THREAD : Ahmed Bey, et sa résistance dans les Aures

Louange à Allah, Maître des mondes, Qui régit toute chose sous Sa sagesse infinie, guidant celui qui le mérite et égarant celui qui se détourne. Qu'Allah nous réforme, nous guide et nous protège, et que la prière et le salut d'Allah soient sur notre Prophète Muhammad,

sceau des Messagers, celui qui nous a enseigné les sciences les plus complètes.

Ceci dit, commençons.

Ahmed Bey était Kouloughli, c'est à dire issu d'un mariage entre un turc et une arabo-berbère.

En août 1826, Ahmed est nommé bey de Constantine, c-a-d gouverneur de la province de Constantine au nom du Deylik d'Algerie .Puis il s'installe à Dar El bey, bâtiment affecté à la résidence officielle des gouverneurs de la province. Il fera construire son qasr(palais) ensuite.

En juin 1830, Ahmed Bey arrive à Alger avec le tribut annuel de sa province (lezma), et en même temps, a lieu l'expédition d'Alger dirigée par le général de Bourmont. Ce fut une défaite, le dey hussein se rendit et Ahmed Bey rentra à constantine

Dès son retour à Constantine, en 1831, Ahmed Bey et sa communauté se considèrent en guerre sainte (djihad) contre les Français.

Il réorganise l'armée sur le modèle égyptien , en effet À l'age de 25 ans, lorsqu'il entreprit son pèlerinage à La Mecque, il rencontra en Égypte plusieurs personnages célèbres, notamment Méhémet Ali, son fils Ibrahim Pacha et Toussoun Pacha.

D'abord, il détruit le corps de janissaires, avec l'aide de tous les habitants de la province, puis se concentre sur une force permanente de 2 000 hommes à pied, et 1 500 cavaliers du constantinois et des aurès ainsi que de sa garde personnel composé de turcs ottomans.

Il s'attache en même temps, à se concilier l'amitié de ses oncles ( biskri ) maternels dont l'influence peut lui apporter du soutien en cas d'attaque française

Le 21 novembre 1836 l'armée française, composée de 8 800 hommes, commandée par le Maréchal Clauzel se présente à Constantine.

. Ahmed Bey refusa toutes formes de négociations et/ou pourparlers avec les généraux français. En effet, la France proposa au Beylik de l’est un système de vassalité qui pourrait permettre au nouveau roi de sauvegarder son trône tout en affirmant la supériorité française.

Du 21 au 24 novembre 1836, Constantine résista l'assaut colonial français contre la ville, alors capitale du Beylik de l'Est algérien.

On peut noter que les Haraktas(chaoui) se firent remarquer par leur ardeur et causèrent beaucoup de mal aux Français dans cette bataille entre Ras El Akha et Sidi Tamtam mais leur chef le Cheikh Redjem ben Ali des Oulad bou Zeid fut tué dans les combats.

Cette lourde défaite a un profond retentissement tant en France, qu’au niveau international.

Elle marque un temps d'arrêt dans la conquête de l'Algérie, puisqu'elle poussa les Français à signer le traité de la Tafna en 1837 avec l'émir Abdelkader afin de relancer une offensive contre l'est algérien.

Constantine tomba l'année suivante, sous les coups d'une armée française plus nombreuse et cette fois-ci plus lourdement équipée.

Il écrivit au sultan ottoman Mahmoud II, qui, depuis longtemps, lui faisait espérer des secours pour pouvoir se maintenir dans son indépendance contre la France.

Ahmed bey passa alors chez les Haraktas sur les conseils de son ami bou Aziz ben Gana où il resta deux mois.

En 1839, l'armée française franchit les portes de fer et s'approche dangeureusement du camp d'Ahmed. Heureusement, l'hiver a forcé les français à arreter leurs expeditions.

Une fois l'hiver passé, il se rend dans les Aurès, avec l'intention d'y réunir sa famille, ainsi que tous les objets qu'il y avait fait passer après la perte de sa capitale.

Après un an de séjour dans l'Aurès, Ahmed en sort avec les Ouled Djerradj, qui sont venus lui demander de se rendre avec eux dans le Hodna.

Une fois établit dans le hodna, il est informé , par le cheikh des Righa, qu'une colonne française, marche sur lui, il part pour se rendre auprès de ce même chef, afin de se concerter avec lui sur la défense. Mais il est attaqué par les français, il rebrousses chemin.

4 mois plus tard, il se rend chez les Ouled Soltane(branche des chaouis haraktas), avec lesquels il vécut pendant un an et demi. Une colonne, partie de Sétif, s'est portée contre ces chaoui, Ahmed les rassemble pour marcher sur les français.

Ahmed Bey et les ouled Soltane les écrasent.

Le duc d'Aumale, fou de rage après cette humiliation lança une attaque général sur Ahmed bey et ses alliés chaouis.

Les forces d'Ahmed se composent seulement de 700 hommes. Des cavaliers et fantassins des Ouled Soltane, tribu chaoui nombreuse. Les deux parties en viennent aux mains, et le combat dure plusieurs jours. Ahmed est des plus vifs. Voici, du reste, ce qu'il dit, dans ses Mémoires :

Nous combattions pendant deux jours avec une ardeur et un acharnement tel, que je puis dire que c’est le combat le plus sanglant auquel j’ai assisté. Allah m’est témoin que depuis mon enfance j’ai entendu la poudre parler bien des fois »

Ce fut une victoire pour les musulmans chaoui.

-Ahmed Bey dans le film du même nom sorti en 2019

Après deux ans de combats, le commandant marcel de saint germain de batna lui mande qu'il serait temps de faire cesser la longue hostilité qui existait entre lui et la France.
une nouvelle correspondance s'engage entre Ahmed et le Commandant

Après avoir été affaibli par la maladie (choléra) et s'étant rendu compte du manque de soutien flagrant de la sublime porte et des tribus auresiennes, Ahmed bey n'a d'autres choix que de se rendre en 1848.

Cependant, la population de Constantine a cotisé pour pourvoir Ahmed Bey en vivres et en vêtement lors de sa période de détention pour empêcher les militaires français de l’humilier.

Ahmed meurt le 30 août 1851 dans sa 65e année. Selon ses désirs, il est inhumé à Alger au marabout de Sidi Abderrahman et-Thaâlibi, près de la porte Bab El Oued. Son mausolée en marbre est surmonté d'un turban.

son Qasr (palais) récemment rénové est ouvert au public à Constantine, il est construit dans un style arabo-ottoman. Encore aujourd'hui de nombreux lieux portent son nom en Algérie.

Sa fidélité indéfectible pour la Sublime Porte dont il se considère comme un serviteur.
Et sa résistance acharnée contre l'occupant français jusqu'à sa mort.
Font de lui un des héros de la grande histoire Algerienne et particulièrement de l'est algerien.

Qu'Allah lui fasse miséricorde et le récompense pour sa lutte.