Je sens que je vais être inaudible, mais faut se rendre à l'évidence : cette crise est en train de nous rendre tous fous. On n'est notamment plus capables de faire la part des choses entre critiques légitimes d'erreurs réelles et bordélisation pour le principe du gouvernement.

C'est très facile de pointer les incohérences du gouvernement. Elles sont réelles et nombreuses. Mais on est arrivés à un stade où on n'est même plus capables de percevoir les incohérences tout aussi réelles de nos propres exigences.

On ne peut pas avoir exigé des masques pour ensuite refuser de les mettre. On ne peut pas attendre une solution clés en mains du gouvernement et l'accuser de nous infantiliser. On ne peut pas réclamer des mesures fortes et dézinguer toutes celles qui sont mises sur la table.

On pourra pas demander au gouvernement de régler le problème tout en lui savonnant la planche en permanence. Il n'y aura pas de solution exclusivement gouvernementale. Cette crise exige le concours de tout le monde.

À titre d'exemple (le énième), on notera aussi la vitesse à laquelle on est passés de "le gvt ne protège pas assez les victimes éco-soc de la crise / nous interdit de travailler" à "le gvt veut régler nos vies sur l'activité éco / nous prive de vie sociale"…

Quand le port du masque est obligatoire dans la rue mais pas au bar/resto/salle de sport, c'est incohérent. Quand les bars/restos/salles de sport sont fermés pour réduire les situations sans masque, c'est incohérent aussi. Ok.

On est tous d'accord pour dire que les injonctions contradictoires rendent fou. Mais est-on capables d'envisager que les pouvoirs publics sont eux-mêmes pris dans des injonctions contradictoires très fortes, liées à nos propres attentes ?

D'ailleurs c'est bien connu : le confinement ou la fermeture pour raisons sanitaires de milliers d'entreprises, c'est exactement ce qu'il faut faire pour "défendre le capitalisme" https://twitter.com/paulinemski/status/1316640927755251712?s=20