My 2 cents #SamuelPaty
Il y a juste 3 ou 4 ans, j'enseignais l'éthique de l'ingénieur dans une école d'ingés. Concrètement, on faisait de la philo des sciences, #Epistemology101, et aussi un peu de #CultureReligieuse pour une génération complètement exculturée en la matière 1/2
Sur ce dernier volet, je donnais à des jeunes de 20 ans ce qui ne semblait être des repères essentiels, ne serait-ce par exemple que pour comprendre un tissu urbain et son organisation autour d'une cathédrale. On lisait aussi des textes, comme Noé et le Déluge, dans 2/3
des versions différentes : Épopée de Gilgamesh, Bible, Coran, pour voir comment chaque discours religieux dit son anthropologie par des accents différents mis sur un récit/mythe commun.
Bref.
J'emmenais aussi les élèves en TD dans des bâtiments religieux.
3/4
Et la ville de Strasbourg, richement dotée, me permettait de leur faire visiter mosquée, cathédrale, église protestante, synagogue.
Eh bien je devais batailler avec des élèves musulmans pour qu'ils franchissent le seuil d'une cathédrale ou d'une synagogue.
4/5
Je ne me suis jamais senti "en danger". Mais je me suis senti dans une position inconfortable, à coups de sourates et de fatwas, à devoir définir le "religieux" d'un autre (d'une autre foi), face à lui, pour qu'il entre dans un projet simplement culturel, social.
5/6
Ce point là, en particulier, me pose problème en France. L'État se donne une prérogative en se faisant juge, par exemple, de ce qu'est un "signe religieux" (ostensible). Cela me gêne. Je ne sais pas ce qu'est la bonne réponse, hein. Mais j'ai éprouvé cette gêne pour moi-même. 6/7
J'ai aussi, en cours, senti la tension chez certains, quand j'évoquais ce simple fait que tout texte sacré a une histoire, histoire de la rédaction, histoire de la réception. Le christianisme est à l'aise avec ça, certains musulmans beaucoup moins... 7/8
Idem, suggérer que dire "il n'y a pas d'interprétation possible", c'est en fait déjà une posture interprétative, non assumée en général, c'était dur à entendre pour certains.
Je n'ai pas eu besoin de recourir au soutien de la direction des Ă©tudes, donc je ne sais pas ce 8/9
qu'il en aurait été. On ne m'a pas demandé compte de certains 0 mis pour travaux non rendus/ absence à une visite.
Mon point, ce serait plutôt l'urgence de la théologie. Oui. Urgence de ne pas reléguer le religieux, le fait religieux comme simple élément historique, culturel.9/10
Évidemment que je parle ici comme théologien. Of course. Et puis catho, en plus.
11/12
Mais j'aimerais tant que cette idée sorte d'un cercle étroit, et que ce ne soit pas perçu comme une atteinte à la laïcité. Il y a une intelligence de la foi, et "des fois", dont la société dans son ensemble sera bénéficiaire.
12/13
Et je retourne à mes lectures de thèse, qui portent justement sur la place de la théologie dans le forum des savoirs qu'est l'Université. Je crois de plus en plus que la mise en tension d'une confession de foi avec des discours étrangers (sciences, autres religions, etc) 13/14
et un "lieu théologique" propre d'une fécondité extraordinaire, et, côté catholique, trop souvent insoupçonnée.

14/14, tout cela est déjà beaucoup trop long.
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