Un petit thread pour vous raconter le BUT (Bachelor Universitaire de Technologie). C'est le diplôme de 3 ans qui va remplacer le DUT à partir de la rentrée 2021 (pour les entrants en 1ère année). Le DUT concerne actuellement un peu moins de 10% des lauréats du bac. 1/n

Le DUT a actuellement une place intermédiaire dans les formations post-bac. Les étudiants qui y entrent hésitent souvent entre études supérieures courtes (bac+2/+3) ou longues (bac+5) pour diverses raisons (moyens financiers, intérêt pour les études, etc.) 2/n

90% des diplômés de DUT poursuivent leurs études, vers un diplôme bac+3 (exemple: une licence professionnelle) ou vers un diplôme bac+5: L3 puis Master, école d'ingénieur (souvent en apprentissage). 3/n

Choisir le DUT est souvent un choix rassurant pour les étudiants: ils se spécialisent dans un domaine et une famille de métiers (moins qu'en BTS, plus qu'en licence ou en classe prépa), et gardent presque toutes les portes ouvertes. 4/n

Pourquoi réformer ? C'est pas complètement clair (et je n'ai pas eu connaissance d'une commande claire du MESRI). Le rapport de R. Dalle et F. Germinet ( http://blog.educpros.fr/julien-gossa/files/2019/02/RapportConcertationProfessionnalisation.pdf ), commandé par le MESRI, est une lecture intéressante. 5/n

Il se termine par ce tableau récapitulatif (les ajouts en rouge sont de moi). Bien sûr, il faut d'abord rappeler que c'est la conclusion du rapport, pas ce que le MESRI a décidé ensuite. 6/n

La proposition du rapport est de clarifier le premier cycle post-bac, avec 3 filières. D'abord, la filière professionnelle (BTS), destinée aux bacs pros et aux 50% des bacs technos les moins forts, formant à un métier, avec une sortie à bac+2. 6/n

A l'opposé, la filière générale (licence générale, probablement aussi CPGE), destinée aux bacs généraux, avec une sortie quasi-systématique à bac+5. 7/n

Et au milieu, le BUT (ou généralement les licences professionnelles), avec les 50% de bacs technos les plus forts (contre 30% de bacs technos en DUT actuellement), et les bacs généraux faibles. Et 50% de sortie vers le monde professionnel à bac+3, 50% de poursuite d'études. 8/n

Comment acceuillir plus de bacs technos, tout en laissant de la place aux bacs généraux faibles ? C'est très bien expliqué par @JulienGossa dans ce thread https://twitter.com/JulienGossa/status/1186575200097312768 . 9/n

En résumé, on baisse le niveau du BUT par rapport au DUT, ce qui le rend moins attractif, donc il attirera moins de bons bacs généraux, ce qui libère des places pour les bacs généraux faibles. 10/n

Comment baisse-t-on le niveau du BUT par rapport au DUT ? En baissant le volume horaire du BUT par rapport à DUT+LP, et les exigences. Le projet d'arrêté, avant modification par le CNESER, indiquait que le BUT doit garantir la réussite d'au moins 70% des bacs technos. 11/n

Je suis partagé sur cette réforme. D'un côté, le paysage du premier cycle universitaire est compliqué. Les lycéens et leurs parents ne le comprennent pas bien (en particulier les lycéens dont les parents ne connaissent pas bien le système). 12/n

D'un autre côté, si le DUT est (trop?) attractif, c'est qu'il fonctionne bien. Dommage qu'on ne constate pas simplement que ça marche, et qu'il faut se mettre en capacité d'y acceuillir plus étudiants, en y mettant plus de moyens (</bisounours>). 13/n

Cette réforme est complexe. Je pense que c'est une erreur de considérer que c'est juste une fusion du DUT et de la LP, ou un étalement du DUT sur 3 ans. C'est un nouveau diplôme, avec de nouveaux objectifs, et une nouvelle manière de concevoir la formation. 14/n

D'ailleurs le rapport de R. Dalle et F. Germinet soulignait que ce nouveau diplôme n'a plus grand chose à voir avec le DUT, et que le diplôme intermédiaire délivré à bac+2 ne devrait pas s'appeler DUT (finalement, il s'appellera bien DUT, peut-être pour faire diversion ?). 15/n

De plus, les DUT (et les BUT) s'inscrivent dans un cadre national, avec un programme national (même s'il y a 1/3 d'adaptation locale possible pour le BUT). Tout doit être discuté entre départements d'IUT. C'est un processus utile et intéressant, mais qui est forcément long. 16/n

Ce processus a été lancé à l'automne 2019, avec l'objectif d'accueillir les premiers étudiants en septembre 2021 (et donc, d'être prêt pour Parcoursup début 2021). Le calendrier paraissait intenable dès le début, mais n'a presque pas évolué malgré la crise sanitaire. 17/n

Tout ce processus d'ingénierie de formation s'inscrit dans "l'approche par compétences", comme motivé dans la note de cadrage du 21/07/2020 sur l'écriture des programmes de BUT. 18/n

Attention, il ne s'agit pas simplement de réfléchir aux compétences visées en fin de formation, puis de vérifier qu'on a bien les enseignements qui y amènent (ce qui est sain). Dans le BUT, les compétences sont le principal élément structurant du programme pédagogique. 19/n

On définit des blocs de compétences (avec des niveaux intermédiaires). Chaque niveau de bloc se décline en Apprentissages Critiques. Les blocs de compétences deviennent les UE du programme, regroupant des modules et des SAÉ. 20/n

Tout ça se fait en suivant à la lettre l'approche du LabSET, un laboratoire de Liège spécialiste de l'approche par compétences. Je partage les vidéos qui nous ont été transmises pour nous former.



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Les compétences sont aussi centrales dans l'évaluation. Il y a des SAÉ (Situation d'Apprentissage et d'Évaluation) où les étudiants réalisent des "tâches authentiques" et enrichissent progressivement leur "portfolio de compétences". Regardez la 2ème vidéo pour les détails. 22/n

Tout ça pose beaucoup de questions, par exemple sur la place des enseignements transversaux (maths, anglais, ...) qui ne rentrent bien dans aucun bloc. Et je ne parle pas de leur évaluation. J'avoue que je n'ai pas tout compris. 23/n

Par ailleurs, chaque BUT (Informatique, Réseaux & Télécom, ...) est constitué de plusieurs "parcours", correspondant des à blocs de compétences différents, ou à des niveaux différents à atteindre pour les mêmes blocs. 24/n