Cette semaine, en accueil, on a reçu une vieille dame désespérée qui avait perdu son mari en situation de handicap, et qui était venue nous demander comment clore son aide. On était démunies, alors on a désinfecté nos mains en vitesse et on lui a tendu sous la vitre de sécurité.

On a du rester comme ça 5min, à se tenir la main, à trois. Elle nous a dit que ça faisait depuis la mort de son mari qu'on ne l'avait pas touchée, parce que les gens avaient peur. Et nous, on avait le cœur en miettes d'entendre ça. Elle nous a remercié de lui avoir tenu la main.

On en arrive à un stade où les gens nous remercient de leur prêter un peu d'attention. De prendre le temps de leur parler au téléphone parce que le Covid les a encore plus isolé qu'avant, de les écouter, de les rassurer, juste d'être là. Cette période est folle.

Les travailleurs sociaux, on a quand même pris cher niveau moral, depuis le début du COVID. À regarder impuissants des dossiers s'accumuler, à travailler jour et nuit pour essayer de rattraper le retard accumulé, à subir la pression quotidienne des gens exaspérés et malheureux.

On a ramené nos problèmes du travail chez nous, avec le télétravail. Et quand on vit seul, c'est parfois vite envahissant d'avoir ses dossiers à portée de main. J'ai déjà caché mon ordi de travail sous mon lit pendant le week-end, parce que je ne voyais que lui dans la pièce

Mais ça vaut le coup d'essayer d'apporter un peu plus d'humanité dans une période où les gens ont peur, et où on devrait se soutenir, au lieu de faire des courses aux RT sur les gens qui comportent pas comme il faut face au COVID, apaisez-vous, et prenez soin de vous.

Bon, vous allez me faire pleurer, avec votre bienveillance, là. (c'est déjà fait, mais je fais genre je gère mes yeux). J'ai de la chance de vous avoir