Bon. Les neuneus de troll c'est marrant 2 minutes, mais la vraie médecine non charlatanesque c'est mieux.
On avait dit que l'on causerait "Hypoxie heureuse" ou "Hypoxie silencieuse" de la COVID19.
WTF "l'Hypoxie heureuse" ?
Et bien c'est cela ⬇️
On a vu quelques photos de ce genre ici, et on a en a tous vus des comme ca dans les services. Bon pas aussi spectaculaire que ca : 54% de saturation en oxygène affichée sur le scope. Et une malade à peine tachycarde, en train de
tranquillement pianoter sur son téléphone. On en a vu plein, on en voit encore, avec des saturations en oxygène assez basses (pas autant), sous plein d'oxygène, et qui sont paisibles dans leur lit, pas l'air essouflés, sur leur téléphone, ou en train de lire un bouquin, et avec
qui vous pouvez parler assez facilement. Ce que vous ne feriez pas avec un asthmatique en crise par exemple, avec le même manque en oxygène.
Bon la sémantique c'est important, et je suis très à cheval sur les termes.
En pratique le terme hypoxie heureuse est erroné.
- L'hypoxie, c'est le manque d'oxygène au niveau des CELLULES. De vos mitochondries.
- Le manque d'oxygène dans le sang, ca s'appelle l'hypoXEMIE. On devrait parler d'hypoxémie heureuse ou silencieuse.
On peut être hypoxémique sans être hypoxique (au niveau cellulaire). Et on
peut être hypoxique (au niveau cellulaire) sans être hypoxémique. Les vieux maitres distinguaient 4 types d'hypoxie tissulaire. L'hypoxie hypoxémique (pas assez d'O2 dans le sang), l'hypoxie anémique (pas assez d'hémoglobine), l'hypoxie par stase (pas assez de débit sanguin), et
l'hypoxie histotoxique (poison tissulaire gênant la mitochondrie). Mais c'est pas le sujet.
Autre point sémantique, vous ne respirez pas. Ce sont vos cellules qui respirent, au niveau de la mitochondrie. Les mouvements de vos poumons et de la cage thoracique, ca s'appelle la
ventilation. Vous ventilez avec vos voies aériennes, pour faire rentrer de l'oxygène à l'inspiration, pour permettre à vos cellules de vivre, qui vont produire du CO2 comme déchet, qu'il faudra tamponner et évacuer...en ventilant, à l'expiration.
Ces malades
qui manquent d'oxygène dans leur sang ventilent paisiblement. Trop par rapport à d'habitude. Un asthmatique, un BPCO, même une pneumonie à pneumocoque n'ont plutot pas cette tête. L'essoufflement pour faire chic à Noêl quand Papy et Mamy seront à la cuisine (qui est assez con
pour sortir un truc pareil. Oups, c'est encore quelqu'un de l' @APHP...Je n'y peux rien 😬), ca s'appelle la DYSPNEE.
Selon la définition officielle, c'est une "sensation SUBJECTIVE (= ça peut être très différent de ce que constate le médecin) d'inconfort respiratoire survenant
pour un niveau d'activité usuel, n'entraînant normalement aucune gêne). C'est subjectif. On voit déjà venir des analogies avec d'autres trucs. Comme la douleur.. Ca tombe bien, ca partage beaucoup de choses en commun. Dont certaines voies neurologiques. Et le fait que ces
sensations subjectives sont la résultante d'interactions complexes entre des phénomènes physiologiques (mesurables), mais également des phénomènes psychologiques, psychoaffectifs, socioculturels, environnementaux. Et elles vont induire d'autres phenomènes physiologiques et
entrainer des réponses comportementales.
Bon ben là quand on demande au malade comment il se sent (on ne demande jamais "ça va ?", c'est très con comme question, si ca allait le malade ne serait pas là. On demande "comment vous vous sentez ?"), il dit qu'il se sent pas trop mal,
en tout cas pas essoufflé. Et quand on le regarde "respirer", il a effectivement l'air plutôt paisible. Et ca semble discordant avec les chiffres de saturation affichés par le machin qui fait bip bip
En fait, l'hypoxie heureuse je trouve ça fascinant. Surtout parce que ca remet en cause beaucoup de pratiques et de dogme, et j'espère, ouvrira encore plus la porte au #LessIsMore, et au #Zentensivism
Mais on en parlera demain. Avant de parler de ce qui est (peut-être ?) anormal
il faut déjà comprendre le normal : comment ca marche "respirer". Où plutôt VENTILER. Parce que ça aussi c'est drôlement chouette. @totomathon tu peux corriger ou compléter si je dis des âneries hein.
Il n'aura échappé à personne que vous respirez de manière inconsciente. Si on
fait 12 cycles inspiration-expiration par minute, vous ne vous dites pas toutes les 5 secondes "gonfle tes poumons", puis de manière décalée mais aussi toutes les 5 secondes "vide tes poumons"
Tout ça c'est grâce à l'activité automatique des centres respiratoires. Qui se situent
dans le tronc cérébral. Le tronc cérébral c'est ça ⬇️
Des structures profondes entre la moelle épinière et le cerveau. Voilà une IRM de face et de profil. Toutr en bas c'est la moëlle épinière. Là où c'est noté 13,57 c'est la moëlle allongée, 1ère partie du tronc. Le truc renflé
au dessus c'est le Pont, et la 3ème partie (où c'est marqué 22,99) ce sont les pédoncules. Ces 3 machins forment le tronc cérébral. D'un point de vue évolutif c'est très primaire. Et très bien planqué tout au fond. Ca sert aux bases œuvres automatiques. C'est largement suffisant
pour vivre. Ou pour devenir professeur à l'IHU. Bon les annotations ce sont les dimensions...en millimètres. Dessinez vous sur la main un machin de 65 mm sur 25, pour se rendre compte. Ca n'est jamais une bonne idée de faire un AVC, mais je ne vous fait pas de dessin. S'il se
passe un microtruc dans cette zone la, ca peut être embêtant. Parce qu'il y a les centres vitaux. Et parce que tout ce qui part du cortex pour aller vers les bras les jambes etc...ben ca passe par là.
Donc il y a des centres. Quatre.
Deux dans la moelle allongée. Deux dans le
Pont.
Le plus basique, dans la moelle allongée, est le Groupe Respiratoire Dorsal. Ca sert à l'inspiration. Ca balance ses stimulations progressives, en "rampe", sur 2 secondes (vous n'inspirez pas par a coup brusque). Les impulsions vont innerver le diaphragme (pour le faire
descendre) et les muscles des côtes (pour horizontaliser les côtes) : la cage thoracique grossit. Cela négative un peu la pression par rapport à la pression atmosphérique. Donc l'air rentre. L'inspiration est donc active. Puis les stimulations s'arrêtent. D'un coup. Et le rappel
élastique des poumons va faire que la cage thoracique va se "réaffaisser" tout seule. De manière passive. Et ca recommence. Sans s'en rendre compte.
Il y a un Groupe Respiratoire Ventral, toujours dans la moelle allongée, qui roupille quand tout va bien, mais va devenir actif si
les besoins ventilatoires augmentent, pour accélérer l'inspiration et aussi l'expiration, qui va devenir active si besoin ou problème.
Et dans le Pont, il y a le centre dit "pneumotaxique", pour changer la fréquence respiratoire. Et le centre dit "apneustique", pour augmenter le
temps inspiratoire...parfois jusqu'à...l'apnée, comme son nom l'indique.
Ca, c'est la base.
Bien sur la neurologie c'est toujours pareil. Il y a des centres. Et il faut des signaux qui informent ces centres, ca s'appelle les Afférences. Et des trucs pour transmettre à la
périphérie ce que les centres décident en fonction des afférences susmentionnées, qui sont les Efférences.
C'est important de connaitre les afférences...parce que c'est ça qui va prévenir les centre s'il y a un truc qui déconne quelque part. Genre une pneumonie. Genre du à
un virus. Genre le Corona.
Il y a 3 grands types d'afférences : mécaniques, nociceptives (la douleur), et chimiques.
Les mécaniques sont des récepteurs de la paroi thoracique (tendons musculaires, fibres musculaires, articulations des côtes). Ca permet l'adaptation à l'exercice
par exemple. Il y a aussi des recepteurs mecaniques dans les voies aériennes qui vont réagir au "stretch", à l'étirement. Quand ca étire trop, c'est que ca gonfle trop, c'est que ca risque de péter, donc ca stoppe l'inspiration. C'est le reflexe de Hering Breuer, en vrai peu
en pratique.
Il y a des récepteurs nociceptifs, dans l'épithelium de le trachée, des bronches et des alvéoles. Ca réagit à un peu toute agression, mécanique, chimique, etc. C'est ca qui vous fait tousser par exemple. Il y a 2 grands types de fibres. Bref. (NB : une pneumonie, ca
fait de l'inflammation locale. C'est la guerre. Avec les globules blancs locaux. Ca libère tout un tas de mauvaises humeurs, chimiques, stimulantes)
Et puis, importantissime, il y a des chémorécepteurs. Chémo = chimie. 2 grands types de chémorecepteurs. Les chémorecepteurs
CENTRAUX, dans le tronc cérébral, pas loin des centres précédents, plutôt ventrolatéraux, qui réagissent surtout aux modifications de pH et de CO2 (c'est pareil). Et puis il y a les chémorécepteurs PERIPHERIQUES, dans l'aorte (surtout utiles chez l'enfant) et dans la carotide,
plus importants chez l'adulte. Les glomus. Très très vascularisés, et sensibles à l'oxygénation, et plus précisement à la PRESSION en O2 du sang, la PO2, l'oxygène dissous sous forme gazeuse (pas sur l'hémoglobine). Ces signaux remontent par 2 nerfs importants jusqu'aux centres
pour les informer de ce qu'il se passe. Et inviter ces centres à s'adapter s'il le faut.

La mise en jeu harmonieuse de ces mécanismes provoquent la respiration. Enfin, la ventilation. Ca peut être modulé en physiologie, genre à l'effort. Et bien sûr en pathologie. Et puis il
y a des communications vers le haut. Vers le cortex. Le plus haut de la bête, qui vous rend conscient de votre environnement, qui vous différencie des PU de l'IHU. Le cortx va parfois recevoir des infos. Pour vous dire je respire mal je me sens pas bien. Vous allez ressentir la
DYSPNEE. Sensation désagréable. Et vous pouvez aussi, dans des interactions du cortex vers les centres, commander votre ventilation. Genre si vous faites de la plongée, de la natation, du yoga, ou que vous vous prenez pour Pépé
Sur ce il est tard. On verra demain pourquoi certaisn de ces COVID graves sont surprenants. Et les implications thérapeutiques de cette affaire
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