A mon avis, il n'y a pas rupture entre social et sociétal, contrairement à ce que les adversaires politiques de la gauche de transformation sociale voudraient faire accroire (c'est leur jeu, c'est normal.)
La césure fondamentale de la gauche française, c'est celle entre le
salariat protégé issu des Trente Glorieuses, organisé, politisé, syndiqué, et le précariat patiemment séparé du corps du salariat par les stratégies patronales (sous-traitance, précarisation, délocalisation des production les moins qualifiées...)
Ce serait à mon avis un grave
contresens de croire que les classes populaires rejetées dans le précariat seraient devenues racistes ou indifférentes aux inégalités provoquées par le racisme ou le sexisme. Elles en sont d'ailleurs les premières et principales victimes, rappelons-le.
Ce qui, à mon avis,
se produit, c'est qu'il existe une rancœur tout à fait explicable dans ce précariat rejeté aux marges de la société dans le fait de voir la gauche totalement impuissante à lui offrir des débouchés politiques et inapte à reconnaître la césure au sein du salariat dont il est
victime, césure qui est l'angle mort d'une approche théorique paresseuse et devenue largement mythologique du salariat.
Le précariat est en colère de ne se voir offrir aucune existence en tant que problème politique pendant qu'on débat de racisme et de sexisme, qu'il subit en
première ligne, comme des réalités abstraites et autonomes qu'on lui renvoie même dans la figure en tant que part soi-disant conservatrice du salariat alors qu'il est la principale victime laissée sans soutien de ce que les bonnes âmes dénoncent.
Reconnaissons le problème
central, nommons-le, donnons lui un débouché et une existence politiques, et ces deux piliers inséparables, social et sociétal, marcheront à nouveau de concert comme c'est leur raison d'être.
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