[Thread : les descriptions]

Bon, vous allez bien ? Je me suis dit : c’est dimanche, faisons un thread sur les descriptions. Donc, commençons par les règles de sécurité (on est sur Twitter quand même).

*pose sa main droite sur le Larousse*
« Moi, Ian, affirme que tout ce qui se trouve dans ce thread est mon avis personnel, issu de ma propre expérience. Je ne détiens aucune vérité absolue. Ce thread est là pour offrir des outils à ceux/celles qui veulent les utiliser. »
Allez, c’est parti.
*attrape la craie et fixe le tableau noir*

1 ) Une description, ça sert à quoi ?

Bah… à décrire. Passons au deuxième point… ah, une question au fond ?
« Vous pouvez développer ? »
Très bien, pourquoi décrire ? Tout simplement pour permettre aux lecteurs de s’imaginer un personnage, un lieu, une ambiance. Une description c’est offrir aux lecteurs l’assimilation à l’histoire, le transporter dans le livre en quelque sorte.
Une bonne description incitera les lecteurs à s’imaginer dans la peau de vos personnages, à ressentir ce qu’ils ressentent, à frissonner quand ils ont froid, à suer quand ils ont chaud, à sentir le parfum de la menthe ou le gout d’une fraise.
Voilà le but d’une description, offrir un voyage sensoriel. Ce qui me permet d’enchainer sur le second point.
2) Les cinq sens

Oui, Paul ?
« Je sais déjà ça, Monsieur ! Vous en aviez parlé l’année dernière ! »
En effet, mais une petite piqure de rappel ne vous fera pas de mal, Paul. Donc, les cinq sens. Oubliez le cinéma, la télévision.
Ces deux outils sont un fléau. Ils n’ont pas leur place ici. Vous avez été formatés à croire qu’une description c’est des images et du son. Alors, les cinq sens : Vue, Ouïe, Goût, Odorat, Toucher, voilà les seuls outils dont vous avez besoin.
Ne décrivez pas la rose uniquement comme une fleur rouge, jaune, blanche, ou qu’en sais-je encore comme couleur.
Faites-moi sentir son parfum, laissez-moi sentir la douceur de ses pétales alors que j’y plonge mon nez, la piqure de ses épines sur le bout de mes doigts.
Alors, attention à ne pas sombrer dans l’excès avec les cinq sens. Vous n’avez pas besoin de décrire chaque sensation du personnage sinon vous allez vous retrouver avec des passages longs et ennuyeux.
Si à chaque fois que votre personnage lève son calice, vous décrivez la fraicheur de la coupe, et le parfum du métal, ça va vite devenir étrange. Nous voilà avec le troisième point.
3 ) Faire preuve de parcimonie

Baissez votre main Paul, j’y viens…La parcimonie se définit par l’épargne ou l’économie.
À ne pas confondre avec « le principe de parcimonie », ou « Le rasoir d’Occam ».
https://fr.wikipedia.org/wiki/Rasoir_d%27Ockham
Alors, pourquoi parler d’épargne ou d’économie dans un thread sur la description ?

Pour une raison très simple : ne pas se répéter pendant tout le roman.
Voyez chaque description comme une image sensorielle. Une fois que cette image est utilisée, il faut éviter de la réutiliser deux pages plus loin. Je ne dis pas qu’il est interdit de réutiliser une image sensorielle, mais qu’elles doivent être utilisées avec retenue.
Si votre roman se passe en hiver et que vous lâchez un « Il faisait froid » à chaque description, cela pendant dix chapitres d’affilés, le lecteur va se lasser. Ce qui ne vous empêche pas de décrire la fraicheur pour autant, utilisez simplement une autre image sensorielle.
Dans le cas de la fraicheur pourquoi pas « Un vent nordique passa dans le creux de sa nuque et lui arracha un frisson ; l’hiver était déjà bien installé. », ou encore « la nuit fut glaciale, comme en témoignaient les stalactites qui pendaient des gouttières. ».
Faites preuve de retenue dans vos images. Ne dévoilez que ce qui est nécessaire. Ne vous perdez pas à vouloir décrire chaque détail d’un lieu, au risque d’utiliser toutes vos cartes d’un coup.
Donnez-en assez pour plonger le lecteur dans votre idée, mais pas trop pour qu’il ne s’y perde pas. Point suivant.
4 ) Imbriquer les descriptions dans l’action et l’émotion.

Il est possible de lire de longues tirades d’images descriptives où rien ne se passe. Quand je dis, rien, c’est que la scène semble fixe à la lecture.
Prenons un exemple cliché : « Ses yeux étaient verts. Ses cheveux blonds, bouclés. Elle portait une longue robe blanche. Elle se trouvait dans la prairie qui faisait face au palais. »
Bon ! je vais être direct, ça c’est le genre de descriptions qui me font refermer un livre.
Pourquoi ?
Parce que si je voulais lire un portrait-robot, je bosserais à la criminelle.
Je précise quand même que je lis très peu de descriptions comme ça, mais cela arrive.
« Mais dans cette image, la dame est fixe non ? Comment on peut insérer de l’action si le personnage n’en fait aucune ? »
Bonne question Paul, comment insérer de l’action quand le personnage n’en fait aucune ?
Si le personnage ne bouge pas, on crée l’action avec ce qui l’entoure et avec les émotions.
Qu’est-ce qui entoure notre dame, ici ? Une prairie, possiblement des fleurs, possiblement du vent, des odeurs, des frissons.
Que regarde-t-elle ? Le palais ? La prairie ?
Quelle est la matière de sa robe blanche ? Est-elle rugueuse ? douce ? Quelle image du palais perçois-t-elle ? Quelle émotion vit elle à cet endroit et en cet instant ? A-t-elle peur ? Est-elle amoureuse ? Pleure-t-elle ?
A-t-elle envie d’hurler sa rage au monde ? Veut elle fuir ? Ses jambes tremblent-elles parce qu’elle hésite à courir dans le lointain ?
Ne vous basez pas uniquement sur les mouvements de votre personnage pour créer l’action, utilisez le décor entier.
Et tout aussi important, pensez à utiliser les émotions. Un aspect qui mériterait un thread entier d’ailleurs.
« Vous ne voulez pas nous corriger cette description, Monsieur ? »
Faites-le-vous-même, si vous avez bien suivi depuis le début, vous en êtes capables.
5) Lire.

Lisez ! C’est l’unique moyen de trouver des images sensorielles à utiliser.
« Et que doit-on lire ? »
Tout ce qu’il est possible de lire.
J’ai une préférence pour la fantasy et ses décors et paysages somptueux, ainsi que les poésies (notamment pour les images de la poésie). Mais lisez… qu’importe le genre. Vous trouverez dans les livres plus de savoir que quiconque vous en dispensera.
Ce travail là c’est à vous de le faire, pas à moi.

Je peux vous donner les outils, à vous de chercher la matière.
Ce sera tout pour cette semaine. Je n’ai pas grand-chose à rajouter. Ce n’est rien de bien tordu ce que je dis, c’est ce que je fais constamment avec mes propres écrits.

Est-ce que j’ai raison de fonctionner ainsi ? Je l’ignore totalement.
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