Concernant la « gratuité » des transports en communs, Thread à lire de @ParisEnSelle pour comprendre que ce n’est pas vraiment une bonne idée d’un point de vu environnemental. Mais ce n’est pas non plus forcément une bonne idée socialement 1/n https://twitter.com/parisenselle/status/1381295894121824258

2/24 La« gratuité » des transports en commun pour les usagers•es implique une perte de recettes. Il faut donc trouver des recettes ailleurs: En l’occurrence les budgets des collectivités. Cela n’est donc pas vraiment « gratuit » mais payé par les impôts.

3/24 Par exemple en Ile de France, cela signifie que c’est le budget de la région qui paiera l’essentiel, et donc qu’il faudra augmenter la fiscalité de tous les habitant•es. Problème: la région n’a quasiment aucune fiscalité propre.

4/24 Donc il faut soit créer une nouvelle fiscalité, soit, à court terme, tailler dans les autres dépenses de la Région... Notamment celles qui concernent l’investissement dans le réseau de TC. Le plus vraisemblable est qu’il faudrait faire les deux en même temps.

5/24 Cela veut donc dire que la charge de cette « gratuité » pèsera sur l’ensemble des habitants•es de la région par une augmentation de leur fiscalité et/ou une baisse des services dont ils bénéficient, dont le développement des TC.

6/24 Or, dans l’état actuel du réseau, tou•tes les habitant•es d’Ile de France n’ont pas un égal accès à des axes de transports en commun performants... En cela « gratuité » n’est pas synonyme d’égalité...

7/24 Qui cela concerne? Une part significative de la population de la grande couronne où des quartiers populaires de la petite et moyenne couronne. Et ces habitant•es sont donc aujourd’hui obligé d’utiliser une voiture...

8/24 Si ils ne prennent pas les transports en commun, ce n’est donc pas par ce qu’ils sont trop chers... C’est par ce qu’il n’y en a pas, ou qu’ils ne sont pas adaptes

9/24 Pour ces habitant•es, c’est par conséquent la double peine:
1) le coût de la gratuité pour des TC auxquels ils n’ont pas accès leur incombera aussi.
2) ils devront continuer d’utiliser leur voiture puisqu’ils n’ont pas d’alternative.

10/24 Pire, il y a un troisième effet Kiss Cool: Les 2,5 ou 3 milliards€/an que coûtent la « gratuité » va ralentir, faute de capacité d’investissement, le développement du réseau qui permettrait justement d’offrir une alternative TC a ces habitant•es captifs de leur voiture.

11/24 Par ailleurs, les facteurs qui permettent de développer l’usage des TC sont:
1) pour commencer d’en disposer...
2) la régularité, la fiabilité et le confort.
3) la sécurité.

12/24 Là encore, le fait de se priver des recettes des usagers aura forcément pour effet de manquer de moyens d’investissements et de fonctionnement pour améliorer ces critères pourtant déterminants.

13/24 Mais, dira-t-on, la gratuité permet à des ménages de faire des économies. C’est vrai mais les ménages qui bénéficient déjà de TC performant font déjà des économies énormes en pouvant se passer d’une voiture.

14/24 L’enjeu social est donc de faire en sorte que le plus de foyers possibles bénéficient de ce même avantage en mettant le paquet sur le développement du réseau et de son amélioration.

15/24 En IDF le dézonage du pass Navigo (merci les Verts) a permis une égalité de traitement entre tous les territoires de la Région au niveau des tarifs. Ce qui était une mesure pour lutter contre les inégalités territoriales.

16/24 Pour la justice écologique et sociale, les priorités aujourd’hui sont:
1) De développer et améliorer le réseau pour assurer une alternative à la voiture pour le maximum d’habitantes et d’habitants qui aujourd’hui n’en bénéficient pas dans de bonnes conditions.

17/24
2) De développer des infrastructures de déplacement doux (marche, vélos) qui soient sûres en réduisant la place démesurée qu’occupe encore aujourd’hui la voiture.

18/24
3) De continuer d’améliorer la tarification sociale pour les plus fragiles et pour les jeunes.
4) De booster le pass Navigo pour le rendre encore plus attractif, développer ses usages et le rendre d’avantage intermodal.

19/24 Je note par ailleurs, pour l’Île de France, que la liste qui propose la gratuité ne s’opposent pas, dans le même temps, à des infrastructures qui ne bénéficieront pas aux habitant•es d’IDF...

20/24... La Gare du triangle de Gonesse (au milieu de terres agricoles) et la ligne 18 du Grand Paris Express qui détruit des terres agricoles à Saclay pour relier Versailles à Massy, sans besoin des habitants...

21/24 Pour finir, les collectivités qui communiquent aujourd’hui sur la « gratuité » mettent en place en réalité une gratuité partielle: Pour les jeunes, les Etudiant•es ou le Week-end par exemple... Pourquoi pas. Mais cela ne supprime pas les recettes d’abonnements.

22/24 À Dunkerque, la mesure est rendue possible du fait de la taille de l’agglomération et parallèlement au volume du versements transports payées par les industries présentes sur le territoire, recettes très importantes rapportées au nombre d’habitant•es.

23/24 La gratuité pour les usagers peut être un horizon souhaitable, mais pas avant que les infrastructures de TC soient accessibles à toutes et tous dans des conditions qui permettent leur accès et leur usage dans de bonnes conditions.

24/24 À défaut, cela revient à retarder le moment où chacun•e pourra bénéficier de l’accès au TC, à dégrader la qualité des services et à saturer le réseau existant qui l’est déjà significativement... Ce qui pourrait conduire à détourner des TC des usager•es actuel•les.

Bonus: 3 études sur la pertinence de la gratuité des TC ont été réalisées à la demande de la ville de Paris ou de la Région Île de France depuis 2018. Toutes concluent à la plus grande réserve...

https://www.api-site.paris.fr/paris/public/2019%2F0%2Fetude_gratuite_transports_parisiens_sciencesPo.pdf

https://www.iledefrance-mobilites.fr/wp-content/uploads/2018/10/Rapport-Comité-sur-la-faisabilité-de-la-gratuité-des-transports-en-commun-en-Île-de-France-leur-financement-et-la-politique-de-tarification.pdf

https://cdn.paris.fr/paris/2019/07/24/52a49a733ee3c9184e3442b7f282ac5c.pdf