Vivre avec le virus : la stratégie coréenne, un thread.
J'évoquerai principalement la période jusqu'à septembre 2020, sur laquelle on trouve de nombreuses ressources précises.
On entend souvent que les gouvernements ne peuvent pas tout contre le virus. Qu'il n'y a pas la même dynamique naturelle partout, que c'est le virus qui dicte la ligne. Que veut dire "vivre avec le virus" en Corée ?
Préambule : La Corée est un pays de 51.7 millions d'habitants avec une densité de population de 516 hab/km2. La moitié des Coréens vivent dans la mégalopole de Séoul. 80 % d’urbains.
Malgré une densité de population environ 5 fois supérieure à celle de la France, un peu plus de 1800 décès covid y ont été recensés depuis le début de l'épidémie, pour un total cumulé de 115 000 cas détectés. Pourquoi une telle différence ?
Sommaire : 1) Les phases de l'épidémie en Corée
2) Les principes de la réponse coréenne
3) Les tests
4) Le tracing
5) Le traitement des patients (tout ce qui n'est pas d'ordre médical)
6) L'éducation
7) Les structures à l'appui de la réponse coréenne
8) Les conséquences économiques
9) Conclusion
1) Phases de l'épidémie en Corée

1-A) 20 janvier-17 février : les premiers cas sont importés (17) avec leurs contacts proches (13). Environ 1 cas confirmé par jour, 30 cas trouvés
1-B) 18 février- 5 mai : Gros cluster en raison d’un rassemblement religieux dans la région de Daegu. 58.7% des cas liés à une église, 82% des cas chez des habitants de la région. 10 774 cas. 10.1% des cas (1085) étaient des cas importés.
1-C) 6 mai – 13 août : beaucoup de petits clusters dans des groupes, de multiples épicentres (boîtes de nuit, centres logistiques, vente porte à porte, églises…) dans la région métropolitaine de Séoul, ensuite dans d’autres régions. Nombre moyen de cas/jour : 41.
1-C) Remarque : dans cette période, la proportion de cas importés a augmenté.

1-D) 14 août-septembre : infections au niveau communautaires, venant de plusieurs foyers dans la région métropolitaine de Séoul, et s’étant répandue dans tout le pays
1-D) Sources : églises, centres d’appel, hôpitaux, centres de repos, écoles... Le nombre de nouveau cas moyen/jour est de 214 au 22 septembre avec un pic à 441 le 27 août. Des mesures de freinage fortes ont été prises dans tout le pays et + particulièrement ds la région de Séoul.
1-E) De septembre à aujourd'hui, il y a eu des vagues plus importantes, et le gouvernement et le public ont pu être critiqués. https://www.reuters.com/article/health-coronavirus-southkorea-idUSKBN28O09O
Cependant, avec 1000 cas en moyenne au plus haut, rien de comparable à ce que l'on connaît en Europe.
Nous allons le voir, la Corée était préparée à affronter ce genre d'épidémie. Quels sont les principes de sa réponse ?
2) Principes de la réponse coréenne
A) Ouverture : frontières ouvertes, pas de confinement général mais des restrictions
B) Transparence : communication rapide et claire sur la stratégie et les décisions pour l'adhésion civique
C) Innovation : flexibilité, nouvelles technologies
Ce qui est frappant est que la réponse du gouvernement coréen est articulée autour d'agences nombreuses mais dont les interactions sont définies par un cadre précis. Le gouvernement national etles autorités locales collaborent étroitement.
Voyons donc comment cela fonctionne.
3) Les tests (A)
Les tests font partie de la stratégie de dépistage du gouvernement coréen.
Développés très rapidement.
Février : capacité de 3-4000 tests/jour. Montée à 20/25k tests/jour lors de l'épisode de Daegu (cluster boîte de nuit : 35k/jour. Sept : 90k tests/jour.
3) Les tests (B)
96 labos, partenariats public/privé
Résultats en 5-6h
RT PCR 98% fiable, utilisé très rapidement
Résultats remontés dans l'EISS : Epidemic Investigation Support System
1 manuel de préparation contre une "maladie X" était prêt et diffusé dans 16 centres mun./rég
3) Les tests (C)
Comparaison : Corée : alerte au 1er cas avéré le 20 janvier, dépistage massif opérationnel le 7 février. USA, 1er cas le 4 février, le 4 mars pas de dépistage massif opérationnel.
Objectif : trouver les patients au début de l'infection, quand très contagieux.
4) Les tests (D)
Ce succès vient d'une collaboration public-privé et d'une procédure d'autorisation d'urgence de mise sur le marché afin d'être réactif en cas d'épidémie d'infection respiratoire.
Des dispositifs ingénieux ont été déployés : des cabines et des drive-through.
4) Les tests (E)
Comme une image vaut mille explications...
4) Les tests (F)
Le déploiement des tests est étroitement lié à la politique de dépistage et de traçage.
Voyons comment s'organise le tracing en Corée, et en quoi la stratégie de dépistage s'appuie sur un isolement obligatoire efficace pour remonter les chaînes de contamination.
5) Le tracing (A)
Le tracing coréen s'appuie lourdement sur l'utilisation des données personnelles et des nouvelles technologies, dans un cadre strict et limité fixé par une loi, un amendement à l'"Infectious Disease Control And Prevention Act".
5) Le tracing (B)
Les trois technologies employées sont les suivantes :
- L'Epidemiological Investigation Support System (EISS)
- Le Ki-Pass
- La Self-Check Mobile App.
Je vais revenir sur chacun de ces systèmes.
5) Le tracing (C)
- L'Epidemiological Investigation Support System (EISS)
Un système qui fonctionne grâce à la collaboration de plusieurs ministères, de l'agence nationale de la police coréenne et des compagnies de télécommunications.
5) Le tracing (D)
Ce système informatisé permet de mener des enquêtes épidémiologiques poussées.
Enquête épidémiologique : enquête menée pour identifier l’importance et la source d’une infection pendant un épisode pour prévenir le développement d’une maladie.
5) Le tracing (E)
Quand commencer l'enquête épidémiologique ? Il faut distinguer une phase endémique et une phase épidémique. Endémique : développement local d’une maladie. Epidémique : développement de la maladie partout.
Hors...
5) Le tracing (F)
La méthode :
A)La maladie est-elle une épidémie ?
B)Principe TPP : Time/Place/People , Quand/Où/Qui ?
C)Hypothèse sur le développement de l’épidémie
D)Etude analytique de l’hypothèse
E)Evaluation des risques de l’infection et communication
5) Le tracing (G)
La particularité de la réponse coréenne est l'usage de données spécifiques : cartes bancaires, dernières consultations médicales, données GPS, caméras de sécurité. Des fonctionnaires de santé sont mis à contribution, mais aussi des fonctionnaires de police.
5) Le tracing (H)
Ce tracing permet de retrouver les cas confirmés s'ils ne sont pas joignables, mais aussi de remonter les chaînes de contamination efficacement.
A Séoul, utilisation de workstations, de logiciels d'analyse Big Data.
Logiciels : IBM i-2 / GPS : ArcGIS Pro
5) Le tracing (H) : annexes
Sur le rôle de la police, voir ce webinaire proposé en plusieurs langues : https://www.mofa.go.kr/eng/brd/m_22741/list.do?page=2&srchFr=&srchTo=&srchWord=&srchTp=&multi_itm_seq=0&itm_seq_1=0&itm_seq_2=0&company_cd=&company_nm=
5) Le tracing (I) : le Ki-Pass
Deuxième technologie employée, le Ki-Pass est un QR Code déployé à l'entrée d'établissements à haut risque d'infection. D'abord sur la base du volontariat, il peut être rendu obligatoire en fonction de l'évolution de l'épidémie.
5) Le tracing (I) : le Ki-Pass (suite)
Le succès du Ki-Pass réside dans une communication claire et répétée sur les bonnes et les mauvaises pratiques.
5) Le tracing (J) : la Self-Check Mobile App
Deux versions : 1) pour les personnes en quarantaine, 2) pour les fonctionnaires qui suivent la quarantaine.
Deux fonctions : faire soi-même le suivi de sa santé et partager la localisation GPS. Donne aussi des infos sur les règles.
5) Le tracing (K) : l'isolement obligatoire
La différence fondamentale avec les démocraties européennes : l'isolement obligatoire suivi et contrôlé. Qui concerne-t-il, comment est-il organisé ?
5) Le tracing (K) : l'isolement obligatoire
L'isolement obligatoire concerne les personnes venant de l'étranger (hors exceptions), les cas identifiés et les cas contacts à risque.
5) Le tracing (K) : l'isolement obligatoire
Des résidences sont réquisitionnés pour accueillir les personnes en isolement, qui ont le choix de leur lieu de quarantaine pour 14 jours. Pour les voyageurs, l'accueil (logé nourri blanchi) coûte 1200 dollars.
5) Le tracing (K) : l'isolement obligatoire
Lorsqu’une personne doit s’auto-isoler, une notice lui est remise et un fonctionnaire est assigné par personne pour l’appeler 2 fois par jour et surveiller l’apparition de symptômes comme de la fièvre ou des difficultés respiratoires.
5) Le tracing (K) : l'isolement obligatoire
Quelles sont les conditions d'isolement ? Il faut rester seul dans une chambre spécifique. Quelques exceptions sont définies pour des raisons impérieuses. Un suivi psy est proposé ainsi qu'une offre de divertissements gratuits.
5) Le tracing (K) : l'isolement obligatoire
Les personnes isolées doivent vérifier leur température matin et soir et faire un update de leur condition de santé chaque jour. Grâce à l'application, suivi GPS pour prévenir les sorties. Contrôles aléatoires sur site.
5) Le tracing (K) : l'isolement obligatoire
En cas de violation de l'isolement obligatoire, des peines très strictes sont prévues par la loi. Si sortie de la zone d'isolement, une notification est envoyée automatiquement pour préciser qu’il peut y avoir une amende.
5) Le tracing (K) : l'isolement obligatoire
Si refus de retourner en quarantine, des poursuites pour crime peuvent être retenues et il peut être fait usage de la force pour placer la personne en question dans une zone de résidence temporaire.
5) Le tracing (K) : l'isolement obligatoire
Système 1 strike = 1 out : application immédiate de la sanction pour que le suivi de la quarantaine soit efficace. Les amendes/peines encourues sont importantes.
5) Le tracing (K) : l'isolement obligatoire
Récemment, une mesure de bracelet électronique a été mise en place en cas de violation quarantaine. Si refus du bracelet, centre résidentiel d’isolement. Idem pour ceux qui refusent d’installer l’application ou qui n’ont pas de portable
5) Le tracing (K) : l'isolement obligatoire
Une fois encore, la gestion de l'isolement obligatoire donne lieu à une synergie entre l'état et les autorités locales pour assurer un suivi 24/24, 7/7.
5) Le tracing (K) : l'isolement obligatoire
Précision : pour les personnes isolées, une rémunération est prévue en cas de perte d'activité, ou une mise en congé payé etc. Cet isolement a un coût pour l'Etat, certainement incomparable avec celui du chômage partiel chez nous.
5) Le tracing (K) : l'isolement obligatoire
Autre précision : les fonctionnaires chargés du suivi de la quarantaine sont constamment formés. Il y a un travail d'approvisionnement en nourriture et en médicament des personnes isolées, et d'information du public.
5) Le tracing (L) : complément
En appendice, le témoignage de Lonni Besancon, qui a été en isolement en Australie dans des conditions similaires à l'isolement coréen. https://twitter.com/lonnibesancon/status/1379998868218077184
La Corée a donc un éventail de mesures de contrôle qui permet de suivre très précisément l'évolution de l'épidémie et de la contrôler. Lorsqu'une personne est infectée, comment est-elle suivie et traitée ?
6) Traiter les malades
Cette partie sera plus courtes car les questions de traitement sont très spécifiques et je ne prétends pas avoir de compétences particulières dans ce domaine. Je mettrai en avant quelques points organisationnels.
6-A) Structures

Plutôt que de décrire l'organisation des structures hospitalières, je laisse le schéma qui résume bien les choses
6-B) Mesures de prévention

Des mesures de prévention extrêmement strictes ont été prises pour empêcher les clusters hospitaliers. Tous les soignants en contact de patients atteints de maladie respiratoire devaient porter un équipement de protection complet...
6-B) Mesures de prévention

... et s'il s'avérait qu'ils étaient en contact avec un patient positif, il y a une vérification à l'aide des caméras de sécurité que les tenues étaient bien portées, et la nécessité de faire un rapport régulier sur son état de santé sinon.
6-B) Mesures de prévention

Rappelons simplement qu'en France, on demande dans certains cas (s'il y a une menace de rupture de l'offre de soin) que des soignants viennent travailler s'ils sont asymptomatiques.
6-B) Mesures de prévention

Par ailleurs, les ambulanciers, les pompiers appelés à transporter des malades ou les policiers qui doivent transporter des cas positifs doivent porter l'équipement de protection complet
6-C) Création d'un "National Committee for Clinical Management of Emerging Infectious Diseases" pour des données à jour sur les traitements, en collaboration avec les National Medical Centers.
7) L'Education

La question des écoles s'est posée comme partout dans le monde. Comment la Corée s'est-elle préparée à l'impact des mesures de distanciation sociale sur les écoles ?
7-A) Une réflexion dès janvier

Fin février, les élèves bénéficiaient d'une semaine de vacances. La reprise des cours a été repoussé le temps d'introduire des mesures. Le 9 avril, reprise en distanciel pour la primaire et le secondaire
7-B) Une préparation des professeurs

Pendant la fermeture de mars, un système d'expérimentation avec 495 classes pilotes, un groupe de 181 profs volontaires et un site d'échange pour les professeurs, "10 000 representative teachers".
7-C) Une préparation numérique

Le gouvernement a investi dans le développement de deux plateformes. Des ordinateurs ont été loués gratuitement à tous ceux qui l’ont demandé : 5.3% de tous les élèves (familles nombreuses, monoparentale, enfants à la charge des grands-parents...)
7-D) L'inclusion

La prise en charge des situations de handicap a perduré et il y a eu des dispositifs particuliers pour les enfants de familles allophones (packs pédagogiques en plusieurs langues). Il a pu y avoir des cours avec instructeurs à la maison.
7-E) Les mesures prises après l'ouverture

Une ouverture graduelle, comme en France, en fonction de l’âge des élèves, accent sur les primaires.
Désinfection totale.
Protocoles définis localement : distanciel, horaires décalés...
7-E)
Dans les cantines, mesures/les employés en restauration doivent vérifier leur situation de santé 2 fois par jour.
Dès le premier cas, auto-isolement de tous les élèves, professeurs et membres du personnel, passage au distanciel et mesures pour identifier les cas contacts.
7-E)
La règle 1 cas = isolement de toutes les personnes qui fréquentent l'établissement n'est peut-être plus appliquée, si vous savez ce qu'il en est n'hésitez pas à me le dire ;) J'aimerais savoir comment le protocole a évolué.
7-E)
Dans les bus, conducteurs et les employés doivent vérifier leur condition de santé à l’avance. Les élèves vérifient leur température avant de monter, portent un masque.
7-E)
30 000 personnels ont été embauchés pour ne pas faire perser sur le personnel d'éducation le poids des nouveaux protocoles (désinfection, dédoublement de classes...).
7-F) Les écoles ont-elles fermé ?

Lors du pic de décembre, de nombreux établissements ont dû fermer lors de la vague qui a affecté Séoul. S'il y a en Corée les mêmes réserves face au distanciel, il n'y a pas le même tabou à y recourir qu'en France. https://www.bbc.com/news/world-asia-52845015
8) Les structures à l'appui de la réponse coréenne

La réponse coréenne est centrée autour du KCDC, le Korean Center for Disease Control and Prevention qui travaille avec une cellule de crise présidée par le 1er ministre, différents ministères, et les autorités locales.
8) Le rôle du CDSC

Depuis le 23 février, la lutte contre l'épidémie a nécessité pour le gouvernement de coordonner 7j/7 une cellule de crise, la cellule du Central Disaster and Safety Countermeasures (CDSC). Cette cellule a pour objet de se coordonner avec la réponse locale.
Tous les ministres pertinents, ainsi que les représentants des dix-sept provinces et des villes majeures y siègent. Le premier ministre préside la réunion. Fin avril, quand la situation se calme, il est parfois remplacé par le ministre de la santé ou un haut-fonctionnaire.
C'est une conversation journalière qui permet d'identifier les blocages, de trouver des solutions, mais aussi de s'assurer que les solutions proposées fonctionnent et de proposer des ajustements. Un exemple d'action concrète : la création de six clusters de ressources.
En juin, le CDSC a décidé de rassembler les ressources médicales des 17 autorités/villes provinciales, en 6 grands foyers, pour éviter des contretemps bureaucratiques, sécuriser des lits d’hôpitaux et des ressources médicales pour anticiper une augmentation de cas.
Début juillet, quand des afflux de cas sont apparus dans la ville de Gwangju, le foyer régional du sud-est a été activé pendant un mois jusqu’à ce que la situation revienne sous contrôle.
Cette collaboration quotidienne a permis de gérer efficacement le suivi de l'auto-isolement et d'observer précisément l'activité virale. 2 conférences de presse par jour pour communiquer les données au public : le matin et l'après-midi. http://ncov.mohw.go.kr/en/tcmBoardList.do?brdId=12&brdGubun=125&dataGubun=&ncvContSeq=&contSeq=&board_id=
9) Et l'économie ?

Il y a eu un impact important, notamment à cause des conséquences de l'épidémie sur le commerce mondial dont dépend fortement l'économie de la Corée du Sud. Cependant, contrôler l'épidémie permet aussi de limiter les dommages économiques.
Contrairement à ce que l'on entend parfois encore (!), l'économie et le sanitaire ne sont pas opposés, car le contrôle de la situation sanitaire permet de maintenir la société ouverte : Voir https://ourworldindata.org/grapher/q2-gdp-growth-vs-confirmed-deaths-due-to-covid-19-per-million-people
ou encore https://issuu.com/frenchkoreancci/docs/ca108-20.08.05-final-web
N'étant pas économiste, je préfère ne pas entrer plus en détails dans la question. N'hésitez pas à m'éclairer si vous avez des compétences dans ce domaine afin que j'ai des éléments plus précis.
10) Conclusion

J'ai choisi d'évoquer la stratégie coréenne car elle me semble révélatrice d'une société qui s'est préparée à l'éventualité de l'émergence d'une maladie infectieuse respiratoire hautement contagieuse.
Il y a des éléments dans la stratégie coréenne qui ne semblent pas facilement compatibles avec l'état d'esprit européen : la volonté de contrôle, le recours aux données personnelles, l'emploi des caméras de surveillance, l'idée que l'on préfère la liberté à la sécurité.
Je pars cependant d'une idée simple : lorsque l'on ne sait pas faire quelque chose, il faut chercher à apprendre des meilleurs, et ne pas perdre de temps à chercher à réinventer la roue.
En France, des mesures de contrôle existent, par exemple pour vérifier que ceux qui bénéficient d'aides sociales soient vraiment en situation de recherche d'emploi. Il y a là l'idée que l'intégration à la société implique une part de responsabilité de tous.
J'aurais aimé qu'il y ait un débat sur ce que l'on est prêt à accepter collectivement pour "vivre avec le virus", ou sur les sacrifices que nous sommes capables de consentir pour freiner un virus qui nous empêche quoi qu'on en dise de vivre notre vie quotidienne habituelle.
Malheureusement, l'opposition de tous bords a joué un rôle de figurant dans cette crise et n'a demandé la mise en place de mesures restrictives que lorsque localement la situation était critique. A l'assemblée, des députés ont crié "Où sont les lits de réa ?". Ok.
C'est ne pas voir que la réponse à ce genre de crise doit d'abord être une réponse préventive et surtout pas graduelle, de manière à ce que les problèmes soient réglés avant de devenir insolubles.
L'isolement obligatoire a été abandonné car il pouvait être cassé par le Conseil Constitutionnel : privation de liberté trop importante et nécessité d'un principe de riposte graduelle pour les mesures liberticides.
L'idée que l'on peut toucher aux libertés individuelles seulement si le danger est palpable ne me paraît pas compatible avec la gestion d'une épidémie, qui ne peut être efficace que grâce à des mesures préventives fortes et précoces. Une discussion me semble essentielle.
Ce qui me questionne, c'est le tournant de l'été et de septembre, où le gouvernement a décidé d'ignorer les signaux d'alerte, ce qui nous a mené à une situation incontrôlée, durable alors que nous avions réussi collectivement à revenir à des niveaux très bas de circulation virale
Personnellement, je souhaite humblement saluer le travail inlassable du gouvernement coréen qui a su toujours rester mobilisé pour gagner la guerre contre le virus. Il y a sans doute matière à critiquer, mais il me semble qu'il n'y a aucune mesure avec notre situation.
Et je voudrais finir sur une idée centrale en Corée : la nécessité d'apprendre de ses erreurs. En traitant la Corée comme une dictature sanitaire, on se prive d'une autocritique qui me paraît absolument essentielle, et de la nécessité qu'offre une crise de se surpasser.
Fin du thread.
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