Dans les années 1990, de nombreux dirigeants ont embrassé la rhétorique des "valeurs asiatiques", selon laquelle le développement du capitalisme pouvait s'y faire contre les droits humains, à cause de leur "culture".
Mahathir Mohamad était une tête de pont de cette thèse. https://twitter.com/chedetofficial/status/1321765587530338304
Mahathir Mohamad était une tête de pont de cette thèse. https://twitter.com/chedetofficial/status/1321765587530338304
Les pays occidentaux ont pendant la période non seulement commercé, mais défendu le commerce avec ces dirigeants, fermant les yeux sur la répression à laquelle ils se prêtaient, et légitimant l'idée que les opposants réprimés ne représentaient pas cette "culture".
L'idée était alors simple : la realpolitik nous impose de soutenir des dirigeants autoritaires parce que leurs politiques permettent le développement de la mondialisation néolibérale que nous souhaitons.
https://www.margaretthatcher.org/document/106013
https://www.margaretthatcher.org/document/106013
Mohamad a toujours utilisé son nationalisme et des discours "critiques" de l'Occident (et notamment des valeurs démocratiques que celui-ci était censé représenter contre les "valeurs asiatiques") pour justifier ses propres pratiques de répression.
Cet "Occident" et particulièrement les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont toujours soutenu cette ligne politique, qui servait leurs intérêts. Il sert en cela de modèle à d'autres "hommes forts" de la région, comme Rodrigo Duterte, qui présentent la même ligne politique.
S'il est impossible de dire que les anciennes puissances coloniales ont "fait" des leaders comme Mohamad, il est également impossible de dire qu'elle ne les ont pas consolidés, et ne continuent pas à en consolider d'autre, souvent directement contre leurs propres peuples.
Ce n'est pas une guerre de civilisations. C'est une guerre de classes, à l'échelle du monde.