Bon je veux faire un petit thread rapide sur les tentations monarchistes d'une part croissante des droitards. Soyez indulgents, très chers 100 abonnés, je ne compte qu'effleurer le sujet et suggérer des pistes de réflexion. Twitter ne permettant pas de réels mouvements discursifs https://twitter.com/toyotasanichi/status/1318671994100109313
Il faut pour commencer admettre que l'idée d'un roi peut apparaître séduisante aujourd'hui. Elle pose en principe la résolution (en tant qu'idée) de frustrations inhérentes à la modernité (elle touchera donc en premier ordre ceux qui la déplorent). A la déshumanisation du monde,
sa marche aveugle, la difficulté devenue insurmontable de poser un tout unitaire comme synthèse d'une société nous apparaissant disparate, bigarrée atomisée, l'idée d'un monarque rassure. Elle propose un homme comme incarnation charnelle de l'état, du peuple, de la société.
Il est ici à concéder que tant qu'il parvient à être cette incarnation, et non seulement celle d'un régime ou d'un ordre social parmi d'autre envisageables, le roi est souvent en effet un puissant vecteur de cohésion des identités sociales.
Cette hybridation passe également par celle amalgamant l'homme en tant que tel et la fonction (souverain). Par l'accumulation d'attributs matériels (couronne, uniforme, reliques etc etc) et immatériels (ritualisation de la mise en scène du pouvoir, soumission absolue à une
éthique aristocratique aux obligations supplantant les considérations personnelles etc), un rapport singulier à la temporalité s'établit. Si le roi est soumis à la même condition que le commun des mortels, la dilution de sa mortalité dans la continuité de son statut suggère
l'idée d'éternité et une revanche symbolique sur la mort ("Le roi est mort, vive le roi"). Cet Etre qui perdure indéfiniment et dont les personnifications ne sont que les tournures rassure donc sur l'une des angoisses les plus profondes de la condition humaine. Là encore,
la figure du monarque se pose en diapason d'une modernité qui véhicule, elle, un rapport à la temporalité placé sous le sceau de l'itinérance, de la fugacité, du changement permanent comme valeur positive en soi. Ce contraste se retrouve également sur le plan spatial puisque
le roi suggère l'idée d'une finitude spatiale et un d'un enracinement (ce n'est par exemple pas la trahison à la nation de Louis XVI au profit de l'Autriche que l'on retient comme événement tuant sa légitimité, mais sa tentative de fuite par Varennes. La séparation physique du
roi de son pays, apparaissant comme une scission aberrante). Le monde moderne (en particulier du fait du libéralisme) fantasme l'individu comme en mouvement physique perpétuel, globe trotter et aventurier sans attaches, que rien ni personnes ne saurait retenir à une espace
physique ou culturel définit. Sorte d'Etre suprême sans déterminismes dont l'illusoire libre arbitre est ainsi mis en scène dans l'instant où il dit merde à son environnement direct.
Je n'entrerais pas dans la facilité (peut être l'évidence) d'une relation entre la figure du roi
et celle du père, dont beaucoup semblent orphelins aujourd'hui, cela obligerait du reste à se pencher sur Hegel ou Freud et je suis un flemmard. Pour les mêmes raisons je ne me pencherai pas sur la pensée d'Heidegger dont j'ai l'intuition qu'elle constituerait un angle
particulièrement fertile pour approfondir certains aspects que j'ai évoqué. Mais également parce que ce serait se comporter en authentique fils de tchoin vu que j'ai jamais lu Heidegger. En plus sur 7 personnes qui ont commencé ce thread, il y'en certainement qu'un seul qui a une
vie assez morne pour avoir poursuivi la lecture jusque ici.
De toute façon les gens commencent à taper sur la porte des chiottes en me demandant si tout va bien, reprendrais la rédaction plus tard si j'ai des retours stimulants.
La bise
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