Être noir au Québec, c'est spécial. Pis spécial dans le sens des événements qui vont faire partie de ta vie et de ton quotidien que tu le veuille ou pas. Personne semble comprendre notre perspective de la vie au Canada et au Québec. Voici ce qui se passe dans ma tête.

1- le statut de Québecois: techniquement, si on réside ici et/ou on est né "icitte" on est est québécois. Drette là, ça se gâte. Dès l'enfance, si on te demande d'où tu viens et tu dis québécois, on te reponds "non mais pour vrai" comme si ça ce pouvait pas. Donc très jeune 1/2

tu comprends qu'on sous-entends qu'il faut être blanc pour être Québécois, ce qui est complètement faux. Mais à force de l'entendre, tu le crois. 2/2

2- Logis, déménagements et etc: ça aussi peut être un challenge. Avant de dire, "fini la ville je m'en vais en banlieue" faut que j'y pense: QUELLE banlieue ? On va tu être les "seuls"? Mes enfants seront ils safe ? Aller au centre d'achat du coin va t-il m'attirer des "regards"?

3- le N-word.
Oui, chaque fois que je l'entends ça me blesse, c'est viscérale, ça entre dans tes trippe. Le mot est tellement violent à mes oreilles que même si je vous inflige le pire des KO, vous gagnez quand même. Un simple désaccord peut faire sortir ce mot.

L'hiver dernier une vieil homme m'a juste demander si j'avais froid avec ma tête pas de tuque, étant donné que je suis chauve. J'ai juste répondu que je m'y étais habitué, auquel il me réponds "crisse de n*****" de même, en public, dans la ligne pour attendre l'autobus.....

4- l'immigration:
Tel que mentionné, je suis né icitte. Donc, ça devrait résoudre le problème Right ? WRONNNNNG ! Dès que les politiciens parlent d'immigration, et tu entre dans une pièce, DEVINE QUI ON REGARDE. eh oui, c'est toi. Pourquoi ? Parce revenez au point no 1:

beaucoup de gens associe la couleurs de peau à la nationalité. Donc on devient des "immigrants de 4e génération" si ça fait du sens.... Donc, même si on est né ici, des qu'on parle d'immigration, tu te sens comme si tu étais le problème.

5- Exprimer ces situations/emotions:
Peut-être que ça sort tout en une bouchée quand des incidents comme celle de uOttawa arrivent, mais la vérité est que, on se la ferme plus que vous le pensez. Il y a bcp de chose qu'on se dit que c'est comme ça la vie

. Les RS étant ce qu'elle sont, c'est très facile de se faire envoyer un "retourne sans ton pays si t'est pas content"... Même si tu es né ici. C'est comme si cette citoyenneté est imaginaire.

6- la Police.
Ooooohhh yeaaah. Ok. Je vais être franc. J'ai pas peur de la police, mais je sais de quoi ils sont capables. 1ere fois je me suis fait arrêter j'avais 15 ans, je retournais de l'école et un char m'arrête, 2 agents sortent me disent de me lever les mains,

5 sec plus tard j'ai la face sur le Hood et on me fouille. L'explication ? Apparemment un noir à voler dans un dépanneur dans le coin donc ils fouillent chaque noir qu'ils voient passer. Et Dans mon sac ? Mes cahiers & un livre de maths 436.... Le "bust" du siècle.....

So voilà. C'est ça qui se trame dans ma tête, 24h/24, 7 jours semaines, 365 jours par année. Le pire, je suis tellement habitué que, c'est aussi naturel de penser à cela comme penser à quoi on va manger le lendemain, qu'est-ce qu'on va mettre au boulot. Comme si rien n'était....