C'est parti pour un thread qui va revenir sur ma découverte (chronologique) de la filmographie d'un certain Paul Thomas Anderson.
On entame avec #HardEight (Double Mise en VF), premier film qui porte déjà les stigmates de son intransigeance face aux studios puisque si le produit fini avoisinait les 2h30, PTA a été viré de la salle de montage, perdant au final le titre initial ( #Sidney) et la durée finale
puisque le métrage dure finalement 1h41. Une censure manifeste qui empêche clairement au film de briller par ses seuls personnages, tant on sent leurs arcs respectifs réduits & certaines situations propres au récit paraissent précipitées et/ou trop soudaines pour être acceptées.
Reste qu'au-delà de cette coupe qui enlève au film un certain quelque chose, le reste est à saluer. La mise en scène, qu'elle passe par ses nombreux plans-séquences, ou son utilisation de la musique, confère au film une odeur de Tarantino & Scorsese pas piquée des hannetons.
Qui plus est, on sent déjà les bases de son style, à base de personnages perturbés, de situations imprévisibles et d'une caméra ample qui reste focalisé sur ses personnages. Si bien qu'à la vue de la fin du film, on espère que le director's cut sortira un jour puisque
tout premier film qu'il soit, #HardEight parvient à donner le meilleur aux acteurs présents, à commencer par un tandem Phillip Baker Hall/John C. Reilly vraiment réussi, mais aussi et surtout une superbe Gwyneth Paltrow. Encourageant quoique frustrant donc.
Ce soir, on enchaine donc avec Boogie Nights
#BoogieNights donc.
Autant dire que je n'étais pas prêt à la vue de ce film fleuve à la fois ambitieux, ironique, groovy & d'une maitrise ahurissante. J'ai encore peine à croire que PTA n'avait que 26 ans à la sortie du film, tant ce dernier déroule une confiance limite indécente
C'est rythmé, entrainant, fascinant et en meme temps très doux dans la façon qu'a PTA de représenter cette industrie de façon tout sauf négative. A contrario de son précédent film, les personnages respirent, ont du temps pour briller et on sent leur dilemmes respectifs.
C'est grandement aidé par le fait qu'en plus de leur donner de gigantesques décors, ces personnages sont joués par des tôliers de la profession, que ça soit Burt Reynolds, William H.Macy, Julianne Moore, John C Reilly, Philip Seymour Hoffman, Don Cheadle et aussi la révélation
Mark Wahlberg. Sans déconner, son role de benêt star du porno colle justement avec l'aspect relativement naif que distille cet acteur dans pas mal de ses roles. Ici, il est littéralement transfiguré et provoque le rire plus d'une fois. Et en parlant de rire justement,
il est relativement sympa de voir que PTA, soucieux ici de donner vie à un pan de l'industrie, n'émet aucune critique de ce milieu. Tout au plus y distille-il une certaine ringardise en mixant les hits des 70's (des hits contemporains pour le film) mais dont l'utilisation
semble rappeler de manière logique qu'on assiste à des moments passés. Dès lors, une certaine désillusion s'installe et on sent que le gimmick de PTA ici semble etre l'humour décalé. Que ça soit l'aliénation ou le désespoir, chaque personnage imprime de sa présence le film
et permet à ce dernier de pleinement assumer son statut d'oeuvre chorale et de portrait de vie/communauté.
Bref, #BoogieNights, c'est très fort. Vraiment.
Ce soir, on s'attaque à un film que je veux voir depuis un paquet de temps : #Magnolia.
Enfin vu #Magnolia...
Et on a clairement à faire à un de ces films que je regrette d'avoir vu si tard tant la renommée et la réputation sont loin d'être usurpé. Et c'est vrai à tous les niveaux.
Déjà, PTA qui n'a toujours pas atteint la trentaine, continue de te déployer une masterclass en terme de mise en scène. Que ça soit la photo de Elswit, le montage (ahurissant) de Dylan Tichenor & la fluidité littéralement indécente de sa caméra, le film est une réussite technique
avec un rare sens de maitrise. Mais c'est surtout l'aspect émotionnel qui permet au film de s'élever au-delà de la mêlée tant le kaleidoscope de tourments, de hasards, de personnages hauts en couleur est réussi et surtout bien équilibré. Du violeur rongé par les regrets, au flic
isolé et moqué, de l'intello utilisé par son père, à l'infirmier qui veut faire sa BA, la myriade de personnages déployés à l'écran n'a jamais besoin de feindre quoique ce soit pour dégager une humanité confondante. A ce jeu là, inutile de dire que Julianne Moore est démente,
Phillip Seymour Hoffman émouvant, John C Reilly attachant et Philip Baker Hall admirable dans ce role doux-amer difficile à jouer. Pour le reste, ce qui m'a scié reste le montage tant les 3h08 de métrage m'ont semblé durer à peine 1h. Mais aussi et surtout, l'imprévisibilité.
Je dois dire que ça doit etre le leitmotiv de la carrière de PTA so far, cette gestion assez adroite de l'imprévu, de situations parfois ubuesque (si bien qu'on peut rapprocher le tout du style des frères Coen). Ainsi, le hasard qui est le thème majeur du film respire une vibe
très Coen mais dont on aurait ôté ou fortement nuancé l'ironie et l'humour noir. L'épisode des grenouilles est ainsi un bon exemple puisqu'il est par essence très calquée sur le style de PTA, comme une injonction du destin et du hasard, mais jamais traité de manière comique
Enfin bref voilà, #Magnolia est vraiment une réussite. Touchant, dense, sublime, maitrisé, amusant. Si bien que j'aurais bien du mal à dire lequel de ses films j'ai le plus apprécié so far entre #DoubleMise, #BoogieNights et celui-là meme. Le prochain de la liste devrait etre
#PunchDrunkLove, mais l'ayant vu récemment, je me contenterais de passer au suivant, que je redoute puisque l'ayant vu une seule fois seulement : #ThereWillBeBlood.
C’est parti pour #ThereWillBeBlood
Je mentirais si je disais que je ne suis pas décontenancé à l'issue du visionnage de #ThereWillBeBlood, tant derrière la maestria technique offerte par le métrage, pointe une certaine incompréhension du pourquoi PTA est allé le réaliser.
Non que ça soit un reproche, mais vu les thèmes esquissés dans ses précédents films, je peine à comprendre ce qui a pu attirer PTA dans cet univers-là. Bien sur, il y a des éléments récurrents qui reviennent : un personnage en marge, désaxé, un univers vicié par l'ambition
mais à mon humble avis, ça doit être tout. Après, j'aime d'autant plus le "risque" pris par PTA qui ose ainsi dépeindre un personnage antipathique auquel on a du mal à s'attacher, à contrario de ses personnages dans #Magnolia & surtout #BoogieNights.
Mis à part ce risque, je dois bien admettre que j'ai aimé l'expérience proposée. La photographie toujours signée Robert Elswit est magnifique, la mise en scène est ample, millimétrée et comme me l'a fait remarquer @ThomDorsett, la musique composée par Johnny Greenwood est typique
d'un film d'horreur. Des mélodies dissonantes qui m'ont parues initialement hors sujet, mais qui au vu du sujet du film, un affrontement dichotomique entre la religion et le capitalisme, m'ont semblé in fine relativement cohérent. Pour le reste, Daniel Day-Lewis est superbe, tant
il vampirise l'écran à un point assez impressionnant. Et après coup, difficile de ne pas y voir dans ce film, une sorte de maturité pleinement acquise de la part de PTA qui semble ici réaliser un film dans la trempe de Scorsese, avec la déplétion d'un univers vaste, et d'un quasi
rise & fall. Bref, c'est très impressionnant, fort et rondement mené. Pas son meilleur IMHO, mais clairement le haut du panier. Prochain sur la liste donc, un certain #TheMaster.
Découvrons donc ce semble il chef d’œuvre de PTA : #TheMaster
Nouveau film, nouvelle occasion pour PTA de me laisser totalement décontenancé. Du moins, c'était mon cas à l'issue du visionnage tant ce #Master s'affirme comme l'oeuvre la plus expérimentale, la plus épurée et la plus symbolique de la filmographie de PTA.
Expérimentale principalement car à contrario de ses précédents films qui dépeignaient de réels univers (l'industrie du porno dans #BoogieNights, l'industrie du pétrole dans #ThereWillBeBlood), ici le focus du film s'avère etre la collision de 2 personnages et leur rivalité
tant émotionnelle que psychologique.
Épurée car meme si techniquement le film est de très bonne facture, la mise en scène est étudiée pour coller au plus près des personnages et de leur dénuement psychologique, d'un coté le faste et la grandiloquence de Dodd ;
de l'autre, l'errance de Quell. 2 facettes qui tendent à se mélanger au cours du film, permettant une mise en scène polymorphe qui est à ce point travaillée que les "coutures" sont rarement visibles.
Symbolique, puisque en resserrant les enjeux au maximum entre une brebis
perdue et un berger concupiscent, PTA prolonge la thématique de l'affrontement idéologique déjà alimenté dans #ThereWillBeBlood. Cette épure permet sans surprises de se focaliser sur les personnages, si bien que la temporalité de l'ensemble est rarement mise en avant, pour mieux
affirmer l'universalité du propos ; ici une plongée dans les arcanes d'une secte et d'un leader sans scrupules prêt à faire usage de ses charmes pour convaincre un récalcitrant impulsif à rejoindre ses rangs. On arguera que le film se veut une représentation de la naissance de la
scientologie, culte phare à Hollywood et basé selon beaucoup, sur du vent, mais je pense surtout que PTA a voulu saisir l'idée d'un affrontement psychologique entre 2 âmes perdues, l'une par la guerre, et l'autre par l'étendue de son prétendu pouvoir sur ses proches.
Cela étant, la forme sied parfaitement le propos puisque étant proche d'un dénuement assez total et le jeu d'acteur qui s'en suit est PHENOMENAL. Un ami à moi compare d'ailleurs le duo Hoffman/Phoenix à la meilleure performance d'acting des années 2010. Difficile d'y rester
insensible il est vrai, mais ça demande réflexion. Dans tous les cas, #TheMaster reste fascinant pour la conjugaison de sa forme et de son fond, mais surtout pour l'aspect hypnotisant, quasi opiacé de sa mise en scène, qui est pas loin de nous aliéner et de nous convaincre
que ce brave Lancaster Dodd va bientot compter une recrue de plus dans ses rangs.
Fun fact : j'ai sévèrement bugué quand j'ai vu mon sosie Jesse etre le fils de Hoffman (qui est l'une des personnalités à laquelle je ressemble selon pas mal de gens) donc ouais double ration de
sosie dans ce film, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Prochain sur la liste, un certain #InherentVice, vu seulement une fois à sa sortie.
C’est parti pour #InherentVice
Il y a 6 ans de ça, quand j'avais découvert le film, j'avais plutôt apprécié l'aspect déjanté et complètement barré du métrage, sans alors savoir qui était Paul Thomas Anderson. Et bien, force est d'admettre qu'en connaissant désormais le bonhomme et son style, je ne pouvais
qu'ADORER ce film. Puisque si on réfléchit bien, adapter l'histoire d'un romancier connu pour ses histoires éminemment insolubles, qui plus est dans une temporalité propice à voir déferler quantité de misfits, d'idéalistes et de joyeux lurons en marge de la société, c'était JUSTE
un passage obligé, voire carrément une évidence pour PTA qui aime nimber ses films d'une, dans une atmosphère étrange, mais surtout dans une narration propice à l'invraisemblance, à l'absurdité et l'imprévisibilité.
Or c'est précisément le cas ici tant l'enquête se perd en détour, chemins de traverses et autres arrêts aux stands complètement bordéliques, si bien qu'au bout d'un moment, on lache prise totalement. On se fout de savoir ou est la personne disparue, mais on se prend au jeu de
voir un Joaquin Phoenix des grands soirs errer avec sa mine de stoner dans un Los Angeles de carte postale hippie, dans laquelle tout semble louche, tout semble idyllique et au final tout parait absurde. Bref, c'est clairement l'un de ses plus sympathiques films, quoique l'un de
ses plus exigeants en terme d'expérience tant la convention de cinéma est rude à accepter que de plonger sciemment dans ce dédale complètement nawak. Mais il y a pas à dire, le film dégage une vibe chaleureuse, attrayante, drôle, intriguant qu'il serait honteux d'y résister.
Et on tient aussi la preuve que Josh Brolin est un putain d'acteur et est à l'instar de Ryan Gosling, un acteur qui devrait plus souvent exposer sa facette comique au public tant le mec en parodie de flic qui se la joue gros dur, est hilarant (le coup des pancakes ou la scène de
fin). Bref, immense coup de coeur et pour l'instant, pas loin d'être mon PTA préféré tant il symbolise à mes yeux la quintessence de l'esprit PTA.
Désormais, il me reste plus que #PhantomThread et je devrais patiemment attendre #SoggyBottom en 2022.
C’est parti pour #PhantomThread
Sur bien des points, #PhantomThread reste fascinant. Déjà, sa photographie ouatée qui sied parfaitement à l'univers esquissé par le film. Ensuite, la musique composée par Johnny Greenwood, qui imprime une certaine douceur contrariée à l'ensemble.
Par ailleurs, PTA continue avec ce film ce qui faisait déjà le sel de #TherewillBeBlood mais surtout #TheMaster ; à savoir une confrontation de rapports de force. Ici, la discrète Alma qui s'attaque au roc Woodcock, c'est un peu comme Quell qui s'attaque à Dodd.
L'un exerçant une pression/domination sur l'autre tout au long du métrage, jusqu'à ce que l'opprimé parvienne au gré d'un stratagème, à renverser l'ordre établi et à fortiori, à établir sa propre domination. Si encore ce traitement était bienvenue dans #TheMaster, dû au contexte
spécifique du personnage de Phoenix naturellement plus enclin à endosser un statut de victime de par son désoeuvrement psychologique, dans #PhantomThread, il y est moins question de domination que de pure émancipation, qui se transforme in fine en relation. Puisque ici, c'est le
personnage d'Alma qui opère cette mue et ça n'est pas difficile de voir en quoi elle est initialement perçue comme la "victime" puisque dès l'entame, elle explique avoir donné chaque partie d'elle à Woodcock. Le fait qu'il s'agisse d'une femme, qui plus est dans les 50's est
ainsi là pour expliquer le certain désoeuvrement dont elle est sujette et qui peut expliquer comment elle tombe dans les bras de Woodcock. A l'inverse, Woodcock est lui typiquement un personnage andersonien tant sa représentation d'un couturier contrarié emprunte beaucoup à la
figure décalée des personnages de PTA. Il est en marge, vit avec sa soeur, il est excentrique, monomaniaque et en ça, on peut le rapprocher d'un certain Daniel Plainview de TWBB. De surcroit, c'est un idéaliste, qui perçoit le monde comme il l'entend et est très réfractaire au
changement/évolution. Dès lors, le film va s'évertuer à établir une relation qu'on croit etre de domination mais qui s'assume vers la fin à une pure relation amoureuse. Mais comme on dit souvent, l'amour existe sous toutes ses formes et cette romance contrariée est étrange
tant elle présuppose une domination pure et simple qui sera intervertie au gré des 2 participants, davantage qu'une réelle union. Dès lors, au vu de tout ses composantes, le film est intéressant pour ce qu'il amène et complète dans la filmographie de PTA. Pour autant, je ne peux
nier le fait que tout aussi beau soit le film, la mise en scène n'arrive jamais à transformer la beauté vénéneuse et méthodique de l'intrigue en dynamisme. Résultat, l'ennui arrive parfois bien malgré lui et on ne peut que le subir, en plus du jeu maladroit de Vicky Krieps
dont l'accent m'a, à titre personnel, parfois sorti du film et donné l'impression de voir une actrice réciter mécaniquement son texte au lieu d'incarner un personnage.
Fin voilà, pas mal ce #PhantomThread meme si je préfère la première partie de la filmographie de PTA que sa seconde.
Ce qui nous amène donc à la fin de ce thread avec mon "classement" de la filmographie de ce brave PTA. Clairement, je peux maintenant en parler comme d'un réalisateur dont j'aime beaucoup voire adore le travail et ce fut un réel plaisir que de voir ça dans l'ordre chronologique
tant aux difficultés de ses débuts, se confronte aujourd'hui la confiance et assurance d'un cinéaste qui sait quoi faire/dire pour captiver son audience. Bref, derrière ce beau blabla, place au classement.
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