Pour ceux qui s’intéressent aux relations internationales des pays d’Afrique subsaharienne, à la politique étrangère du #Senegal, à la #Cedeao #ECOWAS, à la #Gambie#AfricanIR… Bringing the state back in (African International Relations)
La chute de Yahya Jammeh a été saluée comme un triomphe pour le peuple gambien, qui a voté contre Jammeh, et aussi pour la Cedeao, qui l’a contraint à respecter la décision populaire. C’est juste.
Mais il ne faut pas oublier le rôle central de l’Etat sénégalais dans cette affaire. Porté par une perception forte de l’intérêt national sénégalais, les acteurs étatiques sénégalais ont été décisifs. Ils ont soutenu l’opposition gambienne dès avant l’élection.
Ils ont été à la pointe du jeu diplomatique à la Cedeao et aux Nations-Unies (comme par hasard, Dakar siégeait alors au conseil de sécurité et avait le lead sur le dossier). Ils ont été au cœur de la mise sous pression militaire opérée par la Cedeao.
L’Etat sénégalais a connu au fil des années 2000 un vrai renforcement de ses capacités, aussi bien au plan diplomatique que militaire. Ce renforcement a un vrai impact sur la capacité internationale de l’Etat.
Le Sénégal a atteint avec la chute de Jammeh des objectifs majeurs de politique étrangère : la construction du pont sur la Gambie, et un affaiblissement du leader séparatiste casamançais Salif Sadio.
Le Sénégal s’est appuyé sur la France – c'est à Dakar, pas à Paris que s’est fait le jeu. Paris a suivi son allié sénégalais, considérant que ce qui est bon pour lui n’est pas mauvais pour la France. La relation entre la France et ses anciennes colonies n’est pas univoque.
Quelques remarques plus générales… Une bonne partie de la littérature sur l’Afrique dans les relations internationales discute des relations entre les pays africains et le reste du monde, et traite peu des relations des Etats africains entre eux.
Les relations extérieures entre les Etats africains sont souvent peu accessibles aux chercheurs car elles sont souvent discrètes, peu formalisées, et produisent peu de traces. Elles n’en sont pas moins essentielles, plus peut-être que les relations au reste du monde.
Une bonne partie de la recherche décrit la situation du continent comme « néo-médiévale », un bazar de souverainetés enchevêtrées...
Il y a pourtant bien des acteurs étatiques africains capables de déployer avec force une politique étrangère combinant capacité militaire, poids diplomatique et moral et jeux d’alliance pour réaliser des objectifs de long terme, perçus comme relevant de l’intérêt national...
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