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Aujourd’hui on se penche sur un album francophone qui est sans aucun doute l’un des plus marquants et des plus importants de la dernière décennie : racine carrée de Stromae.

Le second album du maestro belge est sorti le 16 août 2013.
Sur les 13 titres de l’album, 7 étaient déjà sortis en singles.
L’album a fait l’unanimité, il a connu un immense succès, que ce soit critique ou commercial.

racine carrée s’est écoulé à plus de 2 500 000 ventes à travers le monde, ce qui équivaut à 5 disques de diamants. Il a été 16 semaines numéro 1 des ventes, et Stromae a reçu pas moins de 30 récompenses pour son second album.

Stromae a décidé de donné ce nom à l’album pour différentes raisons :

- Il dit faire de la musique mathématique. Les graphismes du projet utilisent tous des figures géométriques qui font une perspective isométrique, ce qui permet de tracer des figures à l’aide d’une trame triangulaire et de créer des illusions d’optique.

- Car dans cet album il y a un retour aux racines. Il incorpore avec brio ses influences de la musique congolaise ainsi que de la musique caribéenne à ses sonorités electro.

Il définit lui même cet album comme hyper pragmatique.
Stromae avait déjà réussi à imposer son style propre à lui avec son premier album Cheese.
Avec racine carrée l’artiste nous montre encore plus l’étendu de son talent en se diversifiant tout en gardant son style si unique.

Tous les morceaux nous plongent dans un univers et une atmosphère différente. Chaque titre est différent des autres mais l’album reste parfaitement homogène.

À travers ce projet, Stromae nous parle de l’aliénation des réseaux sociaux, des problèmes relationnels, de discrimination, de maladies comme le cancer du poumon ou des IST, mais aussi d’un manque d’affection paternelle.

Il dit que la musique est comme une thérapie pour lui. Ses textes sont touchants et même déroutants par moment, mais à l’inverse, ses productions sont majoritairement joyeuses.

Si sa musique est construite de cette manière c’est parce que pour lui s’amuser n’est pas le seul moyen d’oublier ses problèmes, tu peux très bien t’amuser en dansant sur tes problèmes.

Bon maintenant entrons dans l’analyse track par track !

Ta fête

Cette chanson peut-être vue comme la suite de son hit Alors on danse. Dans l’intro de racine carrée, Stromae raconte ce qui peut se passer un lendemain de soirée quand on quitte cette ambiance festive et que la vie nous ramène à la réalité du quotidien.

Pour nous décrire cela, le maestro utilise une figure de style bien particulière : la diaphore. Cette dernière consiste à utiliser 2 fois le même mot dans une phrase mais en lui donnant 2 sens différents.

Dans le second couplet, il parle du regard des gens sur ceux qui aiment sortir faire la fête, et aussi du fait que l’humain rejette souvent la faute sur quelqu’un d’autre.

Papaoutai

Ce morceau est son plus gros succès. À ce jour, le clip comptabilise + de 741 M de vues.
C’est un morceau très introspectif avec des paroles ultra réalistes et simples, ce qui rend le morceau encore plus touchant malgré la prod qui est extrêmement festive.

Le titre de cette chanson « Papaoutai » est un jeu de mots appelé un trompe-oreille. Il y a 2 sens : « Papa où t’es » et « empapaouter » qui veut dire « duper quelqu’un » en argot.

Ce morceau autobiographique nous raconte l’histoire d’un petit garçon qui a perdu son père et de l’espoir et la volonté d’un fils de vouloir le retrouver. Stromae raconte avoir pleuré lors de l’écriture de ce titre.

Le père de Stromae était rwandais, il a quitté sa femme et ses enfants pour le Rwanda. Malheureusement son père s’est fait assassiné en 1994 lors du tragique génocide des Tutsi au Rwanda qui a causé la mort de plus de 1 000 000 de personnes.

La mère de Stromae a longtemps caché la vérité à ses enfants. Il apprendra la mort de son père plusieurs années plus tard alors qu’il était âgé de 12 ans.

Dans le 1er couplet, il donne le pdv d’un enfant qui cherche son père. Il montre l’idée que pour se forger un enfant a besoin de savoir qui étaient ses parents et la raison de l’abandon. Il fait parler sa mère qui est évasive sur la vie du père, qu’elle lui cache la vérité.

« Maman dit travailler c’est bien/Bien mieux qu’être mal accompagné », cette phrase peut vouloir dire que la mère préfère s’assumer seule plutôt que de dépendre d’un homme qui l’a rend malheureuse.

Dans le 2e couplet Stromae dit que forcément les parents devront partir, peu importe la manière, et laisser grand l’enfant. Il s’interroge aussi sur le genre de père qu’il sera, un simple géniteur, un père présent pour son enfant, les possibilités sont multiples.

Il y a ici plusieurs sens. Il s’interroge sur le lieu de l’héritage paternel sans succès.
-L’expression « sucer de son pouce » signifie deviner/inventer, ici Stromae le prend au sens propre pour dire qu’il s’est bouffé les doigts.

- On peut aussi y voir une allusion au compte à rebours, à force d’attendre son père, l’enfant n’a plus suffisamment de doigts pour compter, il commence donc à s’inquiéter de ne pas voir son père.

- Autre interprétation possible, l’enfant regrette d’avoir espéré le retour de son père alors il s’en mord les doigts.

Lors du 1er couplet, Stromae disait « j’ai compté mes doigts » alors que dans le 2e il dit « on a bouffé nos doigts », c’est un changement de personne et de verbe qui accentue la puissance du texte.

On peut aussi comprendre que l’enfant est en colère, qu’il ne compte plus ses doigts mais qu’il les bouffe.

Dans le clip qui se construit dans un décor inspiré des 40’s, Stromae joue un mannequin pour représenter l’absence du père, tandis que le danseur Karl-Ruben joue le jeune garçon qui essaie d’interagir avec le mannequin.

bâtard

bâtard est une chanson sur la tolérance, il affirme qu’on est tous des bâtards et casse l’idéologie raciste qui veut qu’il y ait une race pure.

Il remet en cause le conformisme de la société qui tend à cloner le personnalisme d’autrui, ce qui rejette l’originalité qui forme l’unicité d’un individu dans la société.

Le premier couplet montre une suite d’oppositions autour de choses qui font notre identité qui sont considérés comme inconciliables. La société nous pousse souvent à choisir un camp dans les différentes oppositions que Stromae met en scène.

Lors du second couplet il parle à quelqu’un qui se déclare au dessus de ces oppositions, qui ne prend pas parti. Au final cette position fini par être aussi radicale que les autres.

ave cesaria

Cette chanson est un magnifique hommage à la célèbre chanteuse Cap-Verdienne : Cesaria Evora. Il s’est d’ailleurs entouré des musiciens de la chanteuse pour jouer cet Ave.

On ressent un manque pour Stromae, qu’il a été beaucoup affecté par le décès d’une artiste qu’il admiré tant. Il lui demande pourquoi elle l’a laissé.
À la fin du morceau, il intègre un air qui dit « Sodade » en référence à l’une des chansons les plus connues de la chanteuse.

tous les mêmes

Stromae nous présente les divers traits et comportements stéréotypés des hommes et des femmes de façon caricaturale.
Dans le clip il est à moitié habillé comme une femme et agit ennuyé par l’attitude des hommes.

La chanson est construite sous forme d’antithèse, dans les couplets la femme reproche à l’homme d’être infidèle. Elle réduit l’homme à des décisions futiles qui ne durent jamais mais suivent suivent ses émotions immédiates.

Dans les refrains on a l’homme qui dit que la femme reviendra pour l’argent ou quand elle aura ses règles car elle dit que l’homme est attiré que par le sexe, il l’a réduit à des pulsions hormonales et ne se remet pas en question.

L’utilisation de l’impératif pendant le premier couplet montre déjà l’impossibilité de la rupture, il s’agit de constamment solliciter la personne qu’on aime alors même qu’on déclare vouloir s’en séparer.

Formidable

Née d’une rencontre avec un sdf qui a crié à Stromae et à sa copine « alors vous vous croyez beaux? », et inspiré par la chanson Soulard du chanteur Zao, Formidable est un morceau émouvant et culte.

Il met en scène un jeune homme brisé qui s’est fait largué la veille. Il exprime un mal de vivre et conclue la société à travers le regard d’un personnage ivre. Le clip et les interprétations scéniques sont poignantes et magistrales.

Dans le refrain, Stromae joue sur la paronymie entre les mots « formidable » et « fort minable » qui sont diamétralement opposés.

Il pose des vérités durs dites à une passante, un passant et un enfant. À la fin de la chanson on entend même Stromae pleuré.

moules frites

À travers ce morceau, l’artiste belge nous parle des IST mais avec différentes métaphores : « son petit doigt » représente le penis, « moule » un vagin, « mais avant qu’il passe à table » représente l’image d’un cunnilingus.

On se rend compte qu’il parle d’IST uniquement au 3e couplet quand il dit « Mais il aurait du s’en méfier, Paulo/Car on ne sait où elle s’est baignée, plus tôt ». Paulo a donc attrapé une IST et va probablement en décéder.

carmen

C’est une réécriture de la chanson M’amour est un oiseau rebelle de l’Opera Carmen de Georges Bizet.
Stromae modifie l’oiseau rebelle de la version originale en le remplaçant par l’oiseau de Twitter, il nous parle des dangers des rs.

Le morceau est répétitif, électrique, violent. Le refrain est là pour appuyer le propos global du morceau qui est de montrer que l’amour est une chose à manipuler avec dextérité.

À la fin on entend son bruyant illustrant le fait que l’on se fait dévorer par les rs. Dans le clip l’oiseau prend de + en + de place et dévore tout le monde, ce qui montre les dangers des rs et l’éternel recommencement de la dépendance.

humain à l’eau

Stromae nous parle d’écologie en se mettant dans la peau d’une personne appartenant à une société « primaire » qui s’adresse à des personnes de sociétés développées.

Il parle de la fonte des glaces, du trou dans la couche d’ozone, des reportages hypocrites et voyeuristes, du sentiment de supériorité des habitants et des dirigeants des pays les + développées, du respect envers les autres terres...

quand c’est ?

Morceau sombre avec une atmosphère pesante, Stromae nous parle ici des malheurs du cancers, traité comme une sorte de serial lover.

Ici le personnage qu’est Stromae nous parle du cancer qui a attaqué sa mère et son père.
Il présente le cancer comme un séducteur.
« Tu t’en souviens ? » signifie que le cancer fait tellement de victimes qu’il oublie la majorité.

Dans le 2nd couplet il parle des enfants car le cancer est aussi cruel et monstrueux qu’un pedophile.
« Décidément, rien ne t’arrête toi », il s’attaque à absolument tout le monde.

« Quand c’est, quand c’est/Que tu cesses tes avances ? », cette métaphore d’une relation physique est présente depuis le début du morceau. Il joue sur l’amalgame que peut créer le mot avances.

sommeil

Lors de la réalisation de ce morceau, Stromae pensait à une personne qu’on connaît tous, la personne qui fait toujours le clown, son malin, son rigolo, mais on sait très bien qu’il met un masque pour cacher son malheur.

On peut aussi l’interpréter d’une autre façon.
Ici Stromae nous montre quelqu’un qui a tout pour être heureux, au niveau matériel, il s’inscrit dans une banale routine ce qui ne le rend pas heureux et le malheur empêche de dormir.

merci

Ce morceau est juste une prod, Stromae ne chante pas ou autre, il nous livre juste une prod pour notre plus grand plaisir. Elle servira d’ailleurs comme base pour le morceau Meltdown en feat avec Lorde, Pusha-T, Q-Tip et Haim, issu de la bo d’Hunger Games.

avf

Signifie Allez Vous Faire. On y retrouve Maître Gims et Orelsan en feat.
Le morceau s’adresse aux hommes politiques, aux médias, aux artistes.

Ici Stromae dénonce le fait que les politiques, les médias et les artistes disent au peuple ce qu’il veut entendre afin d’être bien vus.

Dans leurs couplets, Gims et Orel nous parlent du quotidien et de ce que la société nous impose.

L’analyse est terminée ! Merci de l’avoir lu jusqu’au bout on espère que ça vous a plu ! N’hésitez pas nous donner vos avis !

Merci à Stromae pour nous avoir livré cet album qui est un classique, d’avoir apporté tant de choses, pour son univers, pour tout.