L’année dernière, j’ai acheté cette croix de guerre de la Première Guerre mondiale sur un petit vide grenier du centre Bretagne. On en trouve beaucoup de ces décorations isolées et anonymes sur les brocantes… sauf que cette fois, elle n’était pas si anonyme.
Cette croix de guerre, vendue dans sa boîte, m’avait alors coûté 10 euros. Elle se trouvait dans un lot de disques 33 et 45 tours des années 70 et 80. J’ai acheté cette décoration car il y avait une inscription et un n° : je n’avais jamais vu ça !
Un message envoyé sur twitter me permet d'identifier le propriétaire. @Parcours1418 retrouve la fiche matricule, conservée aux archives départementales du Pas-de-Calais. Elle colle avec les informations figurant sur la décoration http://archivesenligne.pasdecalais.fr/v2/ad62/visualiseur/matricule.html?id=620356875&imgpage=frad062_1r_8295_0675.jpg&cote=1r_8295
Né à Carvin (Pas-de-Calais) dans un milieu modeste le 5 mai 1894, Henri Louis Cormont est étudiant et sursitaire en août 1914. Ajourné pour faiblesse, il réussit à s’engager au 41e régiment d’artillerie de Douai le 14 novembre 1914.
En août 1918, il passe au 50e RA. Son dossier individuel conservé à Vincennes nous en apprend plus que sa fiche matricule. Il combat dans la Marne (1915), à Verdun et dans la Somme (1916), à Craonne, Ypres et sur la rive droite de la Meuse (1917), dans l’Oise et l’Aisne (1918).
Canonnier, brigadier (1915), maréchal des logis (1916), il est promu sous-lieutenant en 1918. Pendant la campagne, il est cité à deux reprises : à l’ordre du corps d’armée en 1916 puis du régiment en avril 1918 = les deux étoiles du ruban.
Pour en savoir plus sur les archives de toutes ces décorations : Des décorations et des archives sur http://Sourcesdelagrandeguerre.fr https://sourcesdelagrandeguerre.fr/?p=3312
L’étoile en bronze correspond à une citation à l’ordre du 41e régiment d’artillerie du 10 avril 1918 :
Affecté au 50e régiment d’artillerie en août 1918, il est envoyé en congé illimité (démobilisation) en novembre 1919. Au total, il a passé cinq ans sous les drapeaux dont plus de quatre dans la zone des armées.
Après la guerre, Henri Louis Cormont se retire à Carvin, rue d’Arras. Ingénieur géomètre, il poursuit une carrière d’officier de réserve jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Le 8 juin 1920, il épouse Pauline Rapasse (1894-1986), native elle aussi de Carvin. Dans l’Entre-deux-guerres, le couple s’installe à Colombes, 25 avenue Fleury. Puis, je perds la trace de Cormont. Il s’est éteint dans le 18e arrondissement de Paris le 20 septembre 1982.
Son épouse disparaît à Lanmeur (Finistère) en 1986. Ceci explique peut-être pourquoi la croix de guerre de Cormont s’est retrouvée sur une toute petite brocante du centre Bretagne. L’histoire s’arrête là malheureusement….