[drogue] On est vendredi soir, moment rêvé pour consommer des « substances à usage non médical ». On a beaucoup parlé de protoxyde d’azote ces derniers temps, je vous propose donc une mise à jour pour les boomers comme moi qui n’ont pas connu ça, et pour ceux qui vont l’utiliser.
Bah oui de mon temps le « produit à inhaler » à la mode c’était le poppers, interdit dans pas mal de pays désormais. On différencie les produits qui se sniffent (coke, héroïne) absorbés localement, des produits qui s’inhalent avec une absorption pulmonaire.
Je vous encourage à jeter un œil à ce focus de Addiction Suisse et ce rapport de l’ANSES sur lesquels je me suis basé pour ce thread:
Là encore il y a des variations: produits qui s’inhalent directement, huffing (produit déposé sur un chiffon, puis inhalé, comme l’éther) et bagging (produit mis dans un sac puis collé contre le visage, comme les colles et solvants).
La différence n’est utile que pour la réduction des risques (RDR). Quand on utilise un sac plastique il faut bien faire attention à le retirer après par exemple.
L’inhalation est une pratique fréquente chez les enfants et ados, partout dans le monde, et ça perdure à l’âge adulte, typiquement au Groenland, à Chypre, en Irlande. 3 à 4% des enfants (-12 ans donc) ont essayé, et ceux qui essayent ont tendance à continuer.
Il faut donc agir AVANT la première inhalation. En parler au début du collège me semble être le bon moment, d’autant plus que c’est fréquent: au moins un enfant par classe. Les classiques sont résumés dans ce tableau:
Le protoxyde d’azote est découvert au XVIIIieme siècle par Joseph Priestley, un chimiste-physicien-philosophe-theologien-etc. qui isole le PA dans le cadre de la recherche qui occupera toute sa vie: trouver l’élément feu (oui les 4 éléments Aristote tout ça...).
C’est le Dr Humphry Davy qui découvrira les propriétés euphorisantes du PA, dans le cadre de ses travaux à la Pneumatic Institution - des médecins qui inhalaient des trucs au hasard pour en décrire les effets, je caricature à peine. Son job était de superviser les expériences.
Très vite ce gaz est détourné et on en consomme dans les soirées mondaines et dans les foires.
Par la suite il sera utilisé en anesthésie. Dans cette usage il est mélangé à de l’oxygène pour le rendre inoffensif, c’est le MEOPA. Mais vu que je suis pas anesthésiste je vais plutôt vous parler de faire la fête.
Je vous conseille au passage ce reportage de Konbini qui permet de se représenter l’utilisation du produit, et ses méfaits:
L’utilisation est très simple: on ouvre la capsule, on gonfle un ballon avec, et on inhale le ballon en une ou plusieurs fois. L’euphorie est rapide, mais de courte durée. Le risque de dépendance est modéré, la majorité des usagers n’en prennent que rarement.
Celleux qui accrochent par contre peuvent consommer des quantités impressionnantes, cf. la vidéo.
Actuellement l’âge median des usagers/ères est de 21 ans, 50% des usagers ont entre 20 et 25 ans. Un peu plus d’hommes que de femmes. 50% l’utilisent à la maison, 15% en boîte de nuit, 10% dehors, 5% en WEI.
En aiguë les effets indésirables sont céphalées, vertiges, nausées, altération de l’audition, anxiété, irritabilité, jusqu’à la perte de connaissance. A noter un risque de gel des voies aériennes chez celleux qui consomment à même la cartouche.
Les effets chroniques sont connus mais parfois mal compris. On rapporte des pneumopathies, lésions de la sphère ORL, et des lésions neurologiques mal comprises. Par une voie complexe le PA pourrait provoquer une déficience en vitamine B12 à l’origine de ces troubles.
Les paresthésies des membres sont fréquentes dans ces cas, et on décrit des lésions centrales par anoxie.
Le risque est présent dès la première inhalation. Pour celleux qui décideraient de consommer voici quelques conseils de RDR: déjà, on consomme dans un ballon et pas à même la cartouche!! Ensuite, on évite le suraccident: peu importe la substance, on ne conduit pas après!
Entre autres, utiliser un produit de qualité alimentaire (et non industriel), fractionner les prises (c’est vrai pour toutes les substances), consommer assis pour éviter de tomber après la prise.
Le rapport de l’ANSES notait que c’est en cas de consommation d’alcool associée que les effets les plus graves étaient observés, donc à éviter!
Mon impression: c’est très facile d’accès, mais sans mise en garde, avec un effet intense mais bref, ça parait donc innocent. Rien d’insurmontable avec un peu de prévention/RDR à l’entrée au collège!
C’est tout pour moi, prenez soin de vous, ne consommez jamais seuls, et toujours avec des personnes de confiance! Bon week-end!
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