La gauche s’est fondée sur l’anticléricalisme, l’apostasie, le refus du dogme religieux, la détestation de la transcendance et aujourd’hui elle n’énonce plus une seule critique sur la croyance. C’est tellement antinomique.

Il y a des étudiants en sciences sociales qui s’affirment communistes mais qui considèrent que l’on devrait autoriser le port de signes religieux à l’école. Faut trouver un autre nom de parti, vraiment.

Il y a des militants antifascistes qui considèrent la loi religieuse comme légitime. La gauche ayant toujours eu une littérature qui considérait le totalitarisme comme déduit des doctrines religieuses. Cela semble étrange.

Il y a tout un pan de la gauche qui considère l’idée religieuse comme hors du champ politique, parce que confessionnelle. Or les organisations humaines revendiquent le religieux comme système politique, encore, partout. Et la gauche lutta contre, un jour.

La gauche, qui a théorisé le rapport de domination, et l’a d’abord inscrit dans le discours religieux qui légitime la violence sur autrui, la conquête et l’aliénation, parce que l’autre serait en dehors de Dieu.

Cette même gauche prête à la matérialité seule le critère de la domination (capital biologique, culturel, systèmes) et ne s’arrêtent plus aux catégories d’idées. Ce sont les idées qui oppressaient, pourtant, dans les conceptions originelles.

La gauche, c’était les anarchistes qui voyaient dans la messe l’équivalent d’un congrès de parti politique, qui scandaient que l’opinion politique et la foi ne se différenciaient que par l’objet du culte, pas dans le contenu.

C’était ceux qui riaient quand on leur parlait d’un monsieur en drap blanc qui divisa la mer en deux ou qui identifiaient le paradis et l’enfer à des comptines.

Et ça n’était pas question de honnir le croyant, c’était juste penser que croire se moque aussi, surtout quand ne pas croire coutait et coûte encore, souvent, la vie.