S'il vous plaît, ne faisons pas semblant de voir que la question de l'aide active à mourir (vraiment je prends le terme le plus positif qui soit) n'est qu'un droit en plus qui accorde de la liberté à certains sans risques pour les autres qui n'en voudraient pas.
@hparadoxa parle assez justement de la question de la liberté face au validisme ambiant et à ce que te propose ou pas la société comme choix.
Des problèmes qui existent déjà en Belgique ou aux Pays-Bas. Qui ne sont pas des problèmes théoriques mais bien réels et pratiques.
Je vois beaucoup de personnes crier "je ne veux pas souffrir" ou "je ne veux pas que les gens que j'aime soient condamnés à souffrir". Et je crois que nous sommes tous d'accord là-dessus !
La question majeure c'est qu'est ce qu'on propose face à la souffrance.
Et si dans 20 ans, par économies cyniques, par productivisme dément et par absence d'humanité la seule solution face à la souffrance c'est la mort (offerte et sans douleur, merci le progrès), bien sûr qu'une personne en souffrance atroce choisira la mort. Et je la comprendrais.
Parce que cette personne n'aura pas eu vraiment le choix.
Alors sans doute ce ne sera pas aussi franc, mais plus insidieux. On fait déjà bien sentir aux personnes non valides le "poids" qu'elles représentent. Aux petits vieux aussi.
Et ça, ça me terrorise.
Parce que c'est tout le contraire de ce que je considère être une fin de vie digne. Ou une vie digne tout court.

Il y a un beau et grand débat à mener. Mais pour ça il faut je crois étudier chaque ramification, chaque proposition, et tristement être un peu cynique.
Être un peu cynique parce que dès lors qu'on touche au médical, dans notre pays, on touche à l'économie. Parce qu'il y a sûrement des gens en train de calculer le pour et le contre en terme d'occupation des lits, de soignants mobilisés et d'AAH et de retraite versées.
Et peut-être qu'en face il y a d'autres gens qui rangent leurs convictions en se disant que s'ils jouent bien ils peuvent gagner des votes chez les religieux pratiquants en s'opposant à la proposition tout en dézinguant l'hôpital le mois prochain, causant à terme des souffrances.
Il y a plein de choses qui se jouent derrière les propositions et les amendements, et les mises en lumière de cas célèbres ces dernières années ont aussi contribué à orienter le débat.
C'est très dur de sortir de la réaction épidermique et passionnée, mais là il le faut.
Il le faut parce que l'enjeu est immense.
Qu'il risque de concerner chacun de nous, qu'on le veuille ou non, potentiellement qu'on nous ait demandé notre avis ou non (je rappelle par exemple qu'on est désormais donneurs d'organe par défaut, ce qui est éthiquement discutable*).
*et je dis ça en étant pour le don de mes organes si mort cérébral. Donc ça ne change rien à ma vie/mort. Mais ça me semble être un bon exemple de dérive éthique d'ue option pensée comme bénéfique mais dont le choix doit être positif (= choix affirmé, pas oui par défaut).
Donc, on laisse tomber les cas célèbres et on regarde les vivants. L'ensemble des vivants. Et on s'interroge sur ce qu'on propose aujourd'hui face à la souffrance. Sur ce qui va, ce qui ne va pas. Sur ce qu'on veut proposer. Sur quel modèle de société, quel modèle d'humain aussi.
Parce que oui il y aura toujours des gens qui pourront quitter le navire si celui d'à côté leur semble mieux.
Mais globalement on va pour la plupart rester dans ce bateau qu'est la France. Qu'on le veuille ou juste qu'on n'ait pas vraiment l'opportunité de s'établir ailleurs.
Et à ce titre, c'est très important qu'on se pose la question de où on veut aller individuellement et collectivement.
De qu'est-ce que c'est qu'une vie digne. Et de quels moyens on attribue à ces très beaux objectifs que sont la dignité humaine et la minimisation des souffrances.
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