[médicaments, mort, suicide, viol, etc...]

Bon. Je vais essayer de l'expliquer un peu. Pour être entière honnête, je ne sais pas trop pourquoi je le fais mais je me dit que quoiqu'il arrive ça pourrait peut-être aider quelqu'un d'autre ... https://twitter.com/GamaV_/status/1329859389918941184
Donc hier j'avais rdv chez mon psychiatre pour le suivi de mon traitement pour le TDAH, et ça m'angoissait d'y aller parce que j'avais peur qu'il refuse d'augmenter ma dose et surtout parce que ces derniers temps l'état de ma santé mentale a été tellement catastrophique
que je pensais qu'il allait me prescrire des nouveaux trucs au lieu de se concentrer sur mon traitement en cours, voire même de m'interner pour mon bien. Alors j'y suis allée en ne sachant pas trop quoi lui dire pour qu'il se concentre sur mon traitement sans lui mentir non plus
ni lui en cacher trop. Donc début de la séance, je m'assieds et il me demande "alors, comment allez vous ? Comment vous sentez vous ces derniers temps ?"

Et là il a tout de suite su à mon regard gêné, mon soupir et mon "ouhlaaa" que ça n'allait pas bien.
J'ai donc essayé de lui décrire mon état mental actuel, mais le problème c'est qu'en ce moment beaucoup de choses qui me posent problème sont surtout des retours d'anciens traumas. Alors j'ai commencé par le rassurer en lui disant que les raisons pour lesquelles ça n'allait pas
La dernière fois qu'on s'est vus allaient mieux (càd les douleurs nerveuses, les chutes soudaines de tension, les malaises etc... Qui ont pu être apaisées grace à des anxyolitiques). Mais que récemment les difficultés étaient plutôt d'ordre émotionnel qu'autre chose.
Et pour qqn qui souffre d'hypersensibilité émotionnelle (oui, c'est un symptôme du TDAH 🙃) j'avais vraiment beaucoup à dire. Donc j'ai passé le reste de la séance presque à lui expliquer la backstory de tous mes traumas et difficultés émotionnelles récentes parce que autant
ce sont des choses que je partage avec ma psy, autant je n'ai jamais l'opportunité de trop en parler de ça avec mon psychiatre. Et ça faisait très bizarre d'ailleurs de lui dire tout ça. Parce que plus j'en disais plus j'avais l'impression qu'il y en avait à dire et je n'ai même
pas tout partagé. Par exemple je n'ai pas été en détail sur mes TS et toutes les autres fois où j'ai songé au suicide (qui en ce moment d'ailleurs est vraiment qqch de constant et quotidien). Je ne lui ai pas parlé de mes viols, ni de l'impact de la transphobie sur mon estime de
moi et sur mon anxiété déjà grande. Mais après que j'ai fini de lui expliquer en détails très grossiers (j'avais pas tout le temps du monde pour élaborer et j'avais pas non plus envie de trop pleurer en ressassant des choses aussi douloureuses) il a répondu.
"Ah oui, en effet ...
Ça fait quand même vraiment beaucoup de choses particulièrement douloureuses et difficiles sur le plan social et émotionnel, je sais pas si vous vous rendez compte mais c'est vraiment 6 à 8 mois particulièrement durs que vous venez de traverser" (note : je ne lui ai pas partagé
les origines plus anciennes de mes traumas donc en vérité ça fait quand même plutôt 14 ans difficiles émotionnellement dont les 4-5 derniers qui ont vraiment été beaucoup plus douloureux que le reste, et il faut garder à l'esprit que mes troubles psy n'ont fait que tout empirer
à chaque étape). Il continue : "Et malgré tout, je trouve qu'avec tout ce que vous avez à affronter, que ce soit au niveau de votre cohabitation, vos amours, votre travail, votre famille [surtout en référence à la mort récente de mon grand père qui a été très difficile parce
qu'elle a vraiment mis à l'épreuve mes limites et mis en exergue les raisons pour lesquelles j'allais déjà mal avant] et tout le reste, EN PLUS de vos troubles, je trouve que vous gérez quand même plutôt bien la situation. Je dis pas que c'est facile, mais au moins vous êtes
toujours là, et vous continuez d'avancer malgré tout"
Et c'est à ce moment là que je me suis vraiment sentie prise entre deux sentiments contradictoires.
D'un côté ça me faisait un bien fou de l'entendre, et c'était le premier mot vraiment consolateur que j'avais entendu de toute
la journée. Et ça me faisait comprendre ce que ma psy m'avait déjà dit auparavant mais en d'autres termes : qu'à leur yeux j'ai toujours su faire preuve d'une resilience incroyable pour faire face à tout ça et que je suis pleine de ressources et plus forte que laplupart des gens.
Mais d'un autre côté... Je n'aime pas entendre ça non plus. C'est bien que je sois assez forte pour avoir pu affronter tout ce que j'ai affronté, mais j'aimerais ne pas avoir à l'être. J'aimerais juste ne pas avoir eu à affronter tout ce que j'ai affronté. Et ça veut aussi dire
que en cas de problème je suis souvent la première et la seule personne vers qui je peux réellement me tourner pour essayer de m'en sortir. C'est d'ailleurs une autre chose qu'il a remarqué, que les deux sentiments dominants à travers tout ce que je lui racontais c'était
la solitude et la frustration. La frustration de pas réussir à m'en sortir peu importe mes efforts, peu importe mes sacrifices personnels. Oui parce que certes, j'ai survécu jusqu'ici et je continue d'avancer, mais ça a eu un prix : je pe sens constamment au bord du gouffre, à
deux pas du suicide, de l'épuisement total, ma santé physique en a aussi pas mal souffert parce que j'ai souvent tendance à survivre en me négligeant beaucoup, moi et mes besoins, en ignorant mes symptômes quand je les sens pourtant s'aggraver, parce que j'ai d'autres choses à
gérer et que je ne peux pas m'occuper de tout en même temps. Inutile de dire que mon estime de moi a été complètement annéantie par tout ça, malgré mes meilleures tentatives pour me convaincre que je méritais quand même la vie et le bonheur, je n'y arrive toujours pas.
Et la solitude parce que mon quotidien ces dernières années a été caractérisé en large par un sentiment de solitude écrasant, le sentiment que même si des gens me disent que je compte pour elleux, je n'arrive pas à trouver la place dans mon quotidien pour qu'iels soient
réellement présent·e·s et que je puisse être présent·e pour elleux aussi. J'ai besoin de vivre entouré·e de gens qui me veulent du bien, et je n'ai jamais vraiment eu ça depuis que je vis à Paris.
Et voilà aussi où je voulais en venir. Oui j'ai fait beaucoup d'efforts et j'en ai
sûrement encore beaucoup à faire, ne serait-ce que pour être plus proche physiquement et affectivement parlant des personnes qui comptent le plus pour moi. Mais aussi quand on me dit "prends soin de toi" je le fais, mais je ne le fais plus pour moi, je le fais pour les autres
parce que c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour rester motivée à continuer. C'est pour vous, c'est pour les gens que j'aime. Et quand on me dit de prendre soin de moi, il y a une légère amertume dans ma bouche... Parce que je fais déjà de mon mieux et je n'y arrive pas.
Et parce que je ne peux pas en faire plus. Et que pour une fois. Pour UNE fois. J'aimerais aussi qu'on prenne soin de moi. J'aimerais aussi avoir le droit d'être vulnérable, fatiguée, d'avoir le droit de pleurer, d'avoir des bras pour m'enlacer et une épaule sur laquelle poser
ma tête. Je veux avoir des gens qui font partie de mon quotidien à qui je peux me confesser quand ça va pas. Je veux qu'on me montre que j'ai de l'importance pour les autres pas à travers des longs messages ou des grands gestes occasionnels. Mais des petites choses insignifiantes
des petits moments passés ensemble, une blague partagée, un mot gentil, un compliment par-ci par-là. En fait, je veux juste un minimum de réconfort pour servir de contre poids à tout le reste. Ces deux dernières années, les principales personnes qui ont fait partie de mon
entourage "quotidien" ne m'ont rien apporté de tout ça, et non fait qu'appuyer (volontairement ou pas) sur mes complexes et les sources de mes traumas pour profiter de moi et me traiter avec peu de considération.
Et je n'en veux plus. J'ai parfaitement conscience que ce que je
dis peut sonner comme un caprice égoïste, mais quand les coups durs de la vie sont trop forts et trop répétés, et que les choses positives sont trop rares et pas assez importantes pour me permettre de remonter la pente, je pense que j'ai aussi le droit d'exiger un environnement
sain dans lequel je pourrais m'épanouir réellement.
Voilà. Je ne sais pas trop quoi ajouter de plus et je ne sais pas non plus comment finir ce thread, je vais le laisser là pour le moment, et si je pense à qqch que j'aurais oublié, je le rajouterai en dessous...
Merci d'avoir lu
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