Revu Predator pour la énième fois. Le film a 33 ans mais ne vieillit pas, c’est assez fou. Et McTiernan n’a jamais eu besoin de lunettes pour créer une illusion de 3D
Au-delà de densifier la jungle, de lui donner une impression de profondeur, c’est une leçon de mise en scène : dans toute la première partie, les cadres sont saturés, surchargés, les personnages et Dutch en particulier, omniprésents, centraux
Peu à peu, très progressivement, imperceptiblement, McTiernan vide le cadre, crée de l’espace et donc du danger. Ça crée une perte de repères et une sensation de vertige, de peur fondamentale. A partir de quasiment rien, très peu d’effets, la nature reprend ses droits
Quand Dutch se retrouve seul et prend conscience de la nécessité de remodeler tous ses repères, il renait, se transcende, adopte un autre rapport au monde
…et du même coup réalise sa finitude, sa mort prochaine, et pour la 1e fois de sa vie, fait face à des questionnements existentiels qui vont lui permettre d’en réchapper, en acceptant précisément sa vulnérabilité (ici littéralement enfermé par des cadres dans le cadre)
Evidemment, confronter ce trou noir, c’est faire face à soi-même. Se regarder dans le miroir. Le Predator, c’est aussi notre part d’inhumanité que l’on a toujours refoulée
Et c’est peut-être pour ça qu’il ne vieillit pas, finalement : on a là simultanément un conte, un récit immémoriel et une fable philosophique. Et McTiernan est un miracle. Il ne tournera probablement plus jamais, mais ses films restent. Voyons et revoyons-les.