indique à Nono que le péage est propre et poursuit sa route. On soupire mais le plus tendu est devant nous. Nono ne traîne pas. En plus il a faim et les 30 kilomètres qui lui restent à faire son interminables. Il arrive enfin au péage.
Je donne mon premier vrai « top action ! » et le film débute sous nos yeux dissimulés. L’étau se resserre sur Nono en même temps que le vrombissement de l’hélicoptère se rapproche. Il n’a pas la moindre seconde pour réagir.
Il est extirpé de sa voiture par la fenêtre comme un escargot de sa coquille. L’expression « se pisser dessus» prend une tournure réelle. Rédouane est interpellé simultanément à une dizaine de km, sans incident, sans qu’il n’ait le temps d’effleurer le pontet de son pistolet 9mm.
Il nous faudra plusieurs heures pour désosser la voiture de Nono et découvrir la cache aménagée. Elle contenait 6kg de cocaïne, 2kg d’héroïne, 1kg d’ecstasy et du produit de coupe. Nous sommes parvenus à interpeller les 7 membres de ce réseau et à les présenter à la justice.
Ils sont restés muets. Tant pendant les 4 jours de garde à vue qu’en réponse aux questions posées par la juge d’instruction. Comme si leurs explications ne pouvaient les aider à s’extirper de cette spirale judiciaire dans laquelle ils s’étaient retrouvés.
Ils ne pouvaient rien contester. Tout était écrit, noir sur blanc, dans les centaines de pièces que comportaient le dossier. Au procès, le tribunal correctionnel les a condamnés à des peines allant de 3 à 7 ans de prison ferme.
Ce soir là, Lucie a préparé des pâtes et du poulet pour rien. Moi, j’ai su pourquoi mon métier était ma passion et que la Brigade de Recherches était faite pour moi.
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