[THREAD] La place de la femme turque au sein de la société turque à travers les siècles

Quand on remonte aux toutes premières populations turques de l’Histoire, on voit que la femme avait une place très importante dans la société. Le terme “femme” était rattaché à deux autres termes : “mère” et “héroïsme”.

En effet, la femme turque savait monter sur le cheval, utilisait des armes et participé aux guerres.

De plus, la femme était au centre de la famille, fondement de la société selon les Turcs. Selon eux, plus la famille était forte, plus la société l’était également. Malgré les guerres et les migrations, la forte structure familiale a permit de préserver l’unité du peuple Turc.

Quand on regarde la structure familiale chez les anciens Turcs, on rencontre très fréquemment la monogamie. Cependant, les dirigeants se permettaient parfois de prendre une deuxième femme (souvent une princesse venue de Chine) pour des raisons diplomatiques.

Mariage et famille ont toujours été très important aux yeux des Turcs. Le mariage se faisait en fonction des directives de la mère de la mariée. La famille étant le fondement de la société, sa destruction (le divorce) était très mal vue et on faisait tout pour l’empêcher.

Une relation de confiance et de complémentarité s'établissait entre la femme et l’homme. L'un ne pouvait pas faire sans l'autre. Il n'y avait pas de notion de supériorité ou d'infériorité. Cependant, il faut noter que la femme était la maîtresse du foyer.

La femme turque avait de très haute responsabilité. Le Khan dirigeait le pays avec sa femme. Le premier traité entre la Chine et l’Empire Hun a été signé par la femme de Mete Han.

(Mete Han, fondateur de l'Empire Hun d'Asie)

Lors de l’accueil des diplomates ou des festins, la femme du souverain devait obligatoirement se trouvait à ses côtés, à gauche précisément. Elle écoutait la conversation et pouvait y prendre part en donnant son avis. Elle pouvait même participé au conseil militaire.

Chez les Göktürk et les Uygur, la femme du Khan prenait les décisions avec ce dernier. Par exemple, dans les écritures de l’Orkhon, on rencontre souvent “la décision du Khagan et de la Khatun”.

Sur ces écritures, on peut lire cette phrase très représentatif de la place politique/sociale de la femme turque: “Dieu a élevé au trône mon père Elterich Khagan et ma mère Elbige Khatun afin de faire des Turcs un peuple (uni), d’éviter leur destruction.” https://twitter.com/_kuscu_ali/status/1320139247941226503?s=20

De nombreuses femmes turques ont pu diriger leur pays à travers l’Histoire.
Par exemple, après la mort de son mari Barak Khan, Bogarik Khatun a dirigé les Sabires. Elle est notamment connue pour son caractère guerrier en écrasant avec son armée l’armée byzantine de Justinien Ier.

Après la conversion des Turcs à l’Islam, la place importante de la femme est préservée encore pendant des siècles. La femme turque a préservé un grand rôle politique dans les différents états Turcs Musulmans.

Dans l’Empire Seldjoukide, la femme de l’empereur ne restait pas à ses côtés mais vivait dans un palais d’une autre ville parfois très éloignée du palais impérial. Elle avait de très large responsabilité régionale, avec une organisation administrative et militaire spéciale.

Par exemple, Terken Khatun, la femme du seldjoukide Melik Shah, avait eu une influence prépondérante, et avait pris de nombreuses initiatives politiques avant de régner sur l’Empire seldjoukide pendant 3 ans. (on peut voir tout ça dans la série Uyanış: Büyük Selçuklu)

Cependant, lorsque les tribus turkmènes sont arrivées en Anatolie, ils ont subi plusieurs changements socio-politiques: la division des tribus et leur dispersion incohérente, la mise en avant de la langue et de la culture persane etc…

Tous ont été des facteurs ayant affecté le statut de la femme turque anatolienne.

Toutefois, elle reste maîtresse de la famille et continue de participer aux combats. Les femmes turques anatoliennes ont formé une milice uniquement composée de femmes (première dans l'Histoire), “Bacıyân-ı Rûm” (“femmes d’Anatolie”), pour combattre les Mongols et les Byzantins.

Cette organisation permettait aussi aux femmes turques d’accéder à une éducation et d’avoir des métiers variés de comme leur mari. Elle permettait la diffusion de la langue turque, de la culture turque, et de la compréhensions islamique turque auprès des femmes turques d'Anatolie

Aux débuts de l’État ottoman, la femme du Bey ne restait pas au palais et s’impliquait dans la vie socio-politique et discutait avec des hommes étrangers. Par exemple, la femme de Orhan Bey Nilüfer Khatun a accueilli le voyageur maghrébin Ibn Battuta et lui a offert des présents.

De nombreuses autres femmes turques ont eu des rôles importantes dans la dynastie ottomane. On sait qu’elles se sont engagées dans de nombreuses guerres d’influence dans le palais ottoman.

Le peuple Turc (rouméliote ou anatolien) a, quant à lui, essayé de préserver tant bien que mal la culture turque à travers les siècles, malgré une influence (plus ou moins forte) iranienne, puis arabe, puis dans une moindre mesure, française.

(femme turque en habit traditionnel)

La femme turque, surtout en milieu rural, a préservé la plupart de ses libertés d’antan. Les traditions turques telles que les cérémonies de mariage, la monogamie, la femme maîtresse du foyer, etc… ont été plus ou moins préservé.

Pour reprendre globalement, la femme turque depuis l'origine avait une grande valeur aussi bien au sein du peuple qu’au sein de l’État. Elle participait plus ou moins activement à la vie socio-politique selon les périodes.

Malheureusement, aujourd’hui, les Turcs oublient leur passé, leur culture et leurs traditions. Si le Turc réapprend son histoire et s’approprie ses coutumes, la femme turque retrouva également la place qu’elle mérite.

Dans le monde d’aujourd’hui, la femme est la cible de l’ignorance et de la société de consommation. De plus, on essaie d’opposer la femme et l’homme comme s’ils étaient en compétition, alors qu’au contraire, l’homme et la femme sont complémentaires.

L’institution familiale préserve sa place fondamentale dans une société. Une institution familiale forte ne peut s’élever que grâce à la femme éduquée et respectée.