Le débat de ce soir entre Kamala Harris et Mike Pence était l’inverse du clash Trump/Biden: respectueux, du fond, pas d’insulte, un rythme lent. Cette fois, les Américains ont pu entendre les positions des deux camps. Rafraîchissant 1/

L’intérêt était maximal pour ce débat de VP (qui habituellement ne remue pas les foules): Trump et Biden sont âgés, Trump est toujours malade du Covid, et leur débat de la semaine dernière était inaudible. Pence vs Harris a offert un vrai contraste. 2/

Harris avait d’avantage à prouver et à perdre ce soir: les Américains ne la connaissent pas, elle aurait pu apparaître agressive, instable, dangereuse, fausse. 3/

Dans l’ensemble c’est réussi: Harris s’est présenté au public (elle a placé son CV et son parcours), elle est resté sur son message, a défendu Biden. Mais elle était parfois fébrile, imprécise souvent, a manqué des occasions. J’y vois un peu de trac du big stage. 4/

Harris a délaissé son talent de procureure, laissant Pence ne pas répondre sur l’avortement ou la santé, se laissant piéger sur la Cour Suprême. J’imagine qu’elle a préféré ça d’apparaître radicale, énervée. Choix cruel, mais attendu pour une femme noire, facilement cataloguée 5/

Comme Biden, Harris a préféré projeter un message d’espoir, une image positive, responsable mais solide, confiante derrière un grand sourire. 6/

Mike Pence a été bon ce soir. Il est solide, reste sur son message, efficace dans ses réponses, ne répondant à aucune questions difficile. Mais toute la soirée il n’a parlé qu’à un seul type d’Américains : la base électorale de Trump/Pence. 7/

Pence est la personnification même du conservatisme américain. Sur tous les sujets: liberté et dérégulation économique, sens du sacrifice sur le coronavirus, pro-pétrole, pro-life, pro-police. Son message était parfait de cohérence, mais uniquement adressé aux conservateurs. 8/

Pence s’est rendu service ce soir: il a crédibilisé son accès au pouvoir, si qlq chose devait arriver à Trump. Mais il accroît de ce fait le contraste. On peut aimer Pence mais il vend une administration qui n’existe pas. Celle de Trump est violente, clivante, anti-démocratiq 9/

A la fin les électeurs jugeront sur LE bilan désastreux de cette administration sur la pandémie, et ils décideront si leur attachement à Trump en vaut la peine. Le duel Pence/Harris ne jouera pas dans leur choix. Il comptera seulement pour l’avenir politique de ces deux-là. END