Pour avoir un aperçu du pourquoi la problématique des " #fakenews" ne saurait se réduire à une approche techno-déterministe, il suffit de regarder le #justiceauxvoilees. Le travail de #factchecking a été fait par @CheckNewsfr et la PP, mais cela n'a aucun impact sur le narratif.
Les réseaux sociaux ne créent pas le sentiment en question qui irrigue le narratif autour du hashtag, ils le médiatisent et permettent à des acteurs tiers de l'évaluer. Quant au factchecking, il n'a aucune prise sur la dynamique (tant en volumétrie, qu'en évolution du discours)
Les bulles de filtres qui empêchent le retour à la réalité de l'événement, ne sont donc pas algorithmiques que sociologiques (cela devrait être un truisme d'ailleurs, et non quelque chose de dissonant par rapport au discours de l'époque).
Face à l'hermétisme de ces bulles, qui découle non pas tant de quelconques algorithmes de recommandation, affublés jusque-là de tous les maux, mais d'une sédimentation culturelle/philosophique/religieuse au long cours, on ne peut que douter du caractère inopérant du factchecking.
Au "mieux" le fact checking, plus ou moins consciemment, sera perçu comme une manifestation de la volonté du "pouvoir" et de son cortège d'experts de re-framer le réel en mode Lakoff, au pire il sera complètement ignoré.
Dans les deux cas, je crains que le fact checking, tout aussi louable et "nécessaire" soit-il, ne serve à rien, voire soit contre-productif. Que valent les factchecks des medias "mainstream" sur #hunterbiden pour un militant altright ? Nada. Au contraire ils renforcent sa théorie
Quoi qu'il en soit, et le #justiceauxvoilees nous le prouve bien, les réseaux sociaux ne sont, en définitive, qu'un réceptacle, un espace d'agrégation et de convergence de points de vue partagés. Ils catalysent et rendent visible, indéniablement, mais créent rarement du "nouveau"
Au risque de grossir le trait à outrance, on pourrait même considérer les réseaux sociaux comme une sorte de "couche logicielle" venant s'appliquer sur des données brutes, éparses et erratiques (toujours une question de perspective).
Ils favorisent une forme d'intelligibilité par des tiers d'un monde social complexe, et jusque-là quasiment insondable (et qui en l'espèce le demeure très nettement), mais de là à dire qu'ils ont une capacité à "changer" et les schèmes de pensée et l'opinion...peu réaliste...
Les dernières années ont donné lieu à une turbination intellectuelle considérable pour conceptualiser, labéliser, étiqueter et (post?)-rationaliser, la nouvelle donne que ces dispositifs socio-numériques auraient créé ou, pour reprendre EM, le "changement anthropologique" induit.
Sauf qu'en définitive, cela a abouti à adosser une couche intellectuelle nébuleuse et un peu foutraque, sur des grilles de lecture sociologiques qui, sans être parfaites, avaient au moins le mérite de ne pas avoir été créées hâtivement (notamment en termes de méthodologie)
Des errements qui ont, plus ou moins directement, plus ou moins indirectement, contribué à créer cette espèce de sidération permanente quant à l'appréhension de ces espaces numériques ET sociaux par des décideurs n'ayant décidé de ne garder d'eux que leur dimension numérique.
Une réduction technico-technique (moins la compréhension desdites techniques, aussi paradoxal que celui puisse paraître) et une inversion, ubuesque et aberrante, de toutes les logiques/dynamiques sociologiques, qui fatalement ne peuvent créer rien de bien brillant.
Quoi qu'il en soit, et pour conclure, il faut regarder, analyser et méditer le #justiceauxvoilees qui a le mérite de constituer un crash test grandeur nature pour la plupart des problématiques mises à l'agenda ces dernières années - la circulation des "fake news" en tête.
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