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Pourquoi le "protocole renforcé", dont Jean-Michel Blanquer a évoqué les contours ce soir, tient surtout de la poudre aux yeux ?
Explications, notamment, mais pas seulement, pour celles et ceux qui ne connaissent pas bien le monde merveilleux de l'Education Nationale
Explications, notamment, mais pas seulement, pour celles et ceux qui ne connaissent pas bien le monde merveilleux de l'Education Nationale
Beaucoup de mesures évoquées par le ministre peuvent paraître "de bon sens" à qui ne connaitrait pas bien les établissements scolaires.
En réalité, elles sont pour l'essentiel soit inutiles, soit impossibles à mettre en oeuvre, soit pire... contre-productives.
En réalité, elles sont pour l'essentiel soit inutiles, soit impossibles à mettre en oeuvre, soit pire... contre-productives.
Alors on commence par ... la cantine.
Point de vigilance important, puisque les élèves y sont sans masque et que le bruit peut favoriser les contaminations.
La solution ? "1 mètre de distance" donc.
Ce qui est d'un côté très insuffisant et de l'autre ... impossible.
Point de vigilance important, puisque les élèves y sont sans masque et que le bruit peut favoriser les contaminations.
La solution ? "1 mètre de distance" donc.
Ce qui est d'un côté très insuffisant et de l'autre ... impossible.
Insuffisant, parce que les aérosols se moquent bien des centimètres et peuvent se diffuser aisément dans l'ensemble d'une pièce, surtout sans masque et avec du bruit, comme le montre bien cet article. https://elpais.com/ciencia/2020-10-24/un-salon-un-bar-y-una-clase-asi-contagia-el-coronavirus-en-el-aire.html
Impossible, parce qu'on réduit ainsi fortement le nombre d'élèves qui peuvent manger en même temps. Faire manger tous les élèves demi-pensionnaires pourrait alors prendre 4, 5 ou 6h.
Allez, on continue. "Les élèves ne changeront pas de classe, ce sont les professeurs qui se déplaceront". En voilà une bonne idée ! Séduisant sur le papier. En pratique... très très compliqué
Parce que les élèves ne sont pas en groupe classe toute la semaine : demi-groupe, cours de langue, options multiclasses, groupes de spécialité au lycée etc. Les configurations sont en fait très nombreuses.
Avec la réforme, certaines classes de 1e et de terminales ne se voient en "classe entière" que pendant... 6h par semaine.
Ajoutez à cela les cours qui demandent des salles particulières : technologie, SVT, Physique-Chimie etc.
En sachant que ces salles sont en nombre limité dans l'établissement. Et il faudra donc forcément que les élèves bougent. Au moins un peu.
En sachant que ces salles sont en nombre limité dans l'établissement. Et il faudra donc forcément que les élèves bougent. Au moins un peu.
Et est-ce d'ailleurs une si mauvaise idée ? Car rester dans la même salle pendant toute la journée cela veut dire... remplir ladite salle d'aérosols toute la journée. La durée est un facteur aggravant pour le Covid. Dans l'idéal on veut donc que les élèves bougent.
Ce qui nous amène à ... la récré dans la salle de classe. Pour les mêmes raisons, cela ne semble pas franchement une bonne idée. On aurait peut-être davantage envie que les élèves aillent s'aérer dans le grand air qui disperse les aérosols.
Ah oui, mais qui dit récré dit brassage. Et JMB l'a dit, il faut "éviter le brassage". Arrivées décalées, départs décalés, récré décalées : autant d'idées séduisantes. Sauf que... cela supposerait de revoir grilles horaires et emplois du temps.
Et emploi des temps et grille horaire, cela signifie au bas mot des semaines de travail. C'est tout sauf quelque chose que l'on peut changer d'ici lundi.
D'ailleurs tout ça pour quoi ? Eviter le brassage. Avec une conception de l'épidémie où le virus se transmettrait par des contacts brefs et rapprochés. Alors que tout ce que l'on sait pointe vers des contaminations qui ont lieu sur la durée, sans être forcément très proches.
On en vient à se demander : le ministre parle-t-il du même virus que nous ? Et un gros doute plane lorsqu'on l'entend parler régulièrement de ... désinfection. Alors que les contaminations via les surfaces planes sont a priori très faibles.
Mais si, on parle bien du même virus : le ministre a dit d'"aérer". Et aérer, face au Covid c'est LA grosse priorité. Alors allons-y, on va aérer.
Sauf que là il y a un souci : un grand nombre de fenêtres de nos établissements... ne s'ouvrent pas. En partie pour des raisons de sécurité. Du coup ce point essentiel ne peut guère être assuré.
Au final, quasiment aucune mesure opérationnelle, beaucoup de casse-têtes en perspective et pire, des propositions qui semblent parfois en décalage avec ce qu'on sait du virus.
Le protocole risque donc de se réduire à peau de chagrin. Et alors que l'épidémie galope, le risque pour les personnels, les élèves mais aussi l'ensemble de la société semble très important. Car si l'épidémie prospère à l'école, elle se diffusera aussi dans la société.
Les acteurs de l'école sont pourtant presque tous d'accord : il faut tout faire pour éviter une fermeture totale et ses effets catastrophiques. Mais cela supposerait de faire les efforts nécessaires pour s'adapter. Des efforts que l'on attend... depuis des mois.
Je vous vois vous demander : mais peut-on faire autrement ? Et la réponse c'est : oui.
Et il y a des gens qui ont des propositions. Qui pour certaines sont sur la table depuis des mois... https://www.sgen-cfdt.fr/actu/deuxieme-vague-de-covid19-et-service-public-education-et-enseignement-superieur/
Et il y a des gens qui ont des propositions. Qui pour certaines sont sur la table depuis des mois... https://www.sgen-cfdt.fr/actu/deuxieme-vague-de-covid19-et-service-public-education-et-enseignement-superieur/
Mais en attendant, le ministre semble davantage préoccupé par la communication, que par la réalité.
