L'épidémie de #Covid_19 pour un infirmier libéral, c'est quoi?

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Depuis le début de cette année nous vivons une situation très particulière. Difficile, éprouvante, l'épidémie impacte chacun d'entre nous.

Menace Depuis décembre 2019, réalité depuis février 2020 chez nous.
Nous sommes en février. Personne ne peut plus nier la réalité, le #SARSCoV2 est la. Dans l'ouest, chez moi, il s'agit d'écouter ce que vivent les collègues de l'est. Et c'est terrifiant.
Nous en savons alors très peu. Les modes de contamination possibles sont obscurs.
Nous prenons donc un maximum de précautions.
Masques, gants jetables, surblouses, désinfection du matériel, des surfaces, de la voiture, du cabinet. Aussi souvent que possible.
Le 17 mars le couperet tombe. Confinement généralisé.
Les ennuis commencent.
Nous voulons nous approvisionner en matériel de base. Impossible.
Pénurie de gants, de masques, de solution hydro-alcoolique.
Nos stocks sont maigres.
Nous avons un bidon de SHA au cabinet. Il sera volé.
Nous cachons le matériel qui nous reste.
On cache notre identité de soignant, pour que nos voitures ne soient pas fracturées.

Le gouvernement explique que les masques sont inutiles.
Pour stopper les vols.
Ça ne fonctionnera pas. Mais le mensonge restera. Les patients n'ont pas confiance.

Nos journées sont allongées d'environ 2h. Outre les mesures de désinfection entre chaque patients, nous rentrons entre chaque tournées. Élimination immédiate du linge, douche.
Les machines à laver sont mises à contribution.

Les soins non urgents sont déprogrammés. Les suivi médicaux aussi parfois. Les kinés ne passent plus.
Les patients chroniques se grabatisent lentement mais sûrement.

Nous les portons comme nous pouvons.
Il faudra du temps pour rattraper le retard de soin. Pour les patients pour qui le retard est rattrapable.

11 mai: fin du confinement.
Aucune mesure n'est prise. Le port du masque n'est pas obligatoire.
Les soignants regardent les gens se brasser dans les magasins, incrédules.
Didier Raoult explique que l'épidémie est terminée. Pas de 2ème vague possible. De toute façon il a un traitement miracle. C'est rigoureusement faux, mais qu'importe, c'est ce que les gens veulent entendre.

L'été se passe. Vacances pour les français.
Les soignants tentent, pendant ce temps, de rattraper les retards de soins du confinement.

Dans nos cabinets libéraux, nous voyons beaucoup de post-chirurgie.

Nous travaillons pour moins qu'avant. Le prix du matériel a explosé.
Nous tentons désespérément de faire comprendre aux patients qu'une seconde vague est possible. Que les gestes barrières sont plus que jamais nécessaires.
Raoult et d'autres sapent nos efforts.

Août, les masques deviennent obligatoires. Les gens ne comprennent pas pourquoi.
Septembre. Rentrée scolaire comme si rien n'était arrivé. Comme si rien ne pouvait arriver.
Pas de télétravail non plus.
On voit la catastrophe arriver.

Masque obligatoire dans les rues. Pas dans les écoles, toujours pas de télétravail, les bars et restos sont pleins.
Le gouvernement fait n'importe quoi, c'est acté.

Peronne explique que les soignants sont rémunérés à déclarer des cas covid+. Et à les garder.
Il sera, comme son copain Raoult, largement relayé.

Il sera entendu.
Les soignants, applaudis en avril, sont maintenant les ennemis. Les regards changent. Nous serions profiteurs de guerre. D'une guerre que nous aurions entretenu à notre profit.

Nous ne sommes plus écoutés.
Raoult et Peronne se frottent les mains, ils vendent leurs livres.
Les patients, eux, n'ont plus confiance. La science, les faits, ne sont pas entendus.

Pendant ce temps, je sors de chez une patiente. Je devais lui administrer une chimiothérapie.
C'est urgent: le dernier scanner n'est pas bon. C'est le protocole de la dernière chance. Elle est fiévreuse, n'a plus de goût, elle respire mal.
Pas de chimio. Son test reviendra positif.
Elle est hospitalisée quelques jours plus tard. Elle ne reviendra pas. 45 ans. 3 enfants.
Les jours passent. Le nombre de cas explose. Nous sommes un cluster. Fête dans le village 3 semaines auparavant.

Aujourd'hui, je regarde, impuissant, les courbes grimper. Le CHU commence à deprogrammer. Ils font de la place. Les transferts de patients reprennent.
Pour endiguer, le gouvernement limite la circulation... la nuit.
Le jour, faîtes comme bon vous semble.

Il n'y aura pas de place pour tout le monde.
Les soignants, faute d'avoir été écouté, devront être la de nouveau.
Mais nous sommes épuisés.
Et nos ressources sont limitées.
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