Il y a quelques semaines, je pointais du doigt la forte présence de lobbies industriels sur Twitter, et les Monsanto papers ont montré que ces lobbies paient également des chercheurs et des journalistes.

Petite illustration de ce que cela implique pour le débat public. (1/14)
Le 1er point concerne le processus scientifique. Toute étude possède une certaine incertitude: les résultats d'une étude sont en partie aléatoires.

Plusieurs raisons à cela comme l'échantillonnage ou les variables omises corrélées. En bref : on n'observe pas tout. (2/14)
Bien sûr, plus un produit est considéré comme néfaste, plus les études devraient trouver des preuves en ce sens.

Pourquoi ? Parce que plus le produit est néfaste, plus il faut jouer de "malchance" pour trouver une preuve indiquant qu'il n'est pas néfaste. (3/14)
Le 2ème point est : que se passe-t-il quand les lobbies financent la recherche ?

Les chercheurs vont aller chercher des preuves mais ne vont rapporter que celles que le lobby accepte de publier.
Il s'agit d'un biais de reporting. (4/14)
Le 3ème point est que ces groupes d'intérêts privés peuvent également chercher à discréditer les chercheurs qui publient des résultats opposés à leurs intérêts comme c'était le cas avec le fichage de Monsanto et les "cibles" prioritaires. (5/14)
Le 4ème point est l'influence de ces lobbies sur le journalisme. Les journalistes font la passerelle entre les découvertes scientifiques et le débat public. Influencer les journalistes pour qu'ils se focalisent sur certaines preuves crée une distortion supplémentaire. (6/14)
On observe ainsi une distortion entre les preuves réellement découvertes et celles dans le débat public.
Cette distortion est d'autant plus forte que le lobby en question a de moyens à sa disposition. (7/14)
Ici, j'ai omis toute manipulation volontaire de la part des chercheurs (qui 'manipuleraient' des données). Même si les chercheurs sont "honnêtes", la publication conditionnelles de leurs résultats induit une distortion. (8/14)
On pourrait dire que les ONG agissent de même. Cependant, les ONG n'ont pas les mêmes moyens ni le même intérêt : une ONG écolo n'a pas intérêt à dire qu'un produit est néfaste pour l'environnement s'il ne l'est pas en réalité ; ce serait contre-productif pour le climat. (9/14)
Une solution serait que toute étude avec collecte de données soit systématiquement pré-enregistrée : le protocole serait enregistré en ligne et non-modifiable. On pourrait ainsi mesurer le nombre d'études financées par les lobbies qui ne sont finalement pas publiées. (10/14)
Une autre solution qui me paraît aujourd'hui centrale est que les chercheurs et journalistes déclarent leurs conflits d'intérêts.

Beaucoup font des activités de conseil ou autres services aux lobbies qui contribuent à cette distortion de preuves. (11/14)
Je ne remets pas en cause le droit de faire ces prestations, mais il est important, pour le débat public, qu'on puisse savoir qui a des conflits d'intérêt quand il / elle contribue au débat public sur un sujet. (12/14)
Connaître les conflits d'intérêt ne résoudra pas le problème de distortion, mais permettra aux lecteurs de "compenser mentalement" : on saura qu'une preuve financée par un lobby a moins de chance d'être amenée dans le débat public qu'une preuve contraire. (13/14)
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