Hier, c'était mon premier atelier d'éducation aux médias depuis ce qu'il s'est passé vendredi dernier. Il a eu lieu dans le 93 avec des jeunes de 18 à 25 ans. On a parlé d'info, de fake news, de Charlie. Et j'en fais le même constat qu'avant

Aucun.e jeune n'a remis en question la liberté d'expression. Hier, à aucun moment le fait de montrer des caricatures en classe ne posait de problème. Même pour ceux et celles qui ne valident pas, ils et elles comprennent la démarche.

Par contre, ce qui n'est pas compris, c'est pourquoi les médias, notamment télé, relaient aussi abondamment une parole politique qui stigmatise gratuitement l'islam (et les quartiers populaires). On reproche moins aux journalistes d'être islamophobes que de faire de l'audience

sur le dos des musulmans en permettant à une parole haineuse de se déverser sur les plateaux télé. Et surtout, en n'invitant quasiment jamais de musulman.e.s. Ça, ça leur reste en travers de la gorge.

Résultat : ils et elles ont l'impression que les médias traditionnels ne s'adressent pas à eux, mais qu'elle cherche plutôt à contenter/séduire un public qui pense que l'islam/les quartiers/l'immigration sont un problème en France.

Du coup, ils font plus confiance aux réseaux sociaux qu'aux médias pour s'informer. Même s'ils et elles sont conscient.e.s d'être dans une "bulle", c'est la leur, pas celle construite par les journalistes sur les chaînes d'info en continu.

(et ce, alors même qu'en début de séance, quand je leur demande comment ils et elles s'informent, plusieurs citent bfmtv et cnews)

Ils et elles ne disent pas que ce qu'il y a sur les médias est faux, ou que les médias nous manipulent (au contraire, même), mais par contre qu'on y dit "ce qui arrange". Comprendre : ce qui fait réagir, ce qui fait de l'audience, en l'occurrence, en ce moment, c'est l'islam.

Bref, c'était riche de plein d'autres choses parce que fatigue de ne parler que de cela en atelier (on a aussi discuté d'objectivité et on a inventé un média idéal), mais c'était une petite contribution au débat.