[Thread] :

Paris-Descartes, un scandale morbide sur fond sanitaire.

Tout d'abord, une mise au point rapide et explicative : ce thread n'a pas pour but de cracher sur la profession médicale. L'immense majorité des médecins et étudiants de médecine n'était ni responsable ni au
courant de ce qui se tramait. L'important est d'en parler sans stigmatiser car l'affaire reste une honte nationale.

Ensuite, j'ai reçu de nombreux messages des uns et des autres concernant les odeurs qui se dégageaient de l'établissement, certains plussoient là où d'autres
nient le fait. Je ne fait que redire ce qui a été dit au travers des articles et des commissions, l'ensemble se basant nécessairement sur des témoignages. Il est cependant important de souligner le fait que les odeurs n'ont probablement été senties que durant une période donnée !
Je finirais par dire que les images (et témoignages) qui vont suivre sont assez choquantes, de fait, j'invite tous ceux ayant une âme un peu trop sensible à se préparer mentalement à ce qu'ils vont lire ou voir. Nous voilà partis pour un thread des plus spéciaux : bonne lecture.
Nous parlons ici du plus grand centre anatomique de France. Ce dernier se trouve non pas au sous-sol (j'ai mal lu) mais au cinquième étage de l'établissement. Un centre anatomique est un lieu dans lequel les étudiants en médecine commencent à passer à la pratique en simulant
notamment diverses interventions sur les systèmes digestifs des patients qui sont, bien évidemment, des cadavres. Bien plus réalistes que n'importe quelle maquette, ils permettent à nos futurs médecins de développer leurs compétences et leurs connaissances de l'anatomie humaine
à la manière d'un garagiste avec la mécanique. C'est un exercice incontournable car il s'agit là de l'une des premières confrontations réelles avec le métier de médecin et avec notamment, la mort. Donner son corps à la science est une démarche autorisée en France depuis 1887
mais elle s'avère coûteuse, il faut en effet débourser 980 euros pour payer les frais de transport du cadavre. Travailler sur des cadavres nécessite une grande introspection, il faut faire abstraction, exercer sans regarder le visage qui peut rappeler la personne, la vie.
Le centre anatomique de Paris Descartes est le plus grand centre français, tous les ans ce dernier reçoit près de 600 corps. C'est en 2012 que tout commence lorsque le docteur Isabelle Roque et les ingénieurs en prévention des risques et sécurité Marion Clopez-Lelong et
Yann Coutard interviennent au cours d'une visite purement "sécuritaire" à la suite de nombreux signalements rapportés au directeur général des services de l'université concernant l'état d'ébriété de l'un des agents (d'entretien) connu pour son tabagisme récurrent (qui sera
confirmé par la découverte de mégots de cigarettes dans les viscères d'un des nombreux cadavres) mais aussi concernant l'arrivée d'un sujet reconnu comme étant infecté par le VIH et ayant été confié à un chercheur. Mais nous n'en sommes qu'aux balbutiements de l'affaire.
Effectivement car le compte rendu des inspecteurs ne s'arrête pas là, il nous dit que plusieurs cadavres sont identifiés avec le même numéro ou que les numéros ne sont pas correspondants, il nous dit que plusieurs pièces anatomiques congelées ne sont même pas identifiées.
Il liste un total de quatre problèmes, parmi eux, le fait que les agents chargés du transport et de la préparation des cadavres entre autres ont avoué avoir mis à disposition des médecins et des étudiants plusieurs cadavres positifs au VIH et aux hépatites B et C. Problème ?
Personne n'a été prévenu. De fait, certains étudiants et/ou médecins ont disséqué des corps infectés sans le savoir. Il y est aussi mentionné le fait que certains déchets à risque (d'infections notamment) ont été jetés dans des sacs poubelles de déchets ménagers basiques car les
cartons spécifiques n'arrivaient pas (problème de livraison) ou encore qu'un des 600 corps avait été livré via le coffre d'un véhicule de particulier (là où la procédure demande de passer par des transporteurs habilités, et c'est normal !). Il s'agit là d'une liste non exhaustive
des divers problèmes étant survenus au cours de ces dernières années il est impossible en réalité de savoir précisément le nombre de dysfonctionnement mais c'est ici que notre histoire commence. Tout d'abord un point renseignement : il est normalement interdit de déplacer un
corps dans un véhicule non spécialisé (et donc non équipé d'un caisson réfrigérant) et sans l'autorisation du maire de la commune. Le transport avant la mise en bière est donc normalement exclusivement réservée aux entreprises de transports mortuaires habilitées par la préfecture
et certainement pas dans le coffre d'un particulier. Ce rapport sera remis à tous les hauts responsables de l'université. Le président de l'université demandera alors à un de ses compères, le doyen de l'université de Nantes, de mener un audit complet du centre de don de corps.
Cet audit révélera d'autres dysfonctionnements en nombre à commencer par un manque plus que certains de personnels mais aussi par l'insalubrité des installations de Descartes. Lui même interloqué, Jean-Michel Rogez demandera dans son rapport : "mais qui fait le ménage ???"
Accompagné d'autres professeurs, ces derniers concluront tous avec les différents faits suivants :

I/ Le matériel des agents (vêtements, gants de protection etc) n'est pas suffisant pour les protéger des risques biologiques.

II/ Il est tout bonnement impossible d'accueillir
l'école de chirurgie avec un centre anatomique dans un tel état.

III/ Les laboratoires ont la même odeur que celle des laboratoires de l'ancien temps, odeur qui a aujourd'hui disparu de tous les laboratoires modernes.

IV/ TOUTES les installations sont à revoir au niveau
des réfrigérateurs mais aussi des chambres froides qui ne ferment pas et permettent d'entrevoir des corps mal rangés et entassés rendant la situation tout sauf éthique.

V/ Il sera impossible de parler d'éthique tout pendant que ces points ne sont pas corrigés.
Et à partir de là, tout s'emballe. En 2014, ce sont des rongeurs vivants qui sont retrouvés dans les chambres froides. Dans les frigos, les cadavres et parties anatomiques sont entassés sans plus de prise en compte alors que le personnel est laissé à la fois sans consigne et sans
contrôle, prenant des initiatives jugées comme "malheureuses" (qui sait ce que ce terme signifie ?). Et plus les enquêtes défilent plus on en apprend. C'est là qu'intervient le récit de Dominique Hordé, ancienne secrétaire générale de l'établissement et directrice des
préparateurs en anatomie qui va nous apprendre que 80% des corps finissent démembrés et qu'après la dissection de ces derniers, ils finissent au Père-Lachaise sans que les ayants-droits (la famille généralement) ne le sachent ! Certains finissent par l'apprendre et d'autres
non, en sachant qu'ils sont brûlés au Père-Lachaise et que les cendres sont ensuite dispersées dans un jardin, sans, donc, la présence de la famille ! Elle nous raconte également qu'en 2016, date de son arrivée, les réfrigérateurs ont connu à plusieurs reprises des pannes
faisant monter la température de 10° au delà des 4° maximum requis ! Au sein des chambres froides, des mouches par centaines allaient et venaient puis prenaient du temps pour pondre leurs œufs sur ou dans les cadavres provoquant une prolifération de vers ! Aucun des espaces de
dissection n'étaient alors ventilé ni même climatisé, le tout était une véritable catastrophe et pour cause, beaucoup des principaux équipements dataient de l'ouverte du CDC ... en 1953 ! Abasourdie par les découvertes répétées, elle envoie un rapport détaillé au directeur du CDC
qui, en prenant compte et saisissant l'importance de la chose, lui demande de prendre des photos. Il les reçoit le 17 novembre 2016, moins d'un an plus tard, il démissionne du CDC. Malgré 8 millions d'euros de budget voté pour la réparation des installations, les travaux n'ont,
selon cette source, toujours pas commencé. Entre l'odeur et les images, les préparateurs ont très vite sombré dans l'alcoolisme. Une journée à Descartes suffisait à vous forcer à prendre un long bain car l'odeur de la mort s'accroche à vous même au travers des vêtements.
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