Il y a bien sûr le coup de matraque dans l'anus. Il a focalisé l'attention, ce qui est logique vu sa gravité, comme certains gestes ds d'autres dossiers (genou sur la nuque pour George Floyd, plaquage ventral pour Adama Traoré, Clé d'étranglement pour Cédric Chouviat.)
Mais le débat autour de la qualification (viol, pas viol) a un peu oblitéré le reste. Et notamment les très nombreuses violences dont le jeune homme a fait l'objet tout au long de l'interpellation, et ce, jusque dans la voiture l'emmenant au commissariat.
Suite à une expertise qui écartait le viol en 2018, la patronne du syndicat des commissaires avait même fait une tribune intitulée : "la police exige des excuses !" Elle estimait que les agents était "mis hors de cause". Pour rappel, voici dans l'ordre les coups que Théo a reçus:
Un coup de poing en préambule ; un gazage à bout portant (non volontaire selon le policier) ; un coup porté avec le manche de la matraque derrière la tête alors qu'il est au sol ; le coup de matraque "pointé" dans les fesses. Au même moment un coup de poing au visage ;
alors qu'il est au sol grièvement blessé un nouveau coup pointé de matraque ; un crochet dans le ventre ; Ensuite il est menotté et assis contre un muret, il reçoit deux cousp au visage, sa tête heurte le mur ; un autre le repousse violemment, sa tête heurte à nouveau le mur ;
Puis il disparaît à des caméras de vidéosurveillance, il est avéré qu'il est au moins projeté au sol (alors qu'il est encore menotté et tjs blessé grièvement) ; il est trainé sur le sol en lui soulevant les jambes ; il est gazé à nouveau. Puis il est chargé dans la voiture...
où il dit avoir reçu des nouveaux coups : son t shirt qui n'est pas ensanglanté avant, l'est après le passage dans la voiture. Cette liste ne concerne que les gestes jugés disproportionnés. Il y a en outre tous les gestes liés à l'intervention.
Il y a donc les coups dans ce dossier, mais il y aussi bcp d'autres marqueurs des affaires de violences policières. Il y a l'humiliation : une photo de lui dans la voiture de police a été prise. Les policiers assurent que c'est pour le PV, mais elle n'apparaît nulle part...
Il y a évidemment la question du contrôle d'identité qui déclenche l'affaire. Les bases paraissent floues (aucune infraction n'a été constatée de la part de Théo qui justifierait ce contrôle). Je ne reviens pas là dessus, c'est une question en soi les contrôles, trop long ici.
Il y a le comportement de la BAC qui débarque pour prêter main forte. On a bcp parlé au moment des gilets jaunes de leur comportement en maintien de l'ordre. Des voix se sont élevées pour rappeler que ça faisait des années que ça se passait comme ça dans certains quartiers.
De ce point de vue, l'enquête du @Defenseurdroits des droits est effarante et accrédite totalement cela. Dans leurs auditions les agents de la BAC racontent qu'ils tirent ttes les semaines en banlieue avec leurs LBD ou leurs grenades et qu'ils ne remplissent jamais les fichiers.
Il y a aussi l'attitude de la hiérarchie qui revient dans les dossiers de violences. Le commissaire divisionnaire ne sépare pas les agents impliqués qui ne sont placés en garde à vue que 9h après les faits. Ils ont eu le temps de rédiger le PV d'interpellation... ensemble.
il y a évidemment le poids et le pouvoir des images. L'affaire Théo a la particularité d'être filmée en gde partie (ce qui n'est pas le cas de l'affaire Adama Traoré par exemple). Même quand ça sort du champ de la vidéosurveillance, il y a une personne qui filme avec son tél...
...et montre les violences qui se passent derrière le mur. Dans le débat actuel sur la PPL sécurité globale et le fameux article 24, c'est loin d'être anodin.
Il y a enfin la guerre de la communication. Devenue centrale dans les affaires de violences policières. J'ai parlé de la tribune de la commissaire qui exige des excuses. Il y aussi toute la com qui a été faite autour de l'affaire d'escroquerie de Théo (qui est postérieure)...
... comme si le fait que le jeune homme ne soit pas un saint changeait quelque chose à la donne. De l'autre côté, les avocats ne sont souvent pas en reste. C'est même un certain Eric Dupond-Moretti qui avait mené la charge médiatique pour Théo... avant de devenir ministre.
J'oublie certainement des choses, mais cette affaire contient énormément d'aspects au-delà du coup de matraque dans les fesses qui, faut-il le rappeler, a provoqué une infirmité à vie pour le jeune homme, ce qui explique le probable renvoi devant les assises pour les policiers.
You can follow @nicolaschapuis.
Tip: mention @twtextapp on a Twitter thread with the keyword “unroll” to get a link to it.

Latest Threads Unrolled: