Thread sur l'indépendantisme catalan en Espagne.
Les origines du nationalisme et de l'indépendantisme catalan datent de la fin du 19ème siècle. Le premier parti indépendantiste catalan, "Union Catalanista", est crée en 1891, il s’agit d’un parti de droite, conservateur, qui milite pour que la Catalogne devienne une nation.
Le parti fusionnera par la suite pour intégrer la Liga Regionalista, principal parti indépendentiste catalan au début du 20ème siècle, La Liga est un parti monarchiste, libéral, catholique financé par le patronat industriel catalan.
Dans les années 20, la Liga considère la CNT et les anarchistes comme leurs principaux ennemis. En effet, l’indépendentisme catalan est populaire au sein du patronat catalan mais pas auprès du prolétariat qui est formé par des travailleurs de toute l’Espagne.
Le prolétariat catalan est composé de beaucoup d'immigrés andalous et de murcianos qui ont quittés leurs campagne et sont venus travailler dans l’industrie catalane. Ils sont perçus comme des pestiférés par les élites catalanes.
De plus, l’activité syndicale et les grèves organisées par la CNT qui affronte frontalement le patronat catalan est la principale cause de la haine de la Liga pour l’anarchosyndicalisme espagnol.
L’une des principales figures du separatisme catalan dans les années 20 est l’archeveque José Torras y Bages, un religieux ultra réactionnaire, catholique et ultra traditionaliste qui milite activement pour l’indépendance de la Catalogne.
En 1922 est crée le parti “Estat Catala”, un parti indépendantiste catalan d’inspiration fasciste, qui prend exemple sur les régimes de Hitler et Mussolini.
Le parti réprime les grèves à l’aide de milices armées et organise des défilés para-militaires en uniforme dans les rues.
Cette organisation avait pour principales figures les frères Badia, deux catalanistes farouchement anti-espagnols et anti-syndicalistes. les frères Badia sont responsables de nombreux cas de meurtres et tortures physiques sur des leadeurs ouvriers de la CNT pendant les années 20.
Leurs actions répressives contre la CNT iront si loin qu’ils finiront par être tués par un commando de la FAI (Fédération Anarchiste Ibérique) en avril 1936.
Durant la guerre civile, Estat Catala organisa un complot pour proclamer l’indépendance de la Catalogne avec le soutient de l’allemagne nazie. Ce complot sera révélé et déjoué par les services secrets de la CNT-FAI.
Il existe également un indépendantisme catalan de gauche, incarné pendant les années 30 par le parti Esquerra Republicana, parti réformiste de gauche, républicain et indépendantiste.
Il est dirigé par Luis Companys qui sera président du gouvernement autonome de Catalogne pendant la II République. En 1934 le parti tentera un putsch à Barcelone contre la II République Espagnole pour proclamer l’indépendance catalane. Cette tentative se soldera par un échec.
Pendant la guerre civile, Luis Companys et son parti Esquerra Republicana comploteront et collaboreront avec les staliniens du PSUC pour réaliser la contre-révolution de mai 1937 qui avait pour but de détruire le pouvoir de la CNT-FAI en Catalogne.
Bref, il faut donc comprendre qu'historiquement, les origines de l'indépendantisme catalan sont profondément bourgeoises et réactionnaires. Mais d'où vient la crise de l'indépendantisme catalan actuelle ? C'est maintenant qu'on va en parler.
Au début des années 2000, l'indépendantisme n'est pas populaire en Catalogne, seulement 15% des catalans sont favorables à l'indépendance.
Durant ces années, le président de la Catalogne est Jordi Pujol, fils de banquiers, libéral, conservateur qui gouverne avec le soutien du PP (droite espagnole)
Jordi Pujol est trempé dans une affaire de fraude fiscal, en effet il aurait détourné des millions et caché plus de 100 millions d'euros dans des paradis fiscaux. C'est à ce moment là que Pujol commence à défendre les idées indépendantistes.
Le successeur de Jordi Pujol au gouvernement catalan sera Artur Mas, également libéral, conservateur et indépendantiste. C'est la que commence petit à petit à monter le séparatisme catalan.
Arthur Mas sera un des fondateurs et président du PDeCAT, Parti démocrate européen catalan, un parti de droite, libéral.
PDeCat est dans le groupe ALDE au parlement européen. LREM, le Modem et l'UDI sont également membres de l'ALDE. Alliance des Libéraux Démocrates Européens.
Artur Mas sera un des principaux instigateurs de la montée de l'indépendantisme catalan. Il est le dauphin de Pujol et est lui même impliqué dans des affaires de corruption et détournement d'argent.
En 2012, le seul moyen pour Artur Mas de continuer à gouverner la Catalogne est de faire un accord d'investiture avec la gauche indépendentiste d'Esquerra Republicana en échange de la tenue d'un réferendum d'autodetermination de la Catalogne.
Ils gouverneront alors la région et en 2012, en pleine crise économique, ils réaliseront les mesures d'austérité les plus sévères d'Espagne dans le secteur de la santé (ils baisseront le budget de la santé publique de Catalogne de 27,5%).
En pleine crise économique l’Espagne est alors gouvernée par la droite de Mariano Rajoy. Le sentiment indépendantiste apparaît alors comme un populisme contestataire contre le gouvernement central, contre la crise et contre le bipartisme PP et PSOE.
Ce qu’il faut savoir c’est que la Catalogne est une des régions les plus riche d’Espagne, la plus industrialisée et avec un des plus fort PIB.
L’argument principal des indépendantistes et d’Artur Mas sera le refus de payer des impôts pour les autres régions. La logique est de rompre la solidarité actuellement existante. Les catalans se plaigneront de payer des impôts pour les régions les plus pauvres comme l’Andalousie.
Une logique clairement égoïste, insolidaire et de droite La région la plus riche qui ne veut plus payer d’impôts pour aider les régions pauvres.
l’Espagne étant un des pays les plus décentralisés au monde, chaque région possède son gouvernement autonome, son parlement, sa chaine de TV etc.. La TV catalane deviendra un véritable outil de propagande du gouvernement régional chargé de diffuser les idées indépendantistes.
L’éducation publique en Catalogne est également un des principaux pilier de l’indépendantisme, la presse espagnol qualifiera même les écoles de Catalogne de réaliser de l’endoctrinement ou on apprend aux enfants que la Catalogne est une nation opprimée par l’Espagne.
En 2012, une grande manifestation indépendantiste est organisée à Barcelone. Le slogan est “Catalogne, le nouvel état européen”.
En décembre 2013, Artur Mas annonce l'organisation d'un référendum sur l'autonomie de la Catalogne, processus dont la légalité est contestée par le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. Le référendum d'indépendance est suspendu par le tribunal constitutionnel.
Le scrutin se tient quand même en 2014. Avec un taux de participation de 37 %, 80 % des inscrits votent en faveur de l'indépendance. Artur Mas annonce la mise en place d'un plan qui prévoit la tenue d'élections pour donner au Parlement catalan une majorité indépendantiste.
En 2015 se tiennent les éléctions régionales, En Catalogne une coallition indépendentiste est formée entre le PDeCAT (droite conservatrice libérale) et Esquerra Republicana (gauche) Cette coallition aura également le soutient de la CUP, un parti trotkyste indépendantiste.
On a alors une extreme gauche et une gauche catalane qui soutient et participe à une coallition avec la droite ultra-libérale et conservatrice tout ça pour des revendications nationalistes.
Une preuve que le nationalisme pousse à l’abandon du social et prend toujours le dessus. Le projet de cette coalition sera la mise en place d’un referendum d’autodétermination pour la création d’un état nation catalan membre de l’UE.
Oriol Junqueras est un des leadeurs de cette coallition, il est de la gauche catalane, membre de ERC, il a participé à une commémoration d’hommage aux frères Badia, (fascistes catalanistes connus pour leur répression contre les dirigeants syndicalistes de l’époque).
Bref, la condition de la CUP (équivalent catalan du NPA) est que le candidat de la coallition ne soit pas Artur Mas. C’est donc Carles Puigdemont qui sera le candidat et nouveau président de la Catalogne suite à la victoire de la coallition indépendantiste.
Carles Puigdemont est membre du PDeCat, c’est un homme de droite, libéral, européiste et nationaliste catalan.
En dépit de l’interdiction du tribunal constitutionnel, le 1 octobre 2017 se tient le referendum pour l’indépendance de la Catalogne. La tenue du referendum provoquera une répression policière de la part du gouvernement espagnol, les forces de l’ordre tenteront de l’empêcher.
Selon les autorités catalanes, le « oui » l'emporterait avec 90,18 % des voix mais avec seulement 42 % de participation.
Le vote est une vaste blague sachant qu’il est bourré d’irrégularité, les gens pouvaient votés 4 fois dans différents collèges électoraux, Seuls les indépendantistes tenaient les bureaux de vote puisque les unionistes ne voulaient pas participer au scrutin.
Des coupures de courant régulières ont eu lieu, le dépouillement fut donc effectué uniquement par des indépendantistes et plus de 700.000 bulletins furent confisqués par la Guardia Civil. En effet, ce referendum illégal n’est pas le reflet de la société catalane.
Le 10 octobre 2017, Carles Puigdemont annonce qu'« avec les résultats du référendum, la Catalogne a gagné le droit d'être un État indépendant » mais suspend aussitôt sa déclaration, déclarant vouloir encore négocier avec le gouvernement les conditions de la sécession.
Cette déclaration symbolique n'est suivie d'aucune publication officielle. Le 21 octobre, le Président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy annonce le recours à l'article 155 de la Constitution espagnole de 1978 et suspend de l'autonomie de la Catalogne.
Le 27 octobre, le Parlement catalan vote en faveur de l'indépendance. Les partis d'opposition sont sortis au moment du vote. Comme prévu, en réaction à cette déclaration, le gouvernement central destitue le président de la Catalogne et appelé à des élections régionales.
Le 30 octobre, le Procureur général de l’État espagnol a requis l'Audience nationale de Madrid contre le Gouvernement catalan pour plusieurs les délits de sédition, malversation, prévarication et « rébellion ».
Le 2 novembre, les membres de l'ancien exécutif catalan comme Oriol Junqueras, Raül Romeva ou encore Joaquim Forn sont emprisonnés au centre pénitentiaire Madrid. Le président Carles Puigdemont a pris la fuite, embarquant à Marseille dans un avion pour Bruxelles.
Puigdemont cherche auprès de Bruxelle et de l’UE une condamnation de l’Espagne et du soutient pour l’indépendance de la Catalogne. Il cherchera à ce qu’une entité supranationale viole la souveraineté de l’Espagne pour l’a condamner et pour l’a forcée à accepter le réferendum.
Il faut savoir que les indépendantistes catalans ont travaillée leur stratégie minutieusement en utilisant les méthodes propres des révolutions de couleurs, utilisant depuis le départ des messages en anglais pour réclamer du soutient de la communauté internationale.
En détournant des millions que le gouvernement central espagnol donne chaque année à la région pour financer les budgets de l’éducation, la santé etc.. pour financer les campagnes pro-indépendance.
Les indépendantistes ont également reçu des financement du milliardaire spéculateur et financier international George Soros via sa fondation Open Society.
La tactique des indépendantistes sera également de se mettre la gauche catalane dans la poche en utilisant une rhétorique démagogique visant à qualifier l’état espagnol d’état franquiste et d’associer l’Espagne au franquisme.
C’est ainsi que les milieux universitaires étudiants et une partie de la gauche du reste de l’Espagne soutiendront l’indépendantisme au nom de l’antifascisme (coup de maître de la droite conservatrice et libérale indépendantiste).
Et c’est comme ça qu’on a des anarchistes et des communistes qui défendront la création d’un nouvel état-nation capitaliste, libéral intégré dans l’UE et l’OTAN et son président de droite conservateur et ultra-libéral au nom de l’antifascisme.
A l’étranger Puigdemont cherchera du soutient international, ses principaux soutient viendront de mouvements d’extrême droite comme les indépendantistes flamands, les régionalistes italiens de Salvini, l'AFD allemande et Aube Dorée en Grèce (révelateur).
Un député d’Aube Dorée réclamera même que le parlement européen intervienne pour libérer les prisonniers indépendantistes catalans suite au referendum.
Ceci n’est pas un hasard, en effet, la mentalité est proche de l’extrême droite. On peut régulièrement voir sur les réseaux sociaux comme les indépendantistes catalans insultent les espagnols “d’africains” de “sous développés”.
L’espagnol est comparé à un animal, un être inférieur en opposition au catalan qui serait plus intelligent, plus européen. Les catalans d’origines andalouses sont insultés de “charnegos” insulte raciste pour mépriser les catalans aux origines andalouses.
Mais est ce que une majorité de catalans sont indépendantistes ? La réponse est non.
Suite à la tenue du referendum et son échec, des grèves seront convoquées par le gouvernement catalan et le patronat catalan lui même pour soutenir l’indépendance.
Les grèves seront un énorme bide, la participation sera ultra faible, 2% dans le secteur aéronautique, 1% dans le secteur ferroviaire, 0,5% dans l’industrie. Les seuls à participer en masse sont les professeurs, les étudiants, la petite-bourgeoisie, les employés de mairie etc..
Ces grèves seront même critiquées par la CNT et la CGT espagnole qui diront qu’une grève convoquée par le patronat et le gouvernement n’est pas une grève.
On constatera également que le ceinturon industriel de Catalogne ou se concentre la classe ouvrière barcelonaise, est majoritairement contre l’indépendance et vote désormais pour le parti de centre droit “Ciudadanos” qui est le principal parti anti-indépendentiste de Catalogne.
Cette majorité anti-indépendentiste est appellée la “majorité silencieuse” mais elle commencera à sortir dans la rue pour manifester son rejet du séparatisme catalan.
Dans ces manifestations on retrouve des abstentionnistes, des socialistes, des gens de droite, du centre, des monarchistes, des républicains, des franquistes, des anti-franquistes, tous les catalans qui ne veulent pas du séparatisme.
Coté indépendantistes on a la même chose, des gens de gauche, droite, centre, extrême droite, républicains, fascistes catalanistes, anarchistes, communistes qui marchent en défense de l’indépendance. Un sacré bordel.
Bref, Puigedemont est éxilé à Bruxelle, Oriol Junqueras en prison, l’autonomie de la Catalogne est rétablie et un nouveau président de la catalogne est élu. Quim Torra, indépendentiste catalan de la droite dure et raciste anti-espagnol.
En 2019, alors que la droite a été éjectée du pouvoir et que les socialistes gouvernent en Espagne, des violents affrontements éclatent pendant une semaine consécutive chaque soirs à Barcelone.
Des groupes d'indépendantistes s'affrontent avec des groupes d'unionistes.
Sur cette vidéo, un indépendantiste est tabassé par un groupe de jeunes d'extrême droite unionistes espagnols.
Bref, le nouveau gouvernement de Catalogne tente de faire pression auprès du gouvernement central socialiste.
Les conséquences de cette crise de l'indépendantisme c'est une société catalane fracturée et divisée comme jamais, une haine de l'Espagne ressentie par une partie des catalans et une haine des catalans ressentie par une bonne partie d'espagnols.
La forte montée de l'extrême droite en Espagne est également une conséquence directe de cette crise de l'indépendantisme catalan.
La crise de l'indépendantisme a également servi à la droite catalane indépendantiste comme à la droite espagnole unioniste de monopoliser le débat et les infos TV sur cette question et d'occulter les politiques d'austérité et la misère crée par les deux.
Ce qu'on peut noter de l'indépendantisme catalan c'est que derrière une image travaillée de démocrates, progressistes et victimes de " l'oppression espagnole " on a une bourgeoisie et une classe politique régionale trempée dans des affaires de corruption..
qui veut crée une nouvel état membre de l'UE car ne veut plus payer d'impôts pour les régions pauvres de l'Espagne. Tout ça avec une rhétorique raciste anti-espagnole et un nationalisme fanatique.
Ce mouvement est financé par des détournements de fond et des bourgeois et n'est pas soutenu par la classe ouvrière catalane, il est excluant et considère 60% des catalans (ceux qui ne veulent pas de l'indépendance et qui parlent espagnol) comme des "traîtres" et "collabos".
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