Je suis trop intelligente pour être heureuse 🦓

C'est ce que j'ai longtemps pensé. Je rêvais d'être "bête". Quoi que cela veuille dire. Heureux les imbéciles...

Au cours de ma vie scolaire, je n'ai pas eu à faire des efforts. Je comprenais et appliquais tout facilement.
Au collège lycée il me suffisait de lire mes cours. Sauf en maths.

C'est à la fac que la magie s'est rompu. Il y avait beaucoup à apprendre, mais aussi de la réflexion à fournir. Et je ne savais pas travailler. Ni faire d'efforts. Je n'ai pas compris ce qu'il m'arrivait.
Ouvrir mes TD me faisait faire une crise d'angoisse.

Tant bien que mal j'ai appris. J'ai compris. Et j'ai validé un Master. Mais honnêtement cela n'a pas été simple.

En ce moment je me renseigne sur le haut potentiel et je comprends beaucoup de choses.
Je pense que beaucoup de hauts potentiels ne sont pas diagnostiques parce qu'ils sont fonctionnels et heureux dans la société.
Je pense que la plupart des gens qui cherchent ce diagnostic, que ce soit adulte ou enfant (ce sont alors les parents) le cherche parce qu'il y a une douleur, un mal être, des difficultés.

Je réalise que cliniquement, ce diagnostic existe.
Mais je comprends aussi que certains courants, type Jeanne Siaud Facchin, utilisent ce diagnostic pour y accoler les mythes et rendre l'intelligence coupable de tous les maux.
Les parents qui n'y connaissent rien, ou bien encore les enseignants se mettent alors à tout mettre sur le dos de l'intelligence. Tu es rapide ? HP. Tu es lent ? HP. Tu es malheureux ? HP. Etc.
On se retrouve alors dans une sorte de déterminisme : trop intelligente pour être heureuse. Tout est de la faute de ton intelligence et c'est comme cela. Quoi que tu fasses tu seras seule et triste, personne ne te comprendras. Et comme tu es plus intelligente, tu dois t'adapter.
Perspective réjouissante.

Alors que beaucoup de personnes brillantes et HP sont fonctionnelles et heureuses. Je ne jette pas la pierre à celles qui ne le sont pas. Mais j'irais regarder du côté des comorbidites fréquentes : TSA, TAG, PTSD, DYS, TDAH, dépression et tant d'autres
C'est ainsi que des mythes naissent. Les HP ont plus de neurones miroirs. Non. Ils sont plus empathiques. Non. Ils ont un plus grand sens de la justice. Non. Ils sont plus hypersensibles. Non.
Ils ont éventuellement plus de mieline dans le cerveau, ce qui se traduit pour 2% de la population par une plus grande rapidité de traitement de l'information. D'autre part il y a aussi des profils hétérogènes.
C'est ainsi que pour ma part je me retrouve à 147 en intelligence verbale et 106 en logique mathématiques (coucou les heures de soutien).
Je réalise que nous sommes beaucoup à nous construire une identité solitaire singulière et où nous n'avons pas de prise sur notre vie et notre bonheur parce que nous sommes trop intelligentes.
Sauf que non. L'intelligence n'est pas par essence une malédiction. Un mal être est le symptôme que quelque chose ne va pas. Que ce soit un environnement toxique, un trouble ou des choix de vie qui ne nous conviennent pas.
Nous avons un certain pouvoir sur notre vie. Je ne crois pas au mérite, mais je pense que tu mérites d'être heureuse.

Je me révolte contre le fatalisme sociétale autour de ce diagnotic. Parce que je veux ton bonheur. (et le mien, accessoirement 😁)
Je vous conseille l'excellente série de podcasts sur le sujet de @ChocMeta par Élisabeth Feytit :

Et toi, tu penses que tu es trop intelligente pour être heureuse ?
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