Face aux "faux amis qui ne savent qu’encenser des profs morts et mépriser les profs vivants": un vrai hommage à Samuel Paty.
Ce texte très dense de Pierre Tevanian m'est apparu aussi très juste. J'en fais un fil ici, comme une invitation surtout à le lire.
https://lmsi.net/Je-suis-prof 
"Ces réflexions ne prétendent évidemment pas incarner la pensée de Samuel Paty, mais elles sont écrites pour lui, au sens où l’effort de pensée, de discernement, de nuances, de raison, a été fait en pensant à lui, et pour lui rendre hommage."
"Il y a d’abord eu l’horreur, la tristesse, la peur, devant le crime commis, des pensées pour les proches de Samuel Paty, ses collègues, ses élèves, toutes les communautés scolaires de France et, au-delà, toute la communauté des humains bouleversés par ce crime."
Une sourde appréhension s’est donc mêlée à la peine, face au déferlement d’injures, de menaces et d’attaques islamophobes, anti-immigrés et anti-tchétchènes qui a tout de suite commencé, mais aussi face à l’éventualité d’autres attentats
Doit être absolument proscrit le recours à la violence physique, a fortiori au meurtre. Nous sommes malheureusement en un temps où cela ne va plus sans dire. Donc rappel de cet impératif catégorique: le bannissement de la violence physique.
Moyennant quoi, dès lors que cette loi fondamentale est respectée, et expressément rappelée, la liberté d’expression, à laquelle Samuel Paty était si attaché, peut et doit impliquer aussi le droit de dire qu’on juge certaines caricatures de Charlie Hebdo odieuses.
Celle qui blesse gratuitement les croyants (les croyants lambda, tolérants, non-violents, autant voire davantage que des "djihadistes" avides de prétextes à faire couler le sang) en représentant leur prophète cul nul, testicules à l’air, une étoile musulmane à la place de l’anus;
celle qui animalise une syndicaliste musulmane voilée en l’affublant d’un faciès de singe; celle qui représente les esclaves sexuelles de Boko Haram, voilées et enceintes, en train de gueuler après leurs "allocs";
celle qui nous demande d’imaginer "le petit Aylan", enfant de migrants kurdes retrouvé mort en méditerranée, « s’il avait survécu », et nous le montre devenu « tripoteur de fesses en Allemagne » (suite à une série de viols commis à Francfort)
celle montrant le chanteur Stromae, orphelin du génocide rwandais, en train de chanter "Papaoutai" tandis que voltigent autour de lui des morceaux de jambes et de bras déchiquetés ou d’oeil exorbité.
La liste n’est pas exhaustive, d’autres unes pourraient être évoquées – celles notamment qui nous invitent à rigoler (on est tenté de dire ricaner) sur le sort des femmes violées, des enfants abusés, ou des peuples qui meurent de faim.
On a le droit de considérer que certaines de ces caricatures incitent au mépris ou à la haine raciste ou sexiste, entre autres griefs possibles, et on a le droit de le dire. On a le droit de l’écrire, on a le droit d’aller le dire en justice, et même en manifestation.
Mais –cela allait sans dire, l’attentat de janvier 2015 oblige désormais à l’énoncer expressément– quel que soit tout le mal qu’on peut penser de ces dessins, de leur brutalité, de leur indélicatesse, de leur méchanceté gratuite envers des gens souvent démunis, de leur racisme…
parfois, la violence symbolique qu’il exercent est sans commune mesure avec la violence physique extrême que constitue l’homicide, et elle ne saurait donc lui apporter le moindre commencement de justification.
Que reste-t-il en effet de la liberté d’expression si l’on défend le droit à la caricature mais pas le droit à la critique des caricatures? …/…
"Que devient le débat démocratique si toute critique radicale de Charlie aujourd’hui, et qui sait de de Zemmour demain, de Macron après-demain, est d’office assimilée à une incitation à la violence, donc à de la complicité de terrorisme, donc proscrite?"
des panels politiques dans lesquels "l’équilibre" invoqué par le présentateur (Pascal Praud) consiste en un trio droite, droite extrême et extrême droite (LREM, LR, RN), et où les différentes familles de la gauche sont tout simplement exclues
"des "débats" où sont mis sérieusement à l’agenda l’expulsion de toutes les femmes portant le foulard, la déchéance de nationalité pour celles qui seraient françaises, la réouverture des "bagnes" "dans les îles Kerguelen", le rétablissement de la peine de mort…
"des "plateaux" sur lesquels un Manuel Valls peut appeler en toute conscience et en toute tranquillité, sans causer de scandale, à piétiner la Convention Européenne des Droits Humains"
Gérald Darmanin songe à réorganiser les rayons des supermarchés! On pourrait s’amuser d’une telle absurdité, d’une telle incompétence, d’une telle disjonction entre la fin & les moyens si l’enjeu n’était pas si grave, s’il ne venait pas de se produire 1 attaque meurtrière atroce
Et il y a dans cette bêtise une méchanceté tout aussi insondable, un racisme sordide, à l’encontre des musulmans bien sûr, mais pas seulement. Un piétinement de la mémoire des morts juifs – les clients d’un commerce communautaire, l’Hyper Cacher, tués précisément en tant que tels
"Il faudra raconter ce que ces sophismes & ces purs & simples mensonges ont construit ou tenté de construire: un "consensus national" fondé sur une rage aveugle plutôt que sur un deuil partagé & "un plus jamais ça" sincère & réfléchi. "Consensus" singulièrement diviseur en vérité
"Je suis prof et j’enseigne la laïcité, la vraie, celle qui s’est incarnée dans de belles lois en 1881, 1882, 1886 et 1905. Mais ce n’est pas cette laïcité, loin s’en faut, qui se donne à voir ces jours-ci, moins que jamais, quand bien même le mot est répété à l’infini."
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