Je commence à voir pas mal de résumés très synthétiques d'un article de Nature selon lequel il est faux de dire que la Terre aurait perdu "60% de ses vertébrés en 40 ans".
Car on aurait en fait des populations en déclin et d'autres pas, et les populations en déclin extrême pèseraient d'une manière excessive dans le calcul.
Seulement, ça se transforme bien vite en "il y a quelques populations en déclin et le reste est stable".
Cet indicateur n'a jamais eu pour but d'affirmer que toutes les populations de vertébrés, partout, déclinaient dans les mêmes proportions. En outre, si on compte en individus, il suffit qu'une espèce banale se maintienne pour masquer la...
... disparition de la plupart des autres. Si le passereau le plus rare du monde (le Tuit-tuit de la Réunion) disparaît, ça fait 100 vertébrés en moins, c'est imperceptible dans un calcul en individus. Pourtant, c'est une perte de biodiversité grave.
Il y a des espèces qui se maintiennent, d'autres qui régressent lentement, d'autres très vite. De grands réservoirs de biodiversité qui sont en train de s'effondrer et de rejoindre le niveau de pauvreté biologique qu'on a, mettons, en Europe...
... où, forcément, ce déclin est moindre, du coup (il ne reste déjà qu'une fraction de ce qu'on avait il y a 100 ans). Il n'y a pas à se féliciter spécialement de cette "stabilité"...
... qui d'ailleurs n'en est pas une, comme vous le savez si vous lisez ce compte régulièrement. On a perdu en 40 ans la moitié de nos chauves-souris, un tiers de nos amphibiens. On a 100 à 1000 fois moins de reptiles qu'en 1900.
"Au niveau mondial", si la France perd ses dernières couleuvres de telle espèce menacée, ça fera peu d'individus. Mais ce sera encore un signe que la France métrop. n'est plus capable d'accueillir cette espèce. Et des esp dans ce cas il y en a des tas Voir http://iucn.org 
L'article de Nature invite à ne pas faire comme si toutes les populations de toutes les espèces à toutes les échelles étaient menacées à l'identique. Merci, mais personne ne fait ça, c'est à ça que servent par exemple les listes rouges nationales, mondiales ou locales.
Ce sont elles qui indiquent aussi ce qui déconne dans les écosystèmes, quel est le point commun entre les espèces qui disparaissent d'un même élan et donc sur quoi agir.
Il reste 4000 tigres à l'état sauvage au monde: il est évident qu'en nombre d'individus pur, s'ils étaient exterminés sur-le-champ, ça représenterait quelques heures de pêche d'un chalutier.
Mais on comprend aisément pourquoi ça n'a pas la même signification écologique, la disparition du tigre ou le fait de pêcher 4000 harengs.
Bref. Ne vous laissez pas piéger par des titrailles du genre "tout ne va pas si mal, c'est juste quelques espèces qui disparaissent et le reste globalement se maintient". C'est pas vrai. Le chardonneret est en déclin en France. Le Bruant ortolan y est en danger critique.
Eux et d'autres le sont en France et en bien d'autres endroits, et comme les causes sont aussi partout les mêmes, se dire "qu'il reste des coins où c'est stable" est exactement ce qui nous a menés où nous sommes: un plancher béant ici et vermoulu ailleurs.
Vous connaissez déjà ces résultats. Ils concernent les oiseaux communs de France. Donc désolé, ils ne sont pas "un artefact mathématique engendré par ce qui se passe en zone indo-pacifique". http://www.vigienature.fr/fr/observatoires/suivi-temporel-oiseaux-communs-stoc/resultats-3413
Il y a effectivement "une majorité" d'espèces qui ne déclinent pas ou peu; le déclin n'est "que" de 40% en 30 ans pour les agricoles; il n'y aurait qu'un peu moins de la moitié des espèces qui disparaîtraient... On peut en dire des choses en jouant sur les mots!
Mais ça veut dire qu'on ferait sauter les bouchons parce que seules 30 à 40% des espèces seraient menacées? Que les déclins ne seraient que de 30 à 40% en 50 ans et pas de 60?
Paie ta bonne nouvelle.
Bref, à vous de voir si vous choisissez de vous plonger, COMME le recommande l'article de Nature, dans les études locales précises pour vous faire une idée, ou de dire "finalement tout va bien, vous avez menti!" puis dans 20 ans "vous ne nous aviez pas prévenus!"
Encore un PS: il y a aussi le problème de la qualité des connaissances. Quand on ne sait pas, on n'affirme jamais un déclin non documenté par un calcul. On dit stable. Mais ce qu'on constate, c'est que plus on affine notre connaissance de la situation, pire elle se révèle.
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