Être perçu-e comme femme dans les milieux d'études scientifiques// Un thread

J'ai 19 ans, je suis trans mais perçu comme femme encore aujourd'hui par la plupart des gens et j'évolue dans le domaine scientifique, et plus particulièrement dans les domaines de l'ingénierie (informatique dans mon cas) depuis que je le peux.

À travers ce thread, j'aimerais vous expliquer ce que c'est d'être une femme dans ces domaines quand on est au collège, au lycée et en études supérieures, et pourquoi si peu de femmes sont dans ces filières.

Les domaines scientifiques, et encore plus du côté de l'ingénierie, ont une forte prédominance masculine. On compte environ 20% de femmes dans ces domaines, même si ça varie d'une spécialité à l'autre.

Mais pourquoi si peu de femmes du coup ? Je pense qu'on est tous d'accord pour dire que non, ça ne va pas de soit que les femmes n'aiment pas les sciences et c'est comme ça, c'est une idée absurde qui ne se base sur aucun fondement scientifique et qui ne mène à rien.

Être une jeune fille et s'intéresser aux sciences, et là je parle de la primaire et du début du collège, c'est difficile. Les adultes, aussi bien nos parents que nos professeur-es, vont bien nous faire remarquer que c'est peu banal. Sauf si on veut devenir vétérinaire,

parce qu'une jeune fille, ça a de l'empathie et ça aime les animaux mignons. Mais si on veut devenir astrophysicien-ne pour étudier les trous noirs, c'est tout de suite plus compliqué. Si on arrive au lycée sans avoir été dégoûté-e par les sciences, c'est un miracle.

C'est un miracle parce que sauf si on a une figure féminine scientifique dans notre entourage, on n'est pas poussé-e dans cette direction. On ne nous dit pas forcément de partir parce que la science c'est pour les hommes, les vrais, mais on ne nous aide pas.

Mais si on arrive au lycée donc, et qu'on choisit les sciences, c'est là que commence le véritable combat. On a 15 ans, on est en pleine adolescence et on se retrouve dans une classe avec une majorité d'hommes, autant élèves que professeur-es, on est seul-es.

La solidarité féminine est de mise, ce qui nous exclue d'autant plus si on ne s'intègre pas aux autres garçons. On est "le groupe de fille" parce que c'est le seul. On est "les filles" et rien d'autre. Systématiquement, on est à l'écart.

Mais pas forcément parce que les autres pensent qu'on est moins compétent-es, c'est juste qu'on est des filles dans une classe de garçons, et que ça reste des adolescents dans notre société genrée. Mais de mon expérience, le pire, c'est les professeurs.

Durant toute ma scolarité, pas plus tard que la semaine dernière, en ayant 19 ans et en étant en école d'ingénieur après avoir passé un concours, place que j'ai donc mérité dans cette école, je me suis fais infantilisé par un professeur.

À chaque rentrée, tu peux être certain-e que tout les professeurs vont compter le nombre de filles dans la classe. À chaque projet ou TP nécessitant de la manipulation, tu peux être certain-e que c'est un "homme fort et courageux" qui sera appelé.

À chaque travaux de groupe, tu peux être certain-e que si tu n'es pas avec les autres filles, on va te demander si "les garçons ne sont pas trop méchants avec toi" avant de te demander si tu as besoin d'aide. À chaque fois. Dans chaque projet. Depuis toujours.

Alors qu'on est autant voir plus compétent-es que les autres. On à un cerveau pour réfléchir, des mains pour agir et on est capable. On évolue dans un milieu hostile pour nous, remplit d'hommes (cis) et on s'entraide comme on peut.

On se protège de nos camarades, ou de nos professeurs, qui ont de mauvaises intentions à notre égard. On se bats pour être reconnus. On reçoit les remarques, les regards, les réflexions. Et tout ça en plus de tout le travail que demande nos études.

C'est dur d'être une femme ou d'être perçu-e comme tel dans les sciences. C'est pour ça qu'il y en a si peu. Parce que tout le monde n'a pas les ressources pour affronter tout ça, tout le monde ne s'y essaye et tout le monde ne tient pas le coup.