Que faire quand l'école est meurtrie par l'assassinat tragique d'un professeur ? Désigner l'école et d'autres professeurs comme responsables ou "complices". Une ignominie signée par le ministre de l'éducation nationale. https://twitter.com/franceinfo/status/1319213461876985856

Nous sommes toujours sous le choc de l'assassinat tragique et monstrueux de notre collègue, nous essayons d'avancer tant bien que mal, de continuer à encourager et former de futures générations d'enseignants et le ministre de l'éducation nationale ose parler de "complicité".

Quelques réflexions sur l'expression "islamo-gauchiste" D'abord rappelons que c'est une expression qui vient de l'extrême-droite, qui a de plus en plus été banalisée, employée par Valls et maintenant par le ministre même de l'Education Nationale. Cette banalisation est effrayante

Ce mot-valise ou mot-double accole deux épithètes très vagues en soi : que veut dire "gauchisme" (à part être une insulte?) que désigne ici "islamisme" à part l'union de deux phénomènes extrêmement distincts, l'islamisme terrorisme et des prises de position contre l'islamophobie?

Le principe d'un mot-valise comme "islamo-gauchiste", qui résonne tristement avec d'autres expressions employées dans l'histoire ("judéo-bolchevisme" "hitléro-trotkyste"), permet de ranger tout ce qui ne plaît pas dans une même case, sans penser leur diversité.

Par ex, dans le vocabulaire stalinien "hitléro-trotkyste" permet de manière très commode de ranger tous les ennemis du pouvoir stalinien dans la même case, sans penser leur diversité. C’est un moyen de délimiter un axe du bien (Staline) et mal (tous les autres) sans complexité

Pourquoi Blanquer utilise-t-il le terme "islamo-gauchiste"? Ca témoigne sans doute de la banalisation du vocabulaire et des idées de l'extrême-droite. Mais ce terme sert également plusieurs stratégies de la part du ministre de l'Education Nationale.

1) Ca lui permet de se dédouaner et de dédouaner le gouvernement de leur propre responsabilité. On rejette la faute sur l'université (alors que, que je sache, l'assassin n'était pas en M2 de socio) pour fermer les yeux sur le reste (Samuel Paty a-t-il été soutenu et protégé?)

2) Ca lui permet aussi d'amalgamer les oppositions de gauche et l'islamisme terroriste. Ce n'est pas un hasard s'il cite la FI et l'Unef, qui font partie des personnes qui protestent sur tout ce qui ne va pas à l'école (casse du service public, manque de moyens, etc).

Ca veut dire quoi, que la prochaine fois qu'on protestera contre tout ce qui casse l'Education Nationale comme service public accessible à toutes et à tous, les baisses de budget, la #LPPR dans le supérieur, on se fera traiter d'islamo-gauchistes et de complices d'assassinats ?

C'est trop facile de la part de Blanquer, en disant "isalmo-gauchiste" de se dédouaner et de dédouaner son gouvernement de toute responsabilité, en rejetant la faute sur l'université via une catégorie bien commode pcque floue et donc applicable à plein de gens différents

Je n'en reviens pas qu'alors que nous vivons la rentrée que nous vivons, que nous sommes à terre avec l'assassinat tragique de notre collègue, le propre ministre de l'Education Nationale ose ENCORE rejeter la faute sur les profs.

Comment on va continuer? Comment on va rassurer nos étudiant·e·s, les futures générations d'enseignant·e·s que nous formons? On se demande ce qui va nous arriver, de quoi on va encore nous accuser et encore une fois ceux-là mêmes qui devraient nous défendre nous attaquent

Rejeter la faute sur les intellectuels, est encore une caractéristique d'extrême-droite, c'est aussi ce qu'avait fait Manuel Valls quand il avait attaqué la sociologie (lisez la "réponse" de Lahire "Pour la sociologie"). Mais oser le faire alors que la victime est un enseignant!

On parle beaucoup à tort et à travers de novlangue. Mais je rappelle que pour Orwell la #novlangue se manifeste dans le domaine politique par le principe du classement des termes, dans un couple binaire bien/mal (il pense sans doute au vocabulaire stalinien). On est dedans.

Je rappelle que pour Orwell la résistance à cela, c’est le langage de la science, qui va penser le réel dans sa précision et sa complexité. Cette science et cet esprit critique que l'université essaie d'enseigner tant bien que mal avec les moyens qu'il lui reste.

Quelques réactions (merci) celle d' @albinwagener https://albin-wagener.medium.com/la-traque-c8261b90588c
Celle de la @CPUniversite La Conférence des présidents d’université http://www.cpu.fr/actualite/luniversite-un-lieu-de-debats-et-de-construction-de-lesprit-critique/