Bon ma TL, je sens que tout le monde est un peu déprimé, ras le bol du Covid tout ça, on veut des paillettes dans notre vie Kévin, bref j'me sacrifie et partage avec vous une tranche de ma vie perso/pro.
Garantie 100% real life, rien d'ajouté ni de modifié.
Je suis JI depuis qqles mois quand il débarque dans mon bureau. Enquêteur en PJ, habillé comme un surfeur, Thibault me tape tout de suite dans l'oeil. En plus d'être compétent, il est drôle, perspicace et s'attarde un peu dans mon bureau.
Au-delà du dossier sur lequel il bosse (un braquage de bijouterie), on se retrouve à discuter de tout et de rien, de ciné, de série et de musique.
Il est fan de Springsteen, moi de Gaslight Anthem, on a des choses à se dire.
Mais le taf est là, rapport de hiérarchie, j'me calme.
Le dossier se poursuit, Thibault et son groupe font leur taf, l'enquête se termine et je finis par clôturer l'instruction et renvoyer le dossier aux Assises.
J'ai un pincement au cœur car ça signifie la fin des entretiens avec Thibault.
Mais à peine 1 mois après avoir clôturé le dossier, Thibault me rappelle. Il a envie de me revoir, pour discuter dit-il..
Soyons honnête, on a vraiment bien accroché pendant l'instruction, il y a clairement une alchimie entre nous.
J'accepte un rendez-vous dans un bar.
Thibault est intimidé, il reste un brigadier en PJ, je suis juge d'instruction, pas facile d'oublier le rapport hiérarchique.
Même si notre dossier est terminé, on pourrait avoir à rebosser ensemble.
Et moi je me suis toujours poser un principe intangible : no zob at job.
Bah oui mais plus c'est interdit, plus c'est tentant, on est bien d'accord.
Thibault entretient le chaud et le froid, fixe des rdv et les annule à la dernière minute, je deviens la meuf accro à son portable, à surveiller ses messages toutes les 5mn. Et à maudire tout ceux qui
m'envoient des textos quand ce n'est pas lui. Je comprends vite que Thibault est hyper partagé entre son attirance pour moi et les conséquences que cela entraîne vis à vis de nos boulots respectifs.
Quelque soit l'issue de notre relation,
je ne pourrais plus le saisir pour l'exécution de mes commissions rogatoires. Question d'impartialité évidente.
J'essaie de relativiser, de me dire que je désigne assez rarement son groupe mais au fond de moi, je sais bien qu'il a raison.
Et pourtant je me souviens d'une journée passée ensemble, il était venu me rejoindre, on était allé en bord de mer, on avait parlé tellement longtemps, le genre de discussion où le temps disparaît, les phrases se mêlent et s'enchaînent avec une facilité déconcertante.
Ce n'était que quelques heures passées ensemble mais cette impression de se connaître depuis toujours, tout en ayant cette envie d'en apprendre davantage.
Il m'avait raccompagné en bas de chez moi.
Je nous revois dans la rue, cet échange de regards entre nous, ce silence..
Il m'avait alors embrassé.
Un vrai baiser de cinéma américain, intense, langoureux, prometteur.
Le genre de baiser qui fait dresser tous les poils sur la peau et déclenche cette douleur tellement agréable dans le bas ventre.
Mais en même temps, je savais aussi, quelque part au fond de moi (et j'ai mis du temps à me l'avouer), que ce baiser était autant un commencement qu'une fin.
Que cette relation était impossible au vu de nos fonctions respectives.
Et que c'était aussi pour ça qu'il était aussi bon, sans doute le meilleur baiser reçu et partagé. Ce goût d'interdit et surtout d'inachevé.
Tellement de promesses dans ce baiser, tout en sachant qu'elles ne seraient pas tenues.
Je n'ai jamais revu Thibault après cette journée.
Il m'avait relancé mais j'avais décliné. Je le remercie de n'avoir pas insisté car je ne suis pas sûre d'avoir eu le courage de résister.
Quelques années après, on avait repris le contact par mail.
Nous étions alors chacun en couple, moi avec M. Dread, lui avec sa chérie.
Il m'avait alors confié à quel point il avait été à l'époque raide dingue de moi mais terrorisé par nos jobs respectifs. Que comme je n'avais pas insisté, il s'était fait une raison et essayé d'avancer.
Et moi de lui répondre que j'étais honnêtement folle amoureuse de lui mais que notre relation était impossible au vu du travail, que ce serait trop compliqué pour lui comme pour moi.
Il m'avait alors proposé de se revoir, pour savoir si l'achimie était toujours là.
Il m'avait donné rdv dans un café un soir. J'avais dit oui.
Et le soir venu, je n'étais pas venue.
Jusqu'au dernier moment, j'avais hésité. Cette sensation d'être à un moment charnière de sa vie.
Mais une petite voix qui me disait que pour un moment magique, nostalgique,
j'allais peut être remettre en cause tout ce que j'avais construit..
Non j'ai choisi d'être rationnelle.
Les obstacles existant entre Thibault et moi n'avaient pas disparu. J'étais toujours magistrat, vice-procureur maintenant, et lui toujours en PJ.
Je lui ai donc envoyé un message pour lui dire de ne pas m'attendre, que je ne viendrais pas.
Il m'a répondu d'un "je comprends" tellement contradictoire.
Je ne l'ai jamais revu, il a demandé très vite sa mutation dans une autre ville.
Et parfois je me surprends à penser à lui.
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